Malgré le fait que la nature l’ait doté d’atouts exceptionnels pour taper dans le ballon, le football n’était pas la priorité de Yaya Dissa. Il accordait plus d’importance et de temps aux études.
Tel père, tels fils !
Après avoir obtenu le BAC au lycée technique, son cursus universitaire s’arrêta à la Faculté des Sciences & Techniques (FAST), option Physique-Chimie. Pour la simple raison qu’il a, eu au même moment, un contrat pour l’Arabie Saoudite. Son parcours au Djoliba, à l’extérieur, mais surtout en équipe nationale couronné par une CAN Junior (Nigéria 1995), un trophée du tournoi Cabral (1997), une sélection discontinue dans les différentes catégories) est-il le revers de la médaille d’une situation inattendue ? Yaya Dissa l’attribue plutôt au destin. Yaya est le fruit de l’éducation inculquée dans la famille, basée sur le respect de l’autre. Fervent musulman, il est formel que la franchise est la clef de sa réussite dans la vie. L’hypocrisie, le mensonge et l’opportunisme constituent ses totems.
Les frères Dissa avaient un dénominateur commun, la timidité. Quelle explication à cet état d’âme ? Pour l’expliquer, Dissa dit qu’il est consécutif aux pressions parentales. Son père, Mamadou Dissa, un administrateur civil de classe exceptionnelle (il a été gouverneur des régions de Gao et Ségou respectivement en 1996 et 1997) était timide. Donc, il n’était pas trop exigeant, c’est plutôt la maman qui traquait les enfants. Elle était tellement conservatrice que son ombre les suivait dans la rue. D’où cette timidité.
Quel était le maître mot de cette éducation digne de la tradition ? Selon Yaya, c’est le respect de soi et se rappeler que l’enfant est l’image de sa famille.Fils d’un grand commis de l’Etat, les études primaient sur tout. Yaya Dissa grignotait les temps libres pour jouer avec ses amis dans le club Hafia FC de Médina Coura et à Lafiabougou où étaient logés ses parents.
Il se donnait plus de temps pour les compétitions inter scolaires. C’est en 1992 qu’il a intégré l’AS Mandé de la Commune IV.
L’équipe communale, après son accession en finale de la Coupe du Mali, et sa première sortie en coupe d’Afrique des clubs, n’avait qu’un seul objectif : défier les grands clubs et se créer une histoire.
Pour la circonstance, le président du club Mamby Camara n’a pas lésiné sur les moyens pour l’entretien des jeunes. Face à un tel dorlotement, les joueurs ont eux aussi décidé de rester ensemble. En tout cas, les premières tentatives de débauchage des “mandékas” ont échoué. C’est trois ans plus tard que l’AS Mandé a commencé à saigner avec le départ de certains éléments clés dont Yaya Dissa.
Deux pieds, vivace et adroit
Approché en premier lieu par le Stade malien de Bamako, le jeunot a pourtant transféré au Djoliba AC. Parce que, selon lui, il avait juste besoin d’une moto pour assurer son déplacement à l’école. Les Djolibistes ont été plus prompts. Une fois au Djoliba, Yaya Dissa a conduit l’attaque des Rouges avec une grandeur d’âme. Véritable renard de surface, il savait se démarquer pour planter son vis-à-vis. Très vivace, il jouait des deux pieds, et pouvait armer les tirs à tout moment. Autre qualité, Dissa savait marquer les buts de grands jours, comme celui qu’il a inscrit en 1997 lors de la finale de la Super coupe contre le Stade malien de Bamako. Sur un corner, il marqua le but de la victoire d’une reprise de volée splendide. Son geste était spectaculaire et le but très beau. Sa qualité, sa constance, et son sérieux indiquaient un bel avenir.
Au bout de trois ans au Djoliba (il avait remporté deux coupes du mali : 1996, 1998, et trois titres de champions : 1996, 1997, 1998, et deux doublés : 1996,1998) Dissa s’envola pour l’Arabie Saoudite. Sous l’égide du Président Karounga Keïta dit Kéké, il signa un contrat de deux ans avec Al Shabab. Pour l’une des rares fois, le club sous la houlette de Dissa réalise le meilleur résultat de son histoire en remportant la coupe du roi, la coupe d’Arabie Saoudite, la coupe arabe, la Super coupe.
En 2001, il retourne au Mali, juste deux mois de vacances, avant de rejoindre en Grèce Bassala Touré qui évoluait dans le club Athinaïkos. Au bout d’un an, les difficultés financières du club l’obligèrent à casser son contrat, pour transférer dans un autre. Les mêmes problèmes précipitent son départ pour Besançon en France. Mais, c’est plutôt à Niort qu’il finira par signer un contrat de deux ans (2004 -2006). C’est à ce niveau qu’il décide de prendre sa retraite, pour entreprendre des études de bâtiment à Saint Florent.
En 2009, il choisit de s’installer définitivement avec sa famille à Saint Liguaire. Il abandonna son profil pour virer dans l’agro-alimentaire. Yaya Dissa travaille actuellement dans un entrepôt.
Pour rester dans le giron footballistique, il s’occupe des jeunes U16 et U 17 de Saint Liguaire. A-t-il vécu des bons et bons souvenirs durant sa carrière ? Yaya Dissa répond : “En un moment donné, mon jeune frère Mahamadou et moi étions régulièrement convoqués en équipe nationale. C’est des faits rares, et qui sont des bons souvenirs. Il faut aussi prendre en compte ce but que j’ai marqué en finale de la super coupe, et dont vous parlez tant, la CAN Juniors 1995 et notre sacre en coupe Cabral 1997. Je n’ai pas mis un accent particulier sur mes blessures, parce que je ne voudrais pas me les rappeler ; ils constituent mes mauvais souvenirs. N’eurent été ces petites blessures, j’aurai donné plus de grandeur à ma carrière, parce que les qualités étaient là et le football était devenu mon gagne-pain”.
Alors, comment a-t-il a pu se trouver une femme dans cette timidité ? Pour répondre à cette question, Dissa dans un sourire enfantin, soutient avoir connu sa femme, Assitan Niambélé, à travers un ami qu’il fréquentait à Lafiabougou en 1990. Dès lors, ils ne se sont plus quittés, parce qu’il avait pris la décision de la marier. Aujourd’hui, le couple a trois enfants.
O. Roger Tél : (00223) 63 88 24 23
Source: Aujourdhui-Mali