Au Mali, le thermomètre affiche des températures jusque-là jamais vues dans le pays. Conséquence de cette vague de chaleur : une surmortalité qui sature les services des urgences des hôpitaux, les morgues et les cimetières de la capitale malienne. Une période de chaleur qui coïncide aussi avec le mois de ramadan qui se termine.
La région de Kayes, à l’ouest du pays, a enregistré la semaine dernière 48,5 degrés, la température la plus élevée sur le continent. Les explications de Mahamadou Kane, notre correspondant à Bamako.
Des personnes vulnérables
A l’hôpital du Mali, il y foule au niveau du service des urgences. Ici, la plupart des patients admis sont des personnes âgées qui souffrent de la chaleur. Lamine raconte qu’il accompagne sa grand-mère, malade depuis trois jours : “Son corps devenait très chaud et directement, le médecin traitant nous a indiqué qu’elle ne supportait plus la chaleur. Il nous a demandé d’aller chercher de la glace, mais avec les coupures d’électricité, cela n’est presque pas possible. Elle a près de 85 ans, ma grand-mère. C’est à cause de la complication de sa maladie qu’elle a arrêté d’observer le jeûne.”
Mawlim est au chevet de son frère pour les mêmes raisons. Celui-ci a été pris d’un malaise : “Nous sommes là parce qu’avant-hier, lorsqu’il a rompu son jeûne, il a perdu connaissance. Nous l’avons amené dans une clinique. Après deux jours d’admission, nous avons été obligés de venir ici à l’hôpital du Mali. Je crois que c’est à cause e la chaleur parce qu’il se plaignait de maux de tête. Il est âgé de 60 ans.”
Hôpital bondé, patients déshydratés
Selon le docteur Yaya Diakité, responsable urgentiste à l’hôpital du Mali, la fréquentation a atteint un niveau record en cette période de forte chaleur.
Les patients accèdent à l’établissement hospitalier dans un état critique, à cause de la chaleur, dit-il :
“On trouve des patients, des personnes âgées de plus de 70 ans qui arrivent avec des températures élevées, au-delà de 40 degrés. Ils ont 40 degrés de fièvre. A cet âge-là, vous imaginez que c’est pénible, c’est difficile pour ces gens-là. Nous les trouvons donc dans des situations extrêmement difficiles, altération de la conscience avec toutes les conséquences de la fièvre et de la déshydratation.”
A l’hôpital du Mali, des dizaines de décès ont été constatés en l’espace de quelques jours. Du jamais vu, selon les responsables de l’établissement hospitalier. A l’hôpital Gabriel Touré, il a été recensé 102 décès en quatre jours, contre 130 pour toute l’année 2023.
Par ailleurs, le cimetière de Sotuba, en commune I de Bamako, a dénombré 44 corps la semaine dernière, après la prière du vendredi.
Source: DW