Le procureur a donc renoncé à son appel, visant notamment l’acquittement pour des crimes sexuels et de genre. Quant à Al Hassan, il a lui aussi renoncé à faire appel et a demandé pardon à, je cite, “tous ceux qu’il a blessés et à toutes les victimes de Tombouctou” durant la période de l’occupation de la ville, allant de mai 2012 à janvier 2013.
Victimes déçues
Les représentants légaux des 2.196 victimes, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, ne cachent pas de leur côté leur déception face à la décision du procureur. D’après eux, les crimes sexuels et de genre n’auraient pas dû être oubliés. Ils se sont donc, pour la plupart, opposés au retour d’Al Hassan à Tombouctou, lorsque ce dernier aura purgé sa peine.
Ahmed Baba, un habitant de la ville des 333 saints, estime aussi que la décision des deux parties divise. Pour lui, c’est surtout le processus de réparation et d’indemnisation des victimes qui a occasionné des frustrations parmi la population :
“Il y a des échos dans la ville qui sont en train de courir partout et qui font croire que les familles des victimes n’ont pas été bien ciblées et que certaines victimes n’ont jamais reçu d’indemnisation et de réparation des mausolées détruits de leurs familles. Pendant ce temps, certains ont été ciblés, mais qui n’ont aucun lien de famille avec les saints dont les mausolées ont été détruits.”
Demandes de réparation
Toutes les victimes des crimes commis par Al Hassan peuvent demander réparation devant la cour. Autrement dit, les procédures de réparation de ces délits peuvent à présent s’accélérer.
Sandina El Hadj Mahamane, de l’association des blogueurs de Tombouctou, estime de son côté que l’heure est au pardon et à la réconciliation nationale :
“Nous pardonnons à Al Hassan et nous espérons que cela ne se reproduira plus jamais. A ma connaissance, je ne crois pas que la population de Tombouctou va elle-même demander réparation à travers les crimes commis par ce dernier dans la région de Tombouctou.”
Les juges de la Cour pénale internationale avaient reconnu la responsabilité d’Al Hassan, soit, en commettant directement les crimes, soit en y contribuant, soit en aidant ou en encourageant d’autres personnes à les commettre pour des crimes de torture, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Source : DW
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