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Prospection minière au Mali : La société Zheng Da Yiyuan Mines abuse de ses employés

La République populaire de Chine ne cesse de déployer de gros moyens (financiers, diplomatiques et militaires) pour renforcer sa coopération avec des pays africains comme le Mali. Malheureusement, des entreprises chinoises œuvrent à ternir l’image de pays pragmatique aux yeux des populations.  C’est le cas de la société minière Zheng Zheng Da Yiyuan Mines Mali SARL. Cinq de ses employés ont reçu la semaine dernière une lettre de licenciement pour avoir réclamé leur droit au repos hebdomadaire.

Sadiola Mine or caterpillard

Actuellement en prospection minière Zheng Zheng Da Yiyuan Mines Mali SARL intervient dans la zone de Dabalan située à une quinzaine de kilomètres de Kangaba. Elle a exploité l’ignorance de certains travailleurs qui font 8h par jour et 56 h par semaine sans aucun jour de repos. Le repos n’étant pas n’étant nullement mentionné dans les dispositions contractuelles qui la lient à ces foreurs depuis mai 2016 et pour dix mois.

«Depuis début août, la société nous impose une sorte de mis à pied parce que nous avons-nous avons décidé d’observer deux jours (samedi et dimanche) de repos dans la semaine», nous explique un jeune foreur qui a un contrat de dix mois avec Zheng Zheng Da Yiyuan Mines à partir du 1er mai 2016.

«Nous avons négocié avec les responsables de cette société en vain. C’est un travail exténuant physiquement, donc exige un repos hebdomadaire que les responsables de la société nous refusent. Et pourtant, ils ne nous couvrent pas en cas de maladie. Nous avons décidé de prendre samedi et dimanche  pour nous reposer. Et depuis, chaque fois que nous nous présentons, ils nous disent de retourner à la maison parce qu’ils n’ont pas encore besoin de nous», s’inquiète-t-il.

L’article 11 du contrat fixe l’horaire de travail à «8 heures par jour et 40 heures par semaines». En leur refusant les deux jours de repos, la société les fait travailler pendant 56 heures par semaine.

«Ces 16 heures supplémentaires par semaine ne nous sont pas payées non plus», dénoncent nos interlocuteurs. Loin de mettre dans son vin, Zheng Zheng Da Yiyuan Mines Mali a décidé de se passer des services de 5 personnes parmi les employés sans préavis.

L’article 2 du contrat signé avec les travailleurs leur impose une «période d’essai». Ainsi, il stipule, «une période d’essai est fixée à trois mois durant laquelle le contrat être rompu à tout moment sans préavis»…

Et pourtant, la Convention collective des entreprises minières, géologique et hydrogéologiques en République du Mali est très précise sur cette période d’essai. En en effet, son Article 20 stipule que «l’engagement définitif du travailleur sera précédé d’une période d’essai durant laquelle il est procédé à une ou plusieurs notations de l’agent selon la méthode applicable à l’ensemble du personnel. Cette notation est obligatoire comme justification de la décision d’embauchage définitif et devra être jointe au dossier administratif de l’intéressé». Les employés disent n’avoir jamais été informés d’une telle notation.

Cette disposition fixe également la durée de la période d’essai par catégorie. La première (E et D) concerne les manœuvre, les ouvriers et les employés avec une période d’essai d’un 1 mois. La seconde catégorie C (agents de maîtrise et assimilés) et la 3e catégorie B (techniciens supérieurs et assimilés) bénéficient de 2 mois d’essai. C’est au niveau de la 4e catégorie A (ingénieurs et assimilés) que la période d’essai est de 3 mois.

Le contrat proposé par Zheng Zheng Da Yiyuan Mines Mali SARL n’est pas conforme à cette convention parce que les foreurs ne sont pas de la catégorie A. Et même si tel était le cas, la période d’essai est dépassée maintenant pour qu’elle puisse limoger des agents sans préavis et sans indemnités.

