Il faut être un monstre pour ne pas réagir aux nouveaux actes criminels qui ont une fois endeuillé le Mali. Ce jeudi, c’est Niono et Tombouctou qui ont dominé l’actualité. D’abord Niono apparait comme une zone tampon entre le Mali du terrorisme et celui d’un semblant Etat de droit. Après l’enlèvement et l’assassinat du président du tribunal et du commandant de brigade par des forces obscurantistes, il fallait s’attendre à ce que les dispositifs sécuritaires soient renforcés.
L’absence de l’État ne peut que diminuer les sentiments de protection des populations. Dans la cité des 333 Saints, c’est une nouvelle méthode que les jeunes ont adoptée : Braver les criminels et leurs complices. Mais les armes qui circulent ne facilitent pas cette volonté d’une ville qui a désormais tourné la page de la soumission et de la fatalité. Il y a deux semaines, à Tombouctou, c’était le directeur régional de la police, le commissaire divisionnaire Boubacar Yattara qui avait diplomatiquement fait raisonner les jeunes révoltés. Les ministres sur place ont pu s’en rendre compte de leur sentiment ardent pour la paix.
Aujourd’hui, les citoyens assassinent ceux qui doivent les protéger et les rassurer. Un pays dont les amortisseurs et les ressorts ont longtemps cédé. La faillite collective, longtemps indexée et dénoncée, avait trouvé de compatriotes, sans morale et sans conscience, qui ont essayé d’embellir et de promouvoir la perfection d’une gouvernance qui est, au contraire, scabreuse.
Après la correction terrible et sauvage infligée à un président de la République (Dioncounda Traoré), des citoyens maliens ont récidivé encore dans la localité de Niono en assassinant le commissaire de police, incendiant les locaux de la police avec tout le matériel sur place. Ce sont de tels individus qui ont pourtant dénoncé les crimes perpétrés par nos frères des groupes armés ? C’est eux qui ont qualifié la CMA ou le HCUA d’apatrides ? Aujourd’hui, ils sont pires que ces indépendantistes et ces terroristes que nous combattons.
Loin de taire les manquements des forces de l’ordre, nous en savons beaucoup sur l’implication de la hiérarchie qui a souvent résolu et apaisé des tensions. Il y a de la colère partout et les forces sur le terrain ne sont pas totalement contrôlées. A Badalabougou et aux marches de l’opposition, des députés, des journalistes et d’autres acteurs majeurs ont été délibérément violentés par nos forces. Comme le dit Ras Bath, les ‘’wangrins’’ n’ont vu aucun de ces manquements graves. Il faut oser être logique et courageux, conseiller honnêtement et sincèrement nos responsables afin que les bonnes formules puissent être adoptées.
Aucun chef ne veut gérer des conséquences néfastes, aucun citoyen ne doit rester indifférent face à un crime odieux d’une population qui avait d’autres marges pour se faire entendre. Refuser un responsable est compréhensible, demander son départ est démocratique, mais aller jusqu’à l’assassiner et à incendier les bâtiments publics sont des actes assimilables à du terrorisme. A Koulouba, à Sébénicoro ou dans d’autres Institutions, il n y a pas de sérénité. Le peuple ne devrait coller cet échec qu’à celui que Manassa Danioko a désigné vainqueur et que Nouhoum Tapily a solennellement investi le 4 Septembre 2018. Mais en de pareilles circonstances, avant de situer quelques responsabilités que ce soit, il faut en premier lieu s’indigner car tout le pourrait désormais être ciblé.
ABC
Figaro Mali