La Turquie vient d’adopter un nouveau décret-loi visant précisément les fonctionnaires. C’est à partir de cette loi que plus de 18 000 fonctionnaires viennent de faire leur départ à une retraite forcée en perdant tous leurs droits. Cela est intervenu à la veille de l’investiture du président Tayyip Erdogan.
Les Turcs continuent de consommer les conséquences du coup d’État manqué de 2016. Ils sont exactement 18 632 fonctionnaires turcs à perdre tous leurs droits à la retraite, ainsi qu’à la sécurité sociale le dimanche 8 juillet 2018. Dans ce limogeage, les fonctionnaires de la Police sont parmi les plus touchés avec plus de 9 000 travailleurs limogés. Au sein de l’armée, ils sont 6 000 à perdre leur travail. Il convient de noter également que les travaux de douze (12) associations, de trois (3) journaux et d’une (1) chaîne de télévision ont aussi été interdits. Ajoutons à tout ceci 1000 travailleurs de la justice et 650 employés dans le secteur de l’éducation.
Rappelons que ce nombre vient gonfler le chiffre relatif aux fonctionnaires limogés entre juillet 2016 et 2018 qui s’élève maintenant à 130 000. Aux dires de Human Rights Watch, à la date du 20 mars 2018, 112 679 employés auraient été radiés dont 8 000 dans l’armée, 33 000 au ministère de l’Éducation, 31 000 au ministère de l’Intérieur, 22 600 à la Direction générale de la sûreté. La seule explication donnée à ces limogeages est la volonté de lutter efficacement contre le terrorisme, le souci d’instaurer un climat de sécurité et de paix en Turquie. Cette purge constituerait la dernière avant la levée de l’état d’urgence institué depuis le putsch avorté en juillet 2016. Un état d’urgence depuis toujours renouvelé.
Notons également que ce énième licenciement intervient juste un jour avant l’investiture pour un nouveau mandat du président Tayyip Erdogan réélu le 24 juin dernier. En effet, c’est hier, lundi 9 juillet, que ce dernier a prêté serment, marquant ainsi le début de son nouveau mandat. Comme promis lors de sa campagne électorale, il en a profité pour lever ce régime d’exception. Une autre caractéristique de ce nouveau mandat est l’entrée en vigueur du régime présidentiel tel que prévu par la nouvelle constitution qui confie au chef de l’État l’ensemble des pouvoirs exécutifs, avec la possibilité de promulguer des décrets présidentiels.
L’opposition ainsi que les organisations de défense des droits de l’homme ont vivement critiqué cette pratique comme une tentative de musèlement de toute critique de la gouvernance d’Erdogan.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays