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Que sont ils devenus ? Seyba Coulibaly : l’exécuteur des défenses…

Notre héros du jour s’appelle Seyba Coulibaly. Natif du quartier de Darsalam, il fut un grand attaquant qui s’est distingué durant sa carrière. Ses qualités ? Technicité et intelligence. Après une riche carrière au Djoliba et en équipe nationale, Seyba Coulibaly s’est exilé en France où il mène une vie paisible avec sa famille.  C’est justement depuis la France que nous l’avons interviewé, dans le cadre la rubrique ” que sont -ils devenus ?”. Découvrons ses débuts, sa carrière et sa vie en France.

Nous avons vu Seyba Coulibaly pour la dernière fois en 2016 au stade Mamadou Konaté. C’était à l’occasion de la finale de la super coupe qui a opposé le Stade malien aux Onze Créateurs de Niaréla. Il est venu à la loge pour saluer les officiels. Nos cadets de la presse ne pouvaient le reconnaitre. Ils ne cessaient de poser des questions sur l’identité de l’homme. Il a fallu que les ainés expliquent que Seyba Couliblay est un ancien international du Djoliba AC.

Un véritable gentleman !

Chez les Rouges, Seyba a fait chemin avec les Sory Kourouma, Bréhima Traoré, Idrissa Traoré dit Poker, Ousmane Diallo dit Petit Sory, Moussa Koné, Issouf Sidibé et autres. Animateur de l’attaque djolibiste, évoluant à la pointe, Seyba avait la particularité d’être un joueur gentleman, très propre et toujours une chaine au cou. En état d’alerte permanente. C’est-à-dire que le ballon ne le surprenait pas. Chaque fois qu’il le possédait, il affrontait son vis-à-vis. Et dans la plupart des cas, il l’effaçait pour marquer le but. Excellent dans les duels aériens, il avait la réputation d’énerver ses adversaires pour les détruire. Pour Seyba Coulibaly, un défenseur ne sait pas jouer, à moins qu’il ne soit en face d’un mauvais attaquant. Ce sont des propos qu’il tenait pour taper sur les nerfs de ses adversaires. Ceux-ci mordaient à l’appât et Seyba en profitait.

Au Djoliba et en équipe nationale, Seyba Coulibaly était en quelque sorte un cowboy pour ses coéquipiers défenseurs. C’est-à-dire que s’ils parvenaient à le neutraliser pendant les entraînements, aucun autre attaquant au Mali ou en Afrique ne pouvait les défier. Voilà l’une des raisons qui font que les entrainements du Djoliba étaient durs. L’action de Issouf Sidibé qui a abouti à une fracture sur notre héros en est la parfaite illustration.

Parti en France en décembre 1984, Seyba Coulibaly effectue régulièrement des visites dans le pays et suit de très près l’actualité. C’est ce qui explique d’ailleurs son coup de fil à notre rédaction. Informé par son ancien coéquipier Bréhima Traoré dit Allah Ka Bourama, il a fait des propositions à la direction du journal concernant la rubrique ” Que sont-ils devenus ? “. Pour cela, il voudrait qu’on s’intéresse aux anciens sportifs maliens résidant en France. Pour la circonstance, il a donné les numéros de quatre d’entre eux.  Son initiative est louable et salutaire. En sa qualité d’ancien international malien résidant en France, l’on comprend qu’il ait le souci de ses compatriotes. Mais le fait de l’avoir au bout du fil est aussi pour nous une opportunité à saisir. Avant qu’il ne donne les noms de tous ces anciens sportifs, nous avons commencé directement par lui. Les autres suivront.

Un jeune génie …de Darsalam 

La jeunesse de Seyba Coulibaly dans les années 1973-1974 dans son quartier natal à Darsalam a été marquée par le réveil de deux clubs : le FC Etoile du côté du dépôt de la Régie des Chemins de Fer du Mali (Rcfm), et le Brésil un peu à l’Est vers la colline où évoluait Seyba et où se trouve sa maison paternelle. Par son talent, il a animé et entretenu la rivalité entre les équipes, mais surtout maintenu la suprématie du Brésil sur le FC Etoile.

