La grève illimitée conjointement déclenchée par les syndicats de la magistrature continue de handicaper l’administration. Pas d’accès à certains documents d’état-civil, pas de jugement, et peut-être aussi même pas de visites de parents de détenus dans les prisons à moins peut-être de profiter des principes du service minimum. Mais la grève ne fait visiblement pas que des malheureux.
Et pour cause, faute de magistrats pour écouter les délais de garde-à-vue, les commissariats de police se sont transformés, selon certaines indiscrétions, en véritables justices de paix à compétences étendues. En effet, ces monstres à multiples têtes supprimées de l’organisation judiciaire malienne ont fait une réapparition temporaire par le surpeuplement de cellules de détention dans les commissariats. Lesquels profitent de leur débordement pour justifier de juteuses transactions avec les détenus par l’impérieuse nécessité de désengorger leur milieu carcéral de transit. Attention à ne pas élargir des bandits de grand chemin ou multiplier les injustices aux dépends de leurs victimes.
L’Intérêt politique au dessus l’intégrité territoriale
La série de manifs de protestation initiée par l’opposition pour protester contre les résultats de la présidentielle auront mobilisé plus qu’attendu. Chaque fois qu’on a cru les partisans de Soumaila Cissé et de Ras Bath essoufflés, on a été étonné de les voir reprendre de l’ardeur à battre le pavé. Le chef de file de l’opposition et le chroniqueur activiste peuvent s’en réjouissent d’ailleurs de constater que la pression est maintenue et que la quiétude du pouvoir est ébranlée. Difficile de dire cependant qu’elle tient la route. Pas que les motifs des manifestations soient contestables, mais aussi parce qu’on peut constater que la motivation – de même que les moyens pour ce faire – sont plus au rendez-vous pour les intérêts partisans que pour les utilités patriotiques. Pour preuve, depuis que l’intégrité territoriale du Mali est malmenée par les mouvements armés et colonnes djihadistes au septentrion, aucune voix ne s’est manifestée pour prendre sérieusement à partie les hautes autorités sur cette question hautement nationale. Et si des voix s’étaient élevées dans ce sens, il n’est pas évident qu’elles auraient mobilisé et produit autant de résonance que lorsque l’enjeu est d’intérêt partisan. De quoi s’interroger si une nation aussi peu soucieuse de sa souveraineté ne mérite pas que son unité lui soit ravie comme elle l’est depuis 2012.
Réaménagements tous azimuts en Commune VI
Les vagues soulevées depuis la destitution du Maire Alou Coulibaly n’ont pas fini de balayer à la Mairie de la Commune VI de Bamako. Plusieurs mois après les épisodes successifs de sa suspension puis de sa destitution par décret, l’heure du réaménagement est définitivement est amorcé. En dépit de son remplacement par un autre Maire de même obédience, les différents services de la Commune n’ont pas été épargnés par le grand coup de balai qui vient d’intervenir. Il nous revient, en effet, que la plupart – sinon la totalité – des chefs de centre ont été soit remplacés ou contraints à une sorte de rotation par redéploiement selon les intérêts stratégiques de la majorité dominante. La mesure, selon nos sources, est intervenue quelques jours seulement après un conseil communal très houleux, qui aura visiblement donné lieu à une redistribution des cartes susceptibles de s’étendre à des services autres que les centres d’Etat-civil.
Les faux sondages rattrapés par la réalité
On se rappelle sans doute ses fausses prophéties qui ont assailli l’opinion dans le sillage du processus électoral de la présidentielle, qui vient d’atteindre son épilogue avec un cinglant démenti aux sornettes véhiculées par de pseudo-instituts de sondage. En effet, de la veille des élections jusqu’à l’entre-deux-tours, le public aura été dynamité d’informations sur la côte de popularité des principaux protagonistes auprès de l’électorat potentiel. Selon lesquels indicateurs, le président-candidat surplombe le lot et se démarque largement avec la très confortable avance. C’est manifestement l’unique donnée qui reflète réellement la réalité car pour le reste les pronostics ont été faussés sur toute ligne. Certes il ressort également des mêmes sondages que Soumaila Cissé se hisse à la position de principal challenger mais la donnée est quand même nuancée par la prise en compte de certaines marges d’erreur en vertu desquelles la vedette pouvait lui être ravie par le candidat du RpDM Cheick Modibo Diarra. Lequel s’est finalement retrouvé largement en deçà des intentions de vote qui lui ont été attribués, au profit du candidat de l’ADP-Maliba Aliou Boubacar Diallo. Il y a de quoi prendre à la pincette les pronostics que vont inspirer aux faux sondeurs les législatives annoncées.
Le PM aurait remercié son gouvernement par SMS
Pour combien de temps le téléphone mobile va-t-il conduire les plus hauts responsables à se brûler la politesse ? La question se pose d’autant plus que le protocole et autres formules et gestes traditionnels de courtoisie sont de plus en plus allègrement foulés aux pieds au profit de l’économie de temps. Tenez, il nous revient que le Premier ministre Soumeylou Boubèye, peu avant sa démission pour être aussitôt reconduit, n’a pas manqué d’en faire part aux membres du gouvernement qu’il conduisait depuis fin décembre. Seulement voilà : au lieu de la solennité habituelle, le chef du gouvernement démissionnaire n’a eu d’autre voie pour le faire que des textos par Sms. Le Pm s’est ainsi suffi de quelques doigtés pour un envoi groupé de remerciements à ses collaborateurs pour les bons services rendus dans l’équipe qu’il a dirigée. De quoi susciter l’angoisse chez d’aucuns et chez d’autres un sentiment de frustration, même si ce n’est pas la première fois que le recours aux moyens de communication trop commun fait des vagues dans le fonctionnement de l’Etat. On peut rappeler, par exemple, que le passage d’un certain Mamadou Camara au ministère de l’Information et des NTIC s’était caractérisé par une virtualisation tous azimuts de la communication interne du gouvernement avec le recours aux mêmes moyens même pour les avis de réunion. Mais la pratique ayant été décriée et blâmée en son temps, quid de nos jours ?
La Rédaction
Source: Le Témoin