A l’occasion de la Journée internationale des Droits de l’Homme du 10 décembre prochain, le Collectif pour la Défense de la République (CDR), en collaboration avec plusieurs autres organisations syndicales de la société civile, programme une grande manifestation au terme de laquelle un état des lieux se fera à travers des interventions sur l’état des Droits de l’Homme au Mali.
Comment vont les Droits de l’Homme au Mali ? La réponse de cette question, sauf par amnésie collective, ne pourrait être reluisante. De l’intégrité physique et fondamentale du citoyen malien à ses possessions matérielles. Bref, dans tous les domaines, il y a des problèmes. Et cela continue de faire l’objet de toutes sortes d’actes de violation des Droits fondamentaux des citoyens. Que ce soit au plan sécuritaire, politique, humanitaire, social, scolaire et sanitaire. Depuis la crise multidimensionnelle de 2012, presque aucun jour ne se passe sans qu’une forme de violation de Droit de l’Homme ne soit recensée à Bamako ou à l’intérieur du pays. Le dernier Rapport conjoint FIDH-AMDH et la triste réalité même du terrain prouvent à suffisance que les Droits de l’Homme sont foulés au pied.
En effet, depuis le début de l’année 2018, les zones d’insécurité comme les Régions de Mopti et Ségou sont en proie à des violences d’une extrême gravité. Environ 40 % de toutes les attaques et violations des Droits humains y sont enregistrés (500 victimes civiles entre janvier et août 2018, dont 287 morts et plus de 15 000 déplacés par peur de représailles) avec des cas d’assassinats, exécutions sommaires, tortures, disparitions forcées, etc. Des villages entiers ont été brûlés, d’autres sont assiégés par des blocus, leurs Habitants pourchassés. Dans le secteur mixte judiciaire et pénitentiaire, il faut y être pour le croire.
Quant au droit à l’éducation, l’on déplore la fermeture de plus de 750 écoles mettant ainsi environ 2 millions d’enfants dans les rues des Régions de Mopti, Ségou et Kidal. À Bamako, la vie devient de plus en plus chère avec les hausses spectaculaires des prix sur le marché des condiments et du carburant. En somme, les preuves ne manquent pas, partout c’est la crise (au plan sécuritaire, politique, scolaire, sanitaire, judiciaire et socio-économique).
Au niveau des Institutions de la République aussi, la réalité est toute autre chose .Depuis la veille de la nomination présidentielle ; pardon de l’élection présidentielle, ce sont de graves actes de violation de la Constitution, la garante de la liberté publique. L’utilisation et l’abus des biens publics au profit au profit des clans deviennent monnaie courante. Les neuf Sages de la Cour Constitutionnelle ne semblent avoir aucune sagesse requise. Les arrestations arbitraires et les exécutions extrajudiciaires pèsent sur la vie de tous les Hommes politiques et des médias de la place.
Partout, c’est la restriction et des dispositifs liberticides. C’est pour dénoncer ces fléaux antidémocratiques que le CDR et plusieurs autres associations de la société civile (les APM) et syndicales dont les tricycles prévoient une grande sortie d’envergure le 10 décembre prochain. En plan A, les marcheurs partiront de la Place de la Liberté au Boulevard de l’Indépendance pour remettre une déclaration aux autorités. En cas d’interdiction de leur manifestation pour des raisons connues de tous, les marcheurs, selon leur porte-parole du CDR, Ras Bath, sortiront leur plan B qui, selon lui, n’est soumis à aucune autorisation. « Nous savons qu’ils ne vont pas nous donner l’autorisation de manifester .On ne peut pas changer du jour au lendemain. Boubèye est tout sauf un Démocrate. IBK est tout sauf un Démocrate et le Gouverneur, n’en parlons pas ; c’est un béni-oui-oui…C’est un Gouvernement fasciste. S’ils nous donnent l’autorisation de manifester, cela veut dire qu’ils se rapprochent de la dignité. S’ils interdisent le plan A ; nous ferons notre plan B qui n’est pas soumis à une autorisation…Nous acheminerons les trottoirs à partir du Pyramide de Souvenir, au monument des martyrs, jusqu’au l’immeuble Nimagala en passant par le Grande marché de Bamako pour ensuite rejoindre la Maison de la presse pour faire notre déclaration à la presse », a-t-il déclaré avant de brandir une louche qui n’est d’ailleurs plus à expliquer aux Maliens quant à ses significations traditionnelles.
Seydou Konaté
LE COMBAT