Devenu dans son quartier le chouchou des amoureux du ballon, qui ne juraient que par son nom, Seyba Coulibaly en profite. Il se fait un peu d’argent dans le mercenariat pour assurer le menu du samedi soir de l’époque : thé, cigarette, cinéma et finir la soirée au son du disque ou du phono. A la faveur de la coupe Corpo (une compétition inter services qui avait beaucoup d’engouement dans les années 1970-1980), la Rcfm et la Somiex lui font la cour et la concurrence. Au même moment, l’émergence d’un jeune génie à Darsalam fait le tour de Bamako. Les clubs se bousculent pour le recruter. L’as Réal par le canal de son grand frère (basketteur des Scorpions) lui propose une moto, mais Seyba rejette l’offre. Tiécoro Bagayoko le consulte et promet de le rencontrer plus tard. Seyba Coulibaly ne dit rien, parce qu’il avait son plan en tête : jouer au Stade malien de Bamako, son club de cœur. Il y fera un tour, mais sanctionné par un clash. Pour un fait anodin, Seyba décide de mettre une croix sur sa carrière chez les Blancs. Notre héros explique : “Lors d’une séance d’entrainement, un partenaire a cassé ma montre bracelet. Ecœuré par cet incident, j’ai conditionné la signature de la licence au paiement de ma montre. Les Stadistes n’ont pas tenu une bonne oreille à ma revendication. Donc j’ai plié bagages pour reprendre les entrainements avec mon club, le Brésil “.

De retour dans la rue, Seyba Coulibaly sera récupéré par le Djoliba AC. Tiécoro Bagayoko qui n’avait pas dit son dernier mot dans l’affaire Seyba confia le dossier à son ami pour dispositions à prendre. Ousmane Macalou, à l’époque directeur du Motel, invita le jeunot, au motif qu’il va lui acheter des équipements, des habillements pour donner un goût à sa jeunesse. En réalité, il l’amena d’abord au bureau de Tiécoro Bagayoko. Lequel lui présenta une licence qu’il a signée sans état d’âme. Au-delà de cette précipitation pour s’engager avec les Rouges de Bamako, Seyba est hanté par un constat : le Djoliba est censé être une équipe de vieux où les jeunes auront de la peine à se faire un passage. Donc, il ne cessait de se poser une question, comment se faire un chemin ?

La perche de Kolo National

L’attaque du Djoliba, en son temps animé par Mamadou Koné dit Zito, Kader Guèye, Oumar Khassonké dit Ouolof, était intouchable. Pourtant, Seyba a réussi son baptême de feu face à l’équipe de Kati et confirme contre l’AS Réal de Bamako, en marquant des buts à tous les coups. Il n’est pas toujours titulaire et entre temps il disparait des écrans radars. Il s’est blessé à l’entrainement. A son retour, le trio d’assaut est toujours là. Mais Seyba Coulibaly saisira pour de bon la perche à lui tendue par Cheickna Traoré dit Kolo National. L’ancien défenseur des Aigles avait pris les rênes du Djoliba, quand Kéké et Tiécoro étaient partis à la Coupe du Monde 1974. En l’alignant, Kolo lui dit que son “destin se joue dans ce match contre l’AS Réal”. L’enfant de Darsalam marque 2 buts et récidive quelques jours après contre le Stade malien. Au moment de faire le classement, Kéké qui n’avait pas assisté aux derniers entrainements, demanda à son second qu’il ne comprenait pas son choix porté sur Seyba au détriment de Zito. Ce jour-là, Kolo a pris ses responsabilités et Seyba est entré dans l’histoire avec à la clef une longue carrière décennale au Djoliba.

Le virevoltant attaquant a remporté avec les Rouges de Bamako 4 Coupes du Mali, 6 titres de champions, joué des éliminatoires des Coupes des clubs champions et des vainqueurs de coupe.

Cependant, avec ses qualités de fin technicien et de buteur attitré, il serait incompréhensible que Seyba Coulibaly ne soit pas sélectionné en équipe nationale. A ce niveau aussi il s’est fait remarquer par ses prouesses durant cinq ans lors des éliminatoires des CAN de 1978 et de 1980. Seulement, l’homme, malgré ses qualités, a manqué de chances. Par deux fois, il s’est cassé le pied. D’abord en 1977 contre les Eléphants de la Côte d’Ivoire et en 1978 lors d’une séance d’entrainement du Djoliba où un tacle du défenseur Issouf  Sidibé l’envoya  dans une civière avec plâtre au pied. Ces deux chocs ont entravé et compromis l’avenir radieux de sa carrière.

