La récente sortie des barons du parti RPM en soutien au président suite à l’attaque du Biprem cache mal un malaise très profond dans la perspective du prochain congrès. L’évènement tant attendu, pour sa part, annonce un véritable combat des chefs dont l’issue peut être fatale au parti. Annoncé pour le mois de Mars puis pour Mai, le fameux congrès est finalement prévu pour le mois de Juin. Et même là !
C’est certainement en vue d’apaiser les ardeurs et ramener un semblant de paix des braves que l’échéance est régulièrement et délibérément repoussée. De l’avis d’observateurs très avisés, c’est surtout en vue d’affaiblir le très puissant secrétaire général du Parti, Bocari Tréta, lequel bénéficie, force est de l’admettre, du soutien de la base. Sa récente éviction du gouvernement n’a fait que renforcer cette sympathie au niveau des militants et même des instances supérieures. En clair, il serait périlleux à l’état actuel de l’évincer encore de la Direction du parti sans prendre le risque d’ébranler celui-ci.
Ce sont les événements survenus dans la section de la commune II qui donnent un net aperçu de la haute estime que le parti voue au secrétaire général. Ici s’affrontent deux tendances du Rassemblement pour le Mali (RPM). Quand bien même la tendance Yakaré proche du secrétaire général ait été déboutée dans des conditions troubles, les militants à la base tiennent bon face à l’autre camp (Madou Diallo) très proche de la Famille.
Ils sont de plus en plus nombreux au niveau de cette section désormais devenue une référence, à faire des récriminations, à propos de la trop grande présence du cercle familial aussi bien dans l’appareil d’Etat que sur l’échiquier politique ce, au détriment du parti censé détenir le pouvoir. Et le phénomène est, du point de vue des frondeurs, vivement encouragé par le Président IBK en personne. Et Tréta de leur point de vue a été chassé comme un malpropre pour avoir défendu la formation commune au détriment de la Famille. Ce qui lui vaut la grande sympathie. L’on caresse justement l’idée de le faire élire président du parti. Toute chose qui constituera un risque pour les autres prétendants, en l’occurrence, l’actuel ministre de l’intérieur ainsi que d’autres favoris cachés à l’image de Karim Keïta.
En définitive, le dilemme est tel qu’aujourd’hui, évincer Tréta des instances du parti, c’est prendre le risque de l’effondrement. Le laisser prendre les rênes, c’est aussi prendre le risque de le laisser contrôler la chose et faire le ménage. Alors que faire ? Telle est la question qui taraude les esprits au niveau de la crème du RPM restée proche du président de la République.
De deux prétendants l’année dernière, on en compte au moins cinq actuellement
Aux deux noms qui revenaient très souvent, c’est-à-dire Tréta et le ministre de l’Administration territoriale Abdoulaye Idrissa Maïga, il convient d’ajouter désormais le ministre des Maliens de l’Extérieur, Abdramane Sylla. Nul n’est plus proche du Président IBK que lui et il faut se rappeler que les deux ont été colistiers en commune IV lors des élections législatives de 2007 où ils ont eu à battre campagne ensemble et au coude-à-coude pour pouvoir surclasser Moussa Mara qui avait fini de faire de cette commune sa base politique.
C’est dire que le parti est vraiment à la quête d’un proche d’IBK doté de la carrure nécessaire pour espérer pouvoir battre Dr Bocari Tréta qui continue ses tournées et rencontres à la base pour y conforter sa position.
Pourtant, en un moment donné, on a parlé de la mise en scelle de Mahamane Baby, actuel ministre de l’Emploi, de la formation professionnelle, de la jeunesse et de la construction citoyenne. Un super ministère qui lui permet d’être en contact avec la jeunesse et de gérer en même temps ce qui constitue une des plus grandes préoccupations essentielles de celle-ci : l’Emploi. Est-ce un choix innocent lors de la formation du gouvernement ? Mais le ministre Mahamane Baby, malgré ce strapontin, est perçu comme en manque de popularité au niveau de la base du RPM pour pouvoir prétendre, dans la situation actuelle, prendre les rênes du Parti.
Mais pourquoi alors ne pas promouvoir celui qui vient tout juste après IBK dans l’actuel Bureau politique national du RPM. Un argument qui pouvait être mis en avant pour projeter l’actuel président du Conseil
économique social et culturel, Boulkassoum Haidara, à la tête du RPM. Mais il semble bien, selon les informations que diffusent les soutiens de ses adversaires, que ses ardeurs se seraient bien émoussées sous le poids de l’âge. En plus, son élection à contribuer à l’éloigner davantage de la base du RPM que des caciques comme Bocari Tréta et Abdoulaye Idrissa Maïga convoitent ardemment depuis près de deux ans.
Batomah Sissoko
Source: sphynx