D’ailleurs, cette société est d’une mauvaise foi. «Depuis 2010, nous travaillons avec cette société. Nous avons commencé à travailler dans le cercle de Kadiolo. A l’époque, elle n’était pas entièrement fixée au Mali, mais faisait des séjours réguliers dans le pays pour la prospection minière. C’est depuis 2013 qu’elle s’est réellement implantée dans notre pays», nous explique l’un des jeunes foreurs.

Il est aussi bon de souligner que la Convention collective des entreprises minières, géologique et hydrogéologiques clarifie également la durée du travail et la récupération des heures supplémentaires (Chapitre V, Article 68). Cette disposition stipule que «les jours et horaires de travail, les récupérations et les heures supplémentaires sont fixées dans le cadre des dispositions légales et réglementaires en vigueur, après consultation du Comité syndical par la direction de l’entreprise».

Des très mauvaises conditions de travail dénoncées

Le fait que ses agents ne soient pas affiliés à un syndicat ne peut pas justifier qu’on leur refuse se droit.

Les cinq travailleurs qui sont sur le point d’être limogés, ont saisi l’inspection de travail à Bamako. Aux dernières nouvelles, l’entreprise s’est décidée à leur payer des droits de licenciement. Quel sera alors le sort du reste du groupe formé d’une soixantaine d’agents ? Des négociations seraient sont en cours avec l’implication de l’administration locale à Kangaba.

Toutefois, les agents dénoncent les conditions dans lesquelles cette société les a fait travailler jusque-là. «Nous travaillons dans de très mauvaises conditions de travail dans un environnement difficile. L’eau du forage qu’on veut nous faire boire a été déclarée impropre à la consommation par le Laboratoire national des eaux. Nous dépensons une fortune dans l’achat de l’eau».

Ils poursuivent, avec un visible ras-le-bol «les cotisations de l’INPS sont prélevées sur nos salaires alors que nous ne bénéficions d’aucune prestation… Tout est prétexte pour procéder à des retenues sur nos salaires. Même le simple bulletin de salaire, quand nous l’exigeons, nos patrons disent que cela va voûter 1000 F CFA par mois sur nos salaires».

La situation de ces Maliens abusés par cette société interpelle aussi bien l’inspection de travail  et la CMIE, mais aussi la DNGM. Et cela à cause non seulement de la violation de la Convention collective, mais aussi pour le fait que des soupçons pèsent sur la société par rapport à la naturelle réelle de ses activités dans cette zone.

En effet, pendant nos investigations, des habitants doutent qu’elle se limite seulement à la prospection… Autrement dit, Zheng Zheng Da Yiyuan Mines Mali SARL est également soupçonnée d’exploiter l’or à l’insu des autorités maliennes. D’où la nécessité pour la DNGM de diligenter une enquête transparente.

«Nous ne savons rien du syndicalisme, mais nous prions les différents syndicats du secteur à nous aider à voir clair dans cette situation et à mettre fin à cette injustice», souhaitent nos interlocuteurs.

Pessimistes, ces travailleurs, concluent, «quand nous nous interpelons, nos interlocuteurs au niveau Zheng Zheng Da Yiyuan Mines Mali SARL nous disent que  nous pouvons nous plaindre là où nous voulons… Et que nous perdons notre temps parce que qu’ils ont tout le monde à leur solde car nos dirigeants ne résisteraient pas aux os qu’ils leur offrent. C’est pourquoi nous avons préféré saisir les médias… Nous souhaitons aussi que Dr Oumar Mariko de SADI nous rencontre pour porter notre situation à l’attention du monde entier».

Certainement que Zheng Zheng Da Yiyuan Mines Mali SARL est tellement assurée d’être en terrain conquis qu’elle n’a pas daigné répondre à notre sollicitation. En effet, après avoir reçu et écouté les travailleurs à Bamako, nous avons saisi cette société à travers ses interprètes dont M. Cissé.

Avec ce dernier, nous avons eu un long échange par SMS avant qu’il nous assure avoir transmis notre requête à ses patrons et que ceux-ci nous contacteront.

Mais, depuis, c’est le silence radio. Malgré nos relances. Après une dizaines de jours d’attente, nous avons pris nos responsabilités ! En espérant aussi que les dirigeants du pays prendront les leurs !

Hamady Tamba

 

Source: Le Matin

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