Et c’est de façon délibérée qu’il a mis un terme à sa carrière, pour permettre au jeune Mohamed Cissé dit Youba de se faire une place au soleil. Pour le mettre en confiance, Seyba Coulibaly se rappelle avoir dopé son cœur. Il l’a convaincu qu’il a plus de talent que lui. Evidemment, il avait encore de la vivacité pour animer l’attaque djolibiste. La preuve ?  En 1984, quand le Djoliba s’est trouvé entre les tenailles du Great Olympics du Ghana au 1er tour de la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe, les dirigeants rouges sont allés le chercher. Il a repris les entrainements et occupé sa place de titulaire à la pointe des Rouges. Mais Hélas ! Le Djoliba sombrera devant son public par 4 buts à 0, malgré un nul vierge salutaire ramené d’Accra lors du match aller.

Profonde gratitude !

Aujourd’hui, l’homme reconnait que le football lui a tout donné et il n’a rien à reprocher à qui que ce soit durant sa carrière. C’est pourquoi, durant tout notre entretien, il n’a cessé de rendre hommage, de remercier tous ceux-ci qui ont contribué à sa réussite : Tiécoro Bagayoko, Kolo national, Cheick Sangaré (ancien joueur du Stade malien de Bamako)  et sa mère, Mme Sangaré Hadjaratou à Darsalam,  Bakary Traoré dit Alliance Bakary du Stade malien de Bamako.

Des temps forts, il retient que toute sa carrière au Djoliba a été marquée par l’ambiance, la convivialité et la cohésion entre les joueurs. Les deux fractures qui ont retardé sa progression meublent logiquement le tableau de ses mauvais souvenirs.

Après sa retraite, Seyba Coulibaly s’exila en France pour rejoindre sa femme. Une fois dans l’hexagone, il fut sollicité par un ancien coéquipier, Boubou Camara, pour jouer dans une équipe, le FC République. Le président du club, après le test, conclut immédiatement un contrat avec salaire par match. De là, un autre Malien, Oumar Khassonké dit Ouolof, de retour d’Allemagne et en sa qualité de directeur technique de l’équipe de Bagneux, lui confia les jeunots de moins de 15 ans. Après, il prit les commandes des mêmes catégories à Villeparisy, et monté en même temps une équipe féminine. Seyba Coulibaly profita de cette aventure pour faire des études d’entraineur. Ce qui fait de lui un éducateur de deuxième degré.

Aujourd’hui, il ne fait plus ce boulot, mais gagne sa vie grâce à un autre job. Sa vie est partagée en France entre le boulot, sa famille et le jeu de belotte au foyer. Oui, il demeure à présent ce Seyba qui aimait se promener entre les différents joueurs de sa génération pour prendre du thé. C’est pourquoi, on le retrouvait avec les joueurs de tous les clubs. Il garde à présent cette habitude de se faufiler dans les rues. Et c’est sa femme qui nous a aidés à le faire venir à la maison pour qu’on fasse l’entretien. Cela s’est passé après notre premier contact.

Qu’est ce qui explique son désir d’aider ou de penser à son prochain ? Nous nous rappelons encore la manière dont Seyba Coulibaly s’est décarcassé pour l’organisation du jubilé de Cheick Fanta Mady Keïta. Sur cette qualité rare chez bon nombre de gens, notre héros du jour a une explication particulière : “Nos anciens nous racontent qu’en venant au monde, on pleure pendant que les autres rient donc en quittant ce monde, on doit faire de telle sorte que le contraire se passe. Dans la vie, il faut toujours être positif et le bon dieu fera le reste”. Mais par rapport au jubilé de Kéïta, Seyba Coulibaly n’hésite pas à dire qu’il a été déçu par les comportements de certaines autorités sportives et associations d’anciens footballeurs. Qu’est ce qui s’est passé ? Seyba revient sur toutes ces difficultés rencontrées à Bamako, quand il a pris des contacts par rapport au jubilé d’un des nôtres : “Avant mon arrivée à Bamako, j’ai appelé les anciens footballeurs pour les informer. C’était pour qu’ils prennent le devant en cherchant des sponsors. Une fois au Mali, j’ai pris contact avec le président de l’Unafom, Mamadou Dipa Fané. Celui-ci m’a dit qu’il revient de Dakar pour des condoléances et a promis de me rappeler. Il ne l’a pas fait. Un lundi, je suis parti à l’entrainement des anciens footballeurs. Ils étaient tous là, nous nous sommes retrouvés au milieu du terrain pour discuter. Ils ont donné leur accord de principe pour que l’événement réussisse.  Surtout que le lendemain il y’avait une réunion au Comité olympique où la Femafoot, le Département des Sports, le Comité olympique et les anciens footballeurs étaient tous représentés. L’occasion était bonne pour en débattre. Une fois au ministère des Sports, un certain Maïga, sur instruction du ministre, se met ma disposition et me conseille de prendre contact avec la Fédération.

