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Rapports inter-institutionnels : Mousa Mara a-t-il démissionné ?

La collaboration entre le chef de l’Etat et son deuxième Premier Ministre subit de plein fouet les pressions de la formation majoritaire, le Rpm, qui ne semble pas très loin d’avoir gain de cause. Au regard notamment d’un mur de glace mis en évidence, comme il est de coutume au Mali, par la prépondérance des incertitudes sur les informations rassurantes

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L’épisode de Moussa Mara fera-t-il l’exception parmi tant de ruptures tragiques par le passé ?  Rien de moins sûr, à en juger tout au moins par certains signes et indices pour le moins évocateurs. Le premier, c’est que la nouvelle d’une démission de l’actuel chef du Gouvernement s’est répandue comme une trainée de poudre, en milieu de semaine dernière, avec une telle insistance telle qu’elle ne l’a jamais été par le passé.

 

Selon certaines confidences, Moussa Mara aurait lui-même cédé aux pressions du parti majoritaire auprès duquel il n’était pas en odeur de sainteté dès sa nomination, relations davantage ternies par l’épisode de Kidal ainsi que par les ardeurs politiques expansionnistes du président d’une formation minoritaire accidentellement devenu Premier ministre.

 

D’autres sources affirment, au contraire, que l’actuel locataire de la Cité Administrative été plutôt invité à rendre le tablier par qui de droit, en l’occurrence le chef de l’Etat à l’invitation duquel Moussa Mara semble avoir opposé un niet catégorique. Le Pm profiterait, selon la même source, d’une disposition équivoque de la constitution malienne qui conditionne le changement de gouvernement à la démission volontaire de son premier responsable.

 

Dans tous les cas, un malaise est tout de même visible à la froideur des courtoisies protocolaires mises en évidence par deux épisodes révélateurs, qui se sont respectivement au départ puis à l’arrivée du président du Sommet de la Cédéao. En effet, tous ceux qui connaissent le président de la République par le tempérament ont pu remarquer que la chaleur de l’accolade à l’Aéroport ne dégageait point les relents d’une parfaite entente entre le président de la République et son Premier ministre. La confusion était beaucoup plus explicite au retour du chef de l’Etat, et pour cause. Les observateurs ont été stupéfaits de constater l’absence très remarquée de Moussa Mara parmi les corps constitués à l’accueil du président de la République, alors qu’il n’était pas absent de la capitale. Il a été notamment aperçu à Badalabougou, dans la journée du vendredi, à une de ces cérémonies sociales qu’il ne rate jamais depuis qu’il est Premier ministre.

 

Approchés par nos soins, certaines sources évoquent certes un décalage de calendrier, mais l’explication ne suffit manifestement pas pour lever les équivoques sur la rupture latente entre le chef de l’Etat et le chef du Gouvernement. Car, pour certains, il pourrait tout aussi bien s’agir d’un décalage organisé pour envoyer les signaux de la fin d’une Lune de miel qui dure depuis Avril dernier.

 

La rançon du zèle et du parjure

 

Si la séparation entre IBK et Moussa était effective, elle aura consacré l’épilogue d’une union impulsive que peu d’observateurs avaient compris à l’époque. Issu d’une formation à peine représentée à l’hémicycle, l’ancien Maire de la Commune IV, à coups de zèle et même de parjure ; a réussi à se faire plus ou moins accepter par les forces majoritaires. Quoiqu’il lui ait été catégoriquement refusé la tête de la majorité présidentielle, le remplaçant de Oumar Tatam Ly aura assumé jusqu’au bout son rôle de fusible politique, passant parfois pour un véritable bouclier du diable. C’était le cas, par exemple, lors de sa réaction aux interpellations des parlementaires relativement à l’achat de l’avion présidentiel. Moussa Mara avait poussé en son temps la loyauté jusqu’à se prononcer avec trop d’assurance sur un sujet échappe visiblement à son emprise. Le Premier ministre, jurant la main sur cœur qu’il répond au besoin de vérité de ses compatriotes, affirmait à l’époque que l’acquisition d’un avion présidentiel au Mali n’a jamais été aussi régulière qu’avec le Boeing d’IBK. Car, à la différence de l’appareil d’ATT dont aucun papier n’existe et qui coure même le risque d’être saisie à l’extérieur, le nouvel avion présidentiel a le mérite d’appartenir le Mali. Ironie du sort, il est revenu au même Moussa Mara décrire successivement à la Cour suprême puis au Bureau du Vérificateur pour demander un audit du nouveau Boeing. Ce n’est pas tout. Le résultat, pour l’un comme pour l’autre des deux enquêtes, a mis en exergue tout le contraire de ce que le Premier ministre a défendu devant la représentation nationale. Conséquence : le parjure suffira difficilement pour mériter un poste de Pm et les soutiens les plus inconditionnels s’en désolidarisent à mesure que certaines lumières éclatent sur l’affaire. Lors d’un débat sur la question, avant-hier Samedi, à la Maison de la Presse, Oumar Mariko a par exemple clairement signifier que le chef du Gouvernement doit des excuses publiques aux Maliens.

 

  A.KEITA

 

 

SOURCE: Le Témoin  du   10 nov 2014.
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