Au Mali, fait nouveau les autorités sanitaires n’ont pas attendu que Coronavirus frappe à nos portes pour réagir. Déjà des caméras thermiques ont été installées à l’aéroport international Président Modibo Keita de Bamako – Sénou dès le lundi 27 janvier dernier et les frontières mises sous surveillance. Soit moins d’un mois après l’annonce d’un premier cas de virus apparu dans la ville chinoise de Wuhan, qui a tué plus de 100 personnes en Chine. Le nombre de victimes augmentant jour après jour. Des cas sont signalés en France mais pour l’instant aucun cas avéré en Afrique. Qu’est-ce ce qui explique ce nouvel état d’esprit de nos autorités sanitaires jusqu’ici promptes à verrouiller l’information sur les maladies endémiques ?
Ce dispositif est devenu traditionnel depuis la menace de la maladie à virus Ebola ; le Mali a renforcé le contrôle au niveau des cordons sanitaires, notamment à la frontière avec la Guinée. Toutes les activités étaient coordonnées par le centre opérationnel d’urgence. Ledit centre a été une pièce maitresse pour contenir la propagation de la maladie à virus Ebola qui a touché le Mali en 2014. Mais l’alerte du lundi, s’appuyant sur l’existant, recouvre un caractère inédit avant même que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne déclare une urgence de santé publique de portée internationale. A première vue, il nous revient en mémoire un homme, Michel Hamala Sidibé, qui réunit les arguments pour faire face à ce défi mondial, si l’on se réfère à son pedigree à l’international et surtout à ses réussites à l’ONUSIDA. On comprend mieux la prise de décision tôt, aux endroits les plus délicats pour une pénétration du virus et le choix de ne rien lâcher, d’assurer un suivi omniprésent du dispositif aux frontières et dans les structures névralgiques que sont les hôpitaux et les centres de santé. Le seul bémol ce sont les hommes chargés de maintenir et de consolider le dispositif car, par le passé, c’est de ce côté que cela a péché avec l’entrée d’un malade sur le territoire national reçu par une structure de référence et d’un enfant malade, tous deux venus de Guinée par la frontière terrestre censée être sous surveillance. Mais leur traçabilité à Bamako a contribué à éviter le pire.
Le ministère de la Santé a certes innové. il a communiqué vite et en temps réel face à coronavirus avant même son apparition chez nous. Mais le dispositif mis en place à l’aéroport International » Président Modibo Keïta – Senou » de Bamako et aux frontières est- il suffisant ?
Notre pays, vaste de 1 240 000 km2, partage des frontières avec sept autres pays, Or, c’est connu pour défrayer la chronique, les marchandises prohibées passent comme un couteau dans du beurre, a fortiori un virus. Il faut, à notre avis, un autre maillage par la sensibilisation, l’éducation et l’information. Car, cette maladie insidieuse et traitresse n’épargnera aucun pays, aucun continent, c’est une marée envahissante venue de Chine avec laquelle nous entretenons des relations commerciales très fructueuses, si le dispositif n’est pas étoffé et éprouvé. Mais et c’est là l’autre danger, c’est une maladie qui s’assimile à la grippe et aux maladies pulmonaires endémiques chez nous, donc difficilement détectable à ses débuts. Rappelons que pour certains spécialistes il n’est pas exclu qu’il y ait des cas non détectés en Afrique de coronavirus depuis la mise en évidence du virus en 1960. En outre, les autres souches de virus de la grippe tuent plus de malades que le coronavirus.
– Doit-on coupler à ce dispositif la prévention par les structures de sensibilisation et de communication comme l’ANCD (ex- CESPA) qui peuvent, semblent- il venir en aide aux autorités sanitaires ?
Le système de riposte contre l’Ebola est toujours actif. Les contrôles à l’aéroport et au niveau de toutes les frontières terrestres, fluviales ne suffisant pas, il faut de la communication, de la sensibilisation pour un changement de comportement dans un pays pris au piège par une guerre tout aussi insidieuse qui freine les autres urgences.
Le Ministère de la Santé et l’ANCD ont travaillé par le passé en bonne intelligence et peuvent réapprendre à travailler ensemble après une longue période d’hibernation. Il serait avantageux pour le ministère de la Santé de réactiver ce réseau et de prendre appui sur cette expertise avérée des pédagogues audiovisuels de l’ANCD dans la prévention contre coronavirus et les autres maladies endémiques qui frappent régulièrement à notre porte.
Source : l’Indépendant