A moins de 7 mois de la fin de la transition en court au Mali, une nouvelle polémique devise la classe politique à propos de sa prolongation. Ainsi, si certains membres du Conseil national de la transition ont même appelé à la relecture de la Charte de la transition pour consacrer la prolongation du délai, soutenue par des associations et mouvements de jeunes, une partie de la classe politique s’oppose.
Le vendredi dernier, de nombreuses associations de jeunes s’étaient donné rendez-vous à la Bourse du travail pour demander une prolongation du délai de la transition.
Les initiateurs de ce meeting ont motivé leur manifestation en faveur de la prorogation de la transition arguant que les 7 prochains mois ne suffisent plus pour réaliser les réformes politiques et institutionnelles devant poser les jalons de la refondation.
En outre, ces mouvements de jeunes se dressent comme un rempart contre une partie de la classe politique, dominée par les partis de l’ancienne majorité présidentielle d’IBK, qui exige le respect du délai prévu dans la Charte de la transition.
Hasard du calendrier, cette manifestation en faveur de la prolongation de la transition en cours au Mali intervient le lendemain d’un atelier, tenu les 9 et 10 août dernier, sur les réformes politiques et institutionnelles, au cours duquel les membres du Conseil national de Transition (CNT) se sont dit favorables à la prolongation de la durée de la transition.
La position des participants à cet atelier largement commentée le week-end dernier par les analystes politiques ouvrent les débats sur le pour et contre de la prolongation de la transition.
Pour rappel, les membres du CNT justifient leur position par le fait que le délai imparti à la transition ne pourra plus être respecté à cause de la situation sécuritaire du pays et le retard accusé dans le chantier des réformes politiques et institutionnelles.
Au regard de cette situation, ils proposent de créer les moyens légaux pour prolonger la durée de la transition.
Certains membres du CNT sont convaincus qu’une révision de la Charte de la Transition pourra permettre de mettre fin à la polémique.
Dans d’autre presse, Aboubacar Sidiki Fomba, membre du CNT, et réputé pour sa promptitude à donner son avis sur les questions d’actualités, estime que « le préalable est de procéder à la révision de la Charte de la transition ».
Il explique que cette approche aura l’avantage de résoudre le problème du délai, mais également de baliser le terrain en vue d’aller aux réformes annoncées.
Cette position de l’organe législatif de la transition est partagée par plusieurs politiques tels que l’ancien président de l’assemblée nationale ; Ali Nouhoun Diallo, l’avocat Me Cheick Oumar Konaré, l’ancien Gardes des Sceaux, Me Mamadou Ismaël Konaté, qui proposent de donner suffisamment à la transition le temps pour réussir les réformes prévues.
Sans vouloir l’exprimer publiquement, cette volonté des membres de l’organe législatif de la transition semble approuver par le pouvoir exécutif de la transition.
En effet, le Programme d’actions gouvernemental présenté par le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, et approuvé par les membres du CNT est suffisamment édifiant sur cette problématique.
Ce plan, dont le coût de réalisation est estimé à 2 050 milliards FCFA, doit, dans l’espace de 7 mois, travailler à la sécurité et la défense, à organiser les Assises nationales de la refondation, la mise en place de l’organe unique aux élections, à tenir les élections présidentielle et législatives, la conférence sociale … Autant de chantiers que nul besoin de dire que leurs mises en œuvre seront impossibles dans le peu de temps qu’il reste au duo Chogue Maïgal-Assimi Goïta.
Si l’exécutif manœuvre à travers la rue et le CNT pour préparer les esprits à accepter une éventuelle prolongation du délai de la transition, il est confronté à un « niet catégorique » d’une bonne partie de la classe politique.
La durée de la transition fixée à 18 mois, toute idée de son éventuelle prolongation est rejetée par l’immense majorité de la classe politique.
Réunie le 11 août dernier dans un hôtel de Bamako, elle a réitéré son opposition à ce projet.
Cette immense majorité politique regroupant en son sein 80 partis travaille aujourd’hui à se donner les moyens légaux pour s’opposer à la prolongation de la durée de la transition.
Pour elle, l’arrivée du M5-RFP au pouvoir ne signifie pas que le Mali doit s’arrêter. Et prévient que la transition doit prendre fin le 25 mai 2022, conformément aux dispositions indiquées dans la Charte de la transition.
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