En demandant le 26 juin pardon à la communauté malienne, l’auteur du coup d’Etat contre le régime d’Amadou Toumani Touré, le capitaine Amadou Haya Sanogo, s’est signalé l’attention de l’opinion nationale et internationale sans pourtant mettre fin aux multiples interrogations.
Au cours de la cérémonie de réconciliation entre différents corps des Forces armées et de sécurité organisée mercredi dernier au palais de Koulouba (à l’initiative du chef de l’Etat par intérim, Dioncounda Traoré), le capitaine Amadou Sanogo a demandé pardon au peuple malien.
Une première pour cet homme qui a toujours refusé son péché originel : celui d’avoir commis un coup d’Etat qui a précipité la chute et l’occupation pendant plusieurs mois de toutes les régions du Nord du Mali par des hordes d’islamistes et de terroristes.
La petite phrase n’est pas passée inaperçue pour avoir été prononcée par celui qui, jusque dans un passé, comparait son coup d’Etat à une opération médicale au chevet d’un pays qu’il comparait à un patient. Il avait poussé la comparaison en faisant d’ATT ce que le maréchal Pétain fut pour la France et lui l’ersatz malien du général Charles de Gaulle.
Aussi anachronique que cela puisque paraître, la demande de pardon a commencé déjà à susciter des interrogations. Certains le émettent en doute sur la sincérité eu égard à la réponse militaire à la contre-offensive militaire perpétrée les 30 avril et 1er mai 2012 par des bérets rouges restés fidèles au président Amadou Toumani Touré, renversé en mars 2012.
D’autres s’interrogent sur le vrai motif de ce pardon. En effet, lors d’une de ses sorties médiatiques, le capitaine Amadou Haya Sanogo martelait : « Je referai le coup d’Etat si c’était à reprendre ». Qu’est-ce qui a pu donc changer pour que le capitaine putschiste change de langage en si peu de temps ?
Pour beaucoup de gens la demande de pardon du capitaine Sanogo lui serait suggéré au plus haut niveau de l’Etat pour éteindre le feu qui couvait sous la cendre au sein de l’armée.
D’autres se demandent si cet acte a quelque chose à voir avec les intentions politiques qu’on prête l’ex-homme fort de Kati. Soupçonné d’avoir des intentions présidentielles, Sanogo ne pose pas d’acte dans le sens d’une possible candidature à la présidentielle de juillet 2013, mais il reste possible qu’il donne des consignes de vote dans les casernes.
La question se pose est de savoir comment l’Occident analyse ce « pardon » du capitaine Sanogo qui visiblement commence à se rendre compte des conséquences de son coup d’Etat qui a précipité le Mali dans un gouffre multidimensionnel.
Que vaut ce pardon au moment où des voix s’élèvent pour demander le nombre de personnes arrêtées et, surtout, le sort des militaires disparus et dont les proches sont sans nouvelles depuis plusieurs mois ?
Initiateur de cette cérémonie de réconciliation des principales tendances dans l’armée, Dioncounda Traoré a déclaré qu’il n’y aura « plus jamais deux armées, plus jamais deux polices au Mali », avant d’annoncer que toutes les personnes détenues dans le cadre de ces contentieux seraient libérées.
Drissa Tiéné