Si l’on en croit le ministre Porte-parole du Gouvernement, Yaya Sangaré » l’élection des députés à l’Assemblée nationale se fera dans les 49 cercles et les 6 communes de Bamako qui ont servi en 2013, en application de la résolution n°1 du Dialogue National Inclusif et conformément à la loi organique n°02-010 du 5 mars 2002 modifiée et la loi électorale n°2018-014 du 23 avril 2018. » Cependant de nombreuses incertitudes planent sur la campagne et sur le vote. Qu’elle Assemblée peut-on imaginer au Mali avant le 2 mai comme recommandé par le DNI ?
Souhaité par le DNI, attendu par la classe politique à laquelle cette situation inique de l’Assemblée actuelle pesait, l’on doit cependant méditer cet objectif de l’ONG Diakonia, qui pense que tout élu, notamment au niveau de la représentativité, devrait avoir à l’esprit » l’amélioration de la gouvernance démocratique et de la redevabilité tout en favorisant une participation équitable des femmes et des hommes dans la gestion des affaires locales au sein des communautés. »
Cette ONG Suédoise Diakonia œuvre à l’atteinte de cet idéal au Mali par tous les élus, depuis quelques années sans se lasser mais sans succès apparent. S’agissant de l’Assemblée nationale, de nombreux candidats à la députation sont loin de cet idéal et aucun conseil, aucune directive d’un parti ne les en approchera. En effet, par rapport aux partis politiques, ce qui compte c’est grossir leur rang et leur assurer une prééminence à l’Assemblée, pour réaliser la majorité numérique, à défaut de la première place en tant que force de l’opposition. Auxquels cas ce ne sont pas des strapontins qui les attendent. Déjà les rémunérations des élus à l’hémicycle feront pâlir de jalousie n’importe quel cadre de l’administration. La différence va du simple au triple sans compter les avantages liés à la charge et les assurances d’une retraite dorée.
Ceci expliquant cela, on comprend dès lors la course effrénée à la députation des anciens hauts fonctionnaires, des industriels, des commerçants et même depuis peu des détenus. Tous ne sont pas motivés par le sacerdoce de servir le peuple apparemment ?
Les motivations premières étaient à rechercher de ce côté mais, depuis quelques années et paradoxalement depuis l’ouverture démocratique et l’application des nombreuses lois en faveur des édiles, la fonction est plus qu’une sinécure, c’est un vrai » refuge » pour beaucoup de prédateurs qui échappent aux affres de la loi, la levée de l’immunité parlementaire étant devenue l’exception.
Tout cela s’accompagne par une baisse généralisée du niveau et de la qualité des débats qui faisaient rougir pas mal de voisins de la sous-région, tant les joutes oratoires étaient fructueuses, instructives et logées aux coins de la décence et du respect de l’adversaire. C’est le seul endroit, nous l’avouons sans fard, où nous regrettons cette époque.
A l’heure actuelle les incertitudes pèsent encore sur la faisabilité des élections, car l’insécurité va crescendo et les esprits sont mal préparés aux opérations de vote, notamment dans de vastes zones, comme le Centre du pays pourvoyeuses de voix. Cependant, le Mali avait réussi l’organisation des élections dans des situations extrêmes en 1992 et en 2013 mais notre vécu actuel est différent, car ce ne sont plus quelques arpents de terres du pays qui échappent au contrôle de l’administration et la crise multi- dimensionnelle dont il est question n’est pas le fait d’une force organisée mais bien des hordes barbares sans foi ni loi qui frappent aveuglement forces militaires et populations civiles.
Nous avons bien peur qu’on puisse bénéficier d’une accalmie, ne serait-ce que de quelques heures pour organiser des élections.
Source : l’Indépendant