Le mois de Ramadan est une période où les factures d’électricité de l’État sont en hausse. Nos services publics sont bondés. En cause : la recherche d’un lieu climatisé pour le repos des jeûneurs.
Dimanche 12 mai, huitième jour du Ramadan. Demba (le prénom a été modifié) se dirige vers son bureau, sis à la cité administrative. Les week-ends, il est rare de le voir dans les alentours de son service. Pourtant, depuis le début du Ramadan, ils les passent au bureau.
Aucun dossier à finir, aucun rendez-vous à respecter, mais un climatiseur dont il faut profiter tout au long de la journée, ou du moins avant l’heure de la rupture du jeûne.
Dortoirs
Ces dernières années, le Ramadan coïncide avec des moments de forte chaleur. Tenir devient difficilepour les moins courageux. Jeûner et travailler devient presque impossible pour certains. Leur tasse de thé : se mettre sous la climatisation du bureau toute la journée, même pendant les week-ends. On joue aux prolongations ou aux heures supplémentaires.
Dans plusieurs services étatiques, un silence religieux y règne. Pire, les occupants, assommés par la fatigue du jeûne, transforment les bureaux en dortoirs. Personne n’est patron. C’est une solidarité d’un moment qui prime entre les patrons et les autres agents du service. Tout le monde trouve sa place sous le climatiseur du service.
« Depuis le début de ce mois, mon chef et d’autres personnes viennent y passer les week-ends, du moins jusqu’à l’heure de la rupture. Les climatiseurs ne s’éteignent jamais », me confie le planton d’un service étatique.
Selon lui, tous les proches de son chef profitent presque de la climatisation pendant les week-ends. Certains ne partent qu’a quelques minutes de la rupture.
« C’est l’État qui paye »
Dans les services étatiques, les « travailleurs de week-ends » ne sont pas que des personnes travaillant pour l’État. De simples inconnus, des passants, guettent un coin où ils espèrent trouver un climatiseur. On fait semblant de donner bonjour simplement et de passer. Le bonjour se transforme en causeries jusqu’aux environs de 18 heures, à quelques minutes de la rupture.
« Il n’y a pas de meilleur endroit que les bureaux climatisés pour passer le temps pendant ce ramadan. C’est l’État qui paye, pourquoi ne pas profiter de ça », lance un jeune stagiaire en train de causer avec d’autres jeunes dans un bureau climatisé.
Pour beaucoup, ces comportements sont à bannir. Hameye Salah, jeune comptable, est catégorique contre ces attitudes : « Nous savons qu’aux mois de mai et juin, il fait très chaud. Tenir sous la chaleur toute la journée relève du parcours du combattant. Mais cela ne justifie pas le fait de transformer les services de l’État en lieu de repos les week-ends parce qu’il y a la climatisation »
Faites un tour dans ces services à la fin du ramadan, vous ne verrez certainement pas ces personnes venir les week-ends. Le Ramadan est passé, on n’a plus besoin de profiter de la climatisation. Cependant, c’est l’État qui aura consommé plus qu’il n’en faut.
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