Je suis parti voir Boubacar Baba Diarra pour lui expliquer tout. Fanta Mady devrait venir dans les deux jours qui suivaient et aucune disposition n’avait été prise. Baba a négocié l’hôtel Colombus pour son séjour. Mais après, les membres de la Fédération se sont lavé les mains. Le ministre des Sports a promis de prendre en charge les billets, l’hébergement des invités de la sous-région, de la France. Il finira par nous dribbler. C’est lui qui s’est engagé à le faire. Nous avons compris qu’il nous a roulés dans la farine quand il a envoyé un jeune à notre réunion, mais en réalité, qui n’était au courant de rien. J’ai eu l’idée de rencontrer le parrain du jubilé, Mme la Première dame. Après les présentations, elle s’est levée pour nous souhaiter la bienvenue. A la question de savoir où en sommes-nous avec l’organisation du jubilé, je lui ai dit que les choses ne bougent pas et il va falloir qu’elle nous aide. Je lui ai tout expliqué et elle nous a fixé un rendez-vous. A l’issue de cette rencontre, elle a pris des dispositions avec un rappel à l’ordre du ministre des Sports. Ce dernier finira par donner trois millions. A quelques heures de l’événement, les anciens footballeurs sont venus, habillés en tee short de Fanta Mady et avec à leur tête Mamadou Dipa Fané. J’ai été étonné quand il a dit que l’Unafom a perdu le contrôle de l’organisation du jubilé au profit d’autres personnes. Pour ne pas tout chambouler, je n’ai pas répondu à sa provocation et je les ai remerciés pour leur geste à travers une somme d’argent qu’ils ont remise à Fanta Mady. Nous nous sommes donné rendez-vous pour le 26 décembre 2015. Mais hormis les Sory Kourouma, Bréhima Traoré, Beïdy Sidibé dit Baraka, Muller, Aly Ouattara et tous ces grands anciens joueurs, tous ceux qui s’entrainent avec Fané ne sont pas venus au jubilé de Cheick Fanta Mady Kéïta. Je suis déçu par ces comportements du Ministre, de la Fédération et de la tendance des anciens joueurs, de Mamadou Dipa Fané, parce que Fanta Mady n’a fait que du bien au football malien. C’est dommage qu’il soit victime des petites querelles auxquelles il est étranger.  Notre décision d’organiser ce jubilé à Bamako n’est que la suite logique du sens patriotique qui nous a animés quand nous jouions. Et aujourd’hui encore, malgré la distance, nous tenons beaucoup à notre patrie”.

A peine Seyba finit-il de décharger sa colère, que nous lui demandions de passer le téléphone à son épouse. Au bout du fil, la voix agréable et pleine de gentillesse d’une dame, Mme Coulibaly Assitan Touré dite Yaoundé, nous permet d’engager facilement le débat par un prologue. Parce que nous sommes convaincus que les lecteurs ne nous pardonneraient pas, si cette question n’était pas posée. Certes Seyba et Yaoundé peuvent tous jouer au Djoliba en même temps, mais jusqu’à se marier ? Cela mérite d’être expliqué. Yaoundé, dans un cyclone d’éclats de rires, revient sur sa première rencontre avec l’ancien attaquant du Djoliba et des Aigles. Mais de cela nous parlerons dans notre prochaine parution de la rubrique “Que sont-ils devenus ?”, consacrée à Assitan Touré “Yaoundé”, un nom et un sobriquet qui réveillent déjà les nostalgiques et rappellent ces souvenirs inoubliables de la mythique salle du Pavillon du Stade omnisports et du terrain de basket de l’historique Stade Ouezzin Coulibaly, côté ex Lycée de Jeunes de filles de Bamako. L’ancienne gloire du Djoliba AC et des Aigles du Mali, épouse de notre emblématique héros du jour, Seyba Coulibaly, est notre prochaine héroïne. Rendez-vous est donc pris : Aujourd’hui-Mali N°97, à ne manquer sous aucun prétexte.              O. Roger Sissoko

Source: Aujourd`hui Mali

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