À l’heure de la guerre en Ukraine, les soutiens au régime russe sont de plus en plus visibles en Afrique subsaharienne, un indice de l’influence croissante de Poutine sur le continent. Gouvernants, opposants, militants panafricanistes sur les réseaux sociaux ou simples manifestants, qui sont-ils exactement ?
“Poutine veut récupérer son pays et il n’a pas le sang de l’esclavage et de la colonisation sur les mains. Je préfère Poutine, même si ce n’est pas mon messie, à tous les présidents occidentaux et à tous les maudits présidents africains, soumis à l’oligarchie de l’Occident”, tempêtait début mars, le militant panafricaniste Kemi Seba.
Kémi Séba s’est fait connaître en France en tant que fondateur ou porte-parole de plusieurs organisations, notamment “Tribu Ka” et “Génération Kémi Séba”, toutes deux dissoutes par décret en France pour incitations à la haine raciale. “Tribu Ka prône l’antisémitisme et qu’il a organisé des actions menaçantes à l’égard de personnes de confession juive”, pouvait-on lire dans le décret de dissolution du 26 juillet 2006.
Même tonalité chez Julius Malema, leader de la gauche radicale sud-africaine : “Nous sommes là pour dire à l’OTAN et aux Américains que nous ne sommes pas avec eux. Nous sommes avec la Russie et aujourd’hui nous voulons remercier la Russie. Donnez-leur une leçon, nous avons besoin d’un nouvel ordre mondial et nous sommes fatigués de recevoir des ordres des Américains”.
Comme eux, militants africains et partisans de Poutine ou abonnés sur les réseaux sociaux qui se comptent par milliers, multiplient ces derniers mois les interventions “anti-impérialistes” et favorables aux actions du pouvoir russe.
“Il y a une prolifération de chaînes Youtube qui relaient des discours déstabilisateurs. Ils créent un fossé entre l’Occident et les régimes africains et servent ainsi les intérêts russes”, estime Mahama Tawat, chercheur à l’université de Malmö en Suède.
Des manifestations de soutien
L’influence russe en Afrique se traduit aussi dans les rues de Bamako, N’Djamena ou Ouagadougou, où des manifestants hostiles à la présence militaire française au Sahel ont brandi des drapeaux russes. Elle se matérialise aussi par des offensives médiatiques.
Au Cameroun, la télévision “panafricaine” Afrique Média présente régulièrement des opinions pro-Kremlin dans le conflit avec l’Ukraine et invite régulièrement Kemi Seba. “Guerre Ukraine Russie : comment le leadership de Poutine fait paniquer l’Occident ?”, “Projet d’assassinat de Vladimir Poutine : jusqu’où peuvent aller les Occidentaux ?”, font par exemple partie des sujets débattus sur la page Facebook du média.
Ce terreau populaire pro-russe, dont il est difficile d’évaluer l’ampleur, est appuyé par la bienveillance de certains gouvernements africains envers le Kremlin.
Source: africaguinee