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Propos sur l’Exécutif : Le sinistre jeu de chaises musicales

A l’heure où l’on se fait du souci pour l’avenir de notre pays, notamment quant à sa possible partition et que l’on multiplie les efforts pour joindre les deux bouts afin de minimiser l’impact de la crise économique, le pouvoir exécutif s’emploie à nous gratifier d’un sinistre jeu de chaises musicales qui commence sérieusement à agacer.

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Si on nous avait dit, avant les élections, que c’est là que l’on se retrouverait aujourd’hui, il ne fait aucun doute que la majorité des électeurs qui ont voté pour le Président Keita, auraient réfléchi à deux fois.

Au gouvernement familial décrié par tout le monde semble en effet avoir aujourd’hui succédé un gouvernement de couverture et de services réciproques qui frise incontestablement l’indécence. Ainsi les changements opérés dans différents Départements n’ont-ils d’autre objet que celui de rendre opaques les opérations des Ministres qui étaient en charge de ces domaines et ce, dans l’objectif d’enlever aux curieux toutes velléités de lecture. De  même, la réapparition de certaines têtes, vues et revues, dont la moralité est sujette à caution, donne la désagréable impression que le Président de la République et le Premier Ministre ne sont pas les seuls et véritables auteurs de la composition de la nouvelle équipe gouvernementale. Enfin, les nominations à tout va de personnes incontestablement indélicates et incompétentes aux postes clés des services de l’Etat semblent irréelles tant les cadres respectables et valables foisonnent dans le pays et sont prêts à servir. C’est à se demander si le pouvoir exécutif se soucie réellement de l’intérêt supérieur de la Nation.

La situation devient alarmante car le Président semble avoir gâché tout le crédit que les maliens lui avaient accordé en votant massivement pour lui,avec l’espoir qu’à défaut d’être résolus, leurs problèmes allaient au moins être recensés et débattus. Au lieu de cela, ils assistent, pantois, à des discours, voyages, nominations et autres affectations qui jusque-là, n’ont donné aucun résultat palpable. La situation devient d’autant plus inquiétante que depuis son élection, le Président de la République n’a concrétiséaucune de ses promesses de campagne : lutter contre la corruption et l’impunité, réguler le chômage des jeunes, régler le problème du Nord… Pour l’instant, seuls semblent l’intéresser la protection et le bien-être de son entourage. Et pourtant, avec l’histoire des surfacturations, on avait pensé que la leçon était une fois pour toutes assimilée et que ce type d’écart n’aurait plus droit de cité dans notre pays. Que nenni.

A travers la composition du nouveau Gouvernement et les dernières nominations dans l’administration, on se rend aisément compte que les choses n’ont guère évolué et qu’au contraire, le Président semble persévérer dans l’inquiétante voie qu’il a jusque-là empruntée, à savoir puiser dans les anciens régimes qui nous ont menés à l’Etat de décrépitude dans lequel nous nous trouvons actuellement et faire comme si de rien n’était. Une seule chose peut expliquer cela : il n’y arrive pas. Autrement, le choix ne se serait pas porté sur ceux qui ont failli nous faire perdre le pays, car on ne saurait imaginer que le Président désire la même chose.

» La plus belle femme ne peut donner que ce qu’elle a  » et ce gouvernement, limité sur tous les plans, y compris celui de l’intégrité, ne donnera que ce qu’il a : l’expérience de faire couler le Mali une nouvelle fois. C’est peut-être l’habitude de l’échec.

De ce fait, tout ce que les gens nous avaient dit afin de nous inciter à ne pas voter pour lui semble se réaliser. Ce qui est bien dommage. Et ce qui rend encore plus triste, c’est lesrares Ministres pour qui la population avait beaucoup d’estime qui plient l’échine et se prêtent à cette danse macabre. Mais l’adage est bien connu :  » Le pouvoir corrompt « .

En tout état de cause, il est clair que la situation qui prévaut actuellement et qui correspond malheureusement à ce qu’on appelle la mauvaise gouvernancene saurait perdurer et qu’il incombe de la circonscriretrès rapidement. Les attentes des Maliens sont déçues et les pays quise sont précipités à notre chevet sont dans l’expectative. Pendant ce temps, le Nord brûle et les perspectives de résolution du conflit ne sont guère reluisantes. A choisir entre l’autonomie et une décentralisation poussée, il est évident qu’il n’y a pas lieu de tergiverser et qu’il faut garder une position ferme. Mais surtout il est plus que temps de mettre un terme à cette confusion et de penser sereinement à l’avenir.Quand on voit la vitesse à laquelle avancent nos voisins et notamment la Côte d’Ivoire, on ne peut que se demander ce qu’on a bien pu faire au bon Dieu pour mériter pareil sort.

Mais pour cela, encore faut-il que nos dirigeants se ressaisissent et arrêtent de confier la gestion de l’Etat à des personnesqui n’ont rien dans la tête et qui ne pensent qu’à se remplir les poches. Toutefois, si tel était le but recherché en vue des prochaines échéances électorales, ils devraient savoir que nous ne sommes pas dupes et qu’à force de tirer sur la corde, elle finira par casser. A un moment ou à un autre, il faudra quand même craindre la colère du Peuple. On en a vu les prémisses à Gao et le jour où il décidera de sortir dans les rues de Bamako, on risquera d’assister à la même chose qu’au Burkina Faso.

* Docteur en droit

Enseignant-chercheur

Avocat à la Cour

 

Source: L’Indépendant

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