La coalition de la contestation réclamant » la démission d’IBK et de son régime » a, à l’issue d’une réunion d’urgence, pris la décision de rejeter la proposition du médiateur de la CEDEAO, dans la crise socio-politique malienne, de rencontrer, hier, le président IBK. Posant des conditions à une éventuelle rencontre, elle estime que » la seule chose à négocier c’est les modalités du départ du régime « .
L’ex-président nigérian et médiateur de la CEDEAO, Goodluck Jonathan, a multiplié, depuis son arrivée à Bamako, le 10 août, les initiatives pour une rencontre entre IBK et le M5-RFP, dès hier jeudi. En plus du président luimême, il a rencontré, à cet effet, des diplomates, les Représentants des Organisations internationales au Mali, l’imam Mahmoud Dicko, le Chérif de Nioro et le Comité stratégique du M5.
Ces initiatives n’ont, pour l’instant, pas produit les résultats escomptés, puisque la coalition de contestation n’a pas donné de suite favorable à la sollicitation de Goodluck Jonathan de rencontrer, hier, le président de la République. Le Comité stratégique du M5-RFP a, en effet, réservé, à l’issue d’une réunion d’urgence, » une fin de non-recevoir à la proposition » de l’ex-président de la République Fédérale du Nigéria, dont le séjour devrait prendre fin, hier jeudi.
Il a expliqué, dans un communiqué daté d’hier et parvenu à notre rédaction, les raisons de ce énième rejet. Il se dit, en premier lieu, étonné et indigné par le silence de la CEDEAO suite aux » propos graves et inacceptables » tenus par IBK lors du dernier Sommet de la CEDEAO [ le 27 juillet dernier par visioconférence] à l’encontre du mouvement et de son autorité morale.
Le M5-RFP, qui juge ces propos » diffamatoires « , demande au président IBK de présenter des » excuses « .
Pour rappel, le correspondant de RFI à Niamey avait, dans sa synthèse des interventions des Chefs d’Etat, attribué à IBK des propos prêtant au M5 et à son autorité morale la volonté d’ » installer un Etat islamique au Mali » et qualifiant Mahmoud Dicko d’imam « arrogant ». La présidence de la République avait démenti ses propos, qualifiant le reportage de » fantaisiste « , alors que, dans le même temps, d’autres média internationaux confirmaient ces propos.
» Libérer les prisonniers et juger les auteurs des tueries »
Secundo, le M5-RFP affirme qu’il ne » saurait rentrer dans aucune logique de discussion avec M. Ibrahim Boubacar Keita aussi longtemps que ses militants feront l’objet de chasse à l’homme par les forces de répression du régime et de condamnations expéditives à de lourdes peines de prison, faisant ainsi d’eux de véritables prisonniers politiques « . Il exige, à cet égard, la libération pure, simple et définitive de ses jeunes emprisonnés.
Le M5-RFP, qui a encore rencontré hier Goodluck Jonathan, pose aussi comme préalable à toute discussion » la mise à la disposition de la justice des commanditaires, des auteurs et complices des tueries des 10,11 et 12 juillet 2020″. Lesquels devraient répondre devant les juridictions nationales et internationales de leurs actes criminels. A ce sujet, la Commission juridique du mouvement a déjà déposé une plainte auprès des tribunaux nationaux et s’apprête à introduire une autre auprès de la Cour Pénale Internationale (CPI).
De plus, déplorant le fait qu’IBK n’a jamais répondu à la demande de sa démission, le mouvement rappelle que » toute éventuelle rencontre devrait juste servir de cadre pour définir les modalités de son départ, avec celui de son régime « . Me Mountaga Tall a confirmé cela hier à la médiation ouest-africaine après une autre entrevue.
Le M5/RFP remercie la CEDEAO pour sa médiation mais se dit convaincu que le » peuple malien saura trouver, à travers des concertations nationales, des solutions endogènes à la crise créée et entretenue par IBK « . Il réitère son appel au peuple à demeurer mobilisé et déterminé jusqu’à l’aboutissement du combat patriotique pour la survie du Mali et le bonheur des Maliens.
Moussa S. CAMARA
Source : L’indépendant