«La route du développement passe par le développement de la route», entend-t-on souvent dans les discours. Et ce n’est pas faux d’autant plus que, en plus d’être un moyen désenclavement interne et externe, c’est un moyen de développement économique. Pour des économistes, le désenclavement est essentiel pour le développement économique d’un pays. Au Mali par exemple, le transport routier est le principal moyen de transport de personnes et de marchandises. Cependant, le réseau routier est loin d’être encore à hauteur de souhait car peu développé.
Malgré que leur réalisation coûte aux contribuables la prunelle des yeux, la durée de vie de nos routes (urbaines, régionales et nationales) est trop courte et nécessite des efforts constants dans l’entretien routier. En 2023, par exemple, le programme d’entretien routier a coûté à l’Etat malien quasiment 42 milliards F CFA. N’empêche que plusieurs routes nationales sont aujourd’hui dégradées dans tout le pays. Une dégradation qui impacte négativement l’économie nationale. Tout comme elle contribue à l’inflation. Il est alors fréquent d’entendre des transporteurs et des commerçants se plaindre du mauvais état des axes routiers.
Malheureusement, ce n’est pas toujours la qualité des travaux qui est en cause, mais surtout l’insouciance et l’irresponsabilité des usagers à travers les surcharges et de nombreuses autres mauvaises pratiques. Cette détérioration est donc le plus souvent liée à l’incivisme, à l’irresponsabilité avec des mauvaises pratiques. «A Bamako, la grande majorité des goudrons et surtout les caniveaux sont détruits par les Bennes et des camions lourdement chargés. Des camions viennent stationnés sur les trottoirs sans tenir compte de leurs poids sur ces infrastructures fragiles», nous disait récemment un élu communal.
En fait, la réglementation en vigueur est constamment violée au vu et au su de tout le monde. «C’est presque le désordre dans de nombreux domaines des transports. Conscients du laisser aller, les camionneurs étrangers font ici ceux qu’ils n’osent jamais faire dans leurs pays», déplore un expert du secteur des transports.
Mais, aujourd’hui, le Directeur général des transports est déterminé à donner un coup de pied salvateur dans la fourmilière du désordre dans le secteur des transports. En effet, Mamadou Thierno a engagé des actions concrètes pour mettre de l’ordre dans tous les sous-secteurs des transports en imposant le respect strict de la réglementation en vigueur à tous les usagers, nationaux aussi bien qu’étrangers. «Désormais, rien ne sera ménagé pour la stricte réglementation des Transports au Mali», assure-t-il. «Les lignes ont beaucoup bougé par rapport à l’application des textes depuis que M. Sow est là. Il y a des avancées importantes… Comme on le dit souvent, mieux vaut tard que jamais. Il a la volonté de mettre fin au désordre. Nous devons tous l’aider dans ce sens d’autant plus qu’il y va du développement du secteur des transports, de la protection du patrimoine routier, du développement du pays», reconnaît un expert auto. Tout le monde est interpellé, à commencer par les experts automobiles de la DGT qui doivent redoubler de vigilance pour que personne n’échappe désormais à l’application stricte de la réglementation.
Une référence dans la sous-région voire en Afrique
Il faut rappeler que, dans le cadre des réformes engagées dans le secteur des Transports pour une meilleure gestion de ce secteur, le gouvernement (conseil des ministres du 9 février 2022) a approuvé les projets de textes créant et organisant le service des Transports sous le statut de Direction générale. C’est ainsi que la Direction nationale des transports a disparu au profit de la Direction générale… Selon de nombreux cadres du secteur, cette restructuration est le fruit de 18 années de «combat acharné des professionnels du secteur des transports en faveur de ce changement de statut». La persévérance et la détermination du Directeur général des Transports, M. Mamadou T. Sow, ont également permis d’accélérer le processus de mutation. Et depuis, en vrai manager-leader, il a su remotiver et remobiliser les cadres et des agents dévoués de la DGT pour entreprendre des réformes indispensables à la modernisation de ce secteur vital pour l’économie malienne.
Cela va du nouveau Code de la route à la création d’un système de gestion efficace et efficient pour la sécurisation des documents de Transports appelé «Sigi dolo» en passant par la relecture des textes concernant les cartes grises, les cartes de transport et les conditions d’obtention du permis… Aujourd’hui, toujours dans le souci de mieux organiser et contrôler la mission qui lui est confiée, la DGT s’est inscrite dans la dynamique de re-immatriculation de tous les véhicules maliens afin de constituer «une nouvelle base de données fiables et sécurisées permettant de mieux contrôler le parc auto national». Des efforts continuent d’être consentis pour mieux organiser tous domaines des transports de notre pays.
Last but not least (enfin et surtout) le conseil des ministres du 22 janvier 2025 a adopté un projet de décret instituant les redevances au titre des prestations de la DGF et de ses services régionaux et subrégionaux. En effet, dans le cadre de l’exécution de sa mission, elle est responsable de la délivrance des plaques d’immatriculation, du contrôle technique des véhicules et de la production des documents de transport. Ces prestations engendrent naturellement le paiement de redevances par les usagers en échange des services fournis conformément au Décret N°07-075/P-RM du 08 mars 2007. Ce texte ne prend pas malheureusement en compte certaines prestations fournies par la DGT. Le projet de décret adopté intègre ses prestations fournies sans contrepartie financière et fixe les modalités de leur perception conformément aux nouvelles attributions de la Direction générale des Transports.
Ces réformes contribuent à faire de la DGT une référence dans la sous-région. En effet, elle accueille fréquemment les délégations des services similaires d’autres pays en quête d’expertise et d’expérience inspirantes. La dernière en date (décembre 2024) était une forte délégation béninoise dans le cadre d’échanges d’expériences et de renforcement du partenariat à travers notamment les Entrepôts maliens du Bénin (EMABE). La délégation de l’Agence nationale des Transports terrestres du Bénin (ANATT) était conduite par le Directeur général, M. Richard Dada.
Moussa Bolly
Source: Le Matin