Pour un ministre de l’administration territoriale chargé d’organiser les élections au Mali, Tiéman Coulibaly n’a pas suffisamment de hauteur pour réussir sa mission parce que trop partisan. Et ses sorties médiatiques de ces derniers temps, en plus des arguments dangereux qu’il distille au sujet du référendum, le disqualifie comme organisateur des élections et l’opposition discute de la question pour le récuser.
Déjà en campagne électorale avant l’heure, le ministre de l’Administration territoriale est devenu quasiment le directeur de campagne de la majorité qui soutient le référendum, transformant ainsi son département en un vaste QG. «Si celui qui doit jouer le rôle d’organisateur d’élections propres se prête à ce jeu, il n’y a pas de doute que nous ne l’accepterons jamais comme interlocuteur sur les questions électorales» fait remarquer un des responsables d’un parti d’opposition, qui précise que le cas Tiéman sera discuté au niveau de certaines instances «car un ministre chargé des élections ne peut pas se comporter comme cela. On dirait qu’il méconnaît son rôle et son statut» ajoute-t-il.
Et notre interlocuteur de relever le fait que Tiéman est en train de rencontrer des couches socioprofessionnelles de la population en leur tenant un langage indigne d’un ministre chargé de l’Administration territoriale et de surcroit organisateur de la consultation populaire. Ce qui est dénoncé à ce niveau, c’est que pour convaincre ses interlocuteurs et les motiver à dire oui au référendum, il prend certains points du projet de révision constitutionnelle qu’il manipule à sa guise, pour miroiter un quelconque intérêt direct à ses interlocuteurs. «Il est en train de dérouler un jeu dangereux et risque d’être rattrapé par ses déclarations très bientôt» clame-t-il.
C’est le cas, selon notre interlocuteur, lorsqu’en rencontrant les communicateurs traditionnels et les chambres consulaires, il prend l’exemple du Sénat en leur faisant comprendre que c’est pour eux qui n’ont pas de chance de participer à des élections pour être députés à l’Assemblée nationale. Un discours qui nourrit déjà des ambitions chez certains qui ont approché des partis d’opposition pour en savoir davantage sur le contenu du projet de constitution et chercher à savoir comment ils devraient faire pour être des sénateurs. Comme si, le Sénat, ce serait une affaire de partage de strapontins et que chacun aurait son quota. Des groupes de pression se forment déjà pour démarrer le lobbying en vue d’obtenir un quota pour le Sénat. Alors gare au retour de manivelle, notamment la manifestation des frustrations et des espoirs déçus.
Par ailleurs, les chambres consulaires n’ont pas eu droit à un langage de vérité car ce qu’il fallait leur expliquer, c’est qu’avec la mise en œuvre de l’accord issu du processus d’Alger, l’autonomie donnée à chaque région désagrège les chambres consulaires qui n’auront plus les mêmes configurations ni les mêmes compositions, chaque région étant libre de s’organiser comme elle l’entend en tenant compte de ses ambitions de développement et de ses réalités. Ces dispositions se trouvent contenues dans l’Accord pour la paix et il est loisible à chaque opérateur économique de consulter ce document pour s’en rendre compte.
Qu’on arrête donc les manipulations uniquement pour faire passer ce projet de référendum au forceps. Alors que la constitution, une fois révisée, laissera aux régions, surtout celles du nord, la latitude de s’organiser pour administrer librement leurs affaires. En ce moment, lorsque les chambres consulaires seront disloquées, leurs membres se rendront compte qu’ils se seront fait harakiri car les lueurs étaient en fait des leurres.
K.D.
Source: lesphinxmali