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Profits et pertes : Quand la stabilité du monde est liée aux intérêts variant des spéculateurs du chaos

Plonger le plus grand nombre de personnes dans la misère pour augmenter les gains d’une poignée de rapaces qui créent la flambée des prix pour toujours se faire plus de dollars au détriment de milliards d’autres êtres humains.  Telle est la réalité mise en évidence  dans «Profits et pertes ; les spéculateurs de la crise et du chaos». Un documentaire réalisé par Rupert Russell en 2020 et diffusé par la chaîne ARTE en mars dernier. Il dépeint si bien la vie infernale imposée aux populations du monde à cause de la guerre Russie-Ukraine.

 

Pain, eau, carburant… ! Pour une part croissante de la population mondiale, notamment en Amérique latine, en Asie ou en Afrique, des hausses de prix vertigineuses rendent de plus en plus inabordables ces biens de première nécessité. Une situation rendue dramatique avec les conséquences socio-économiques liées à la guerre de la Russie en Ukraine. Avec les guerres et le changement climatique, l’impossibilité d’accéder au minimum vital constitue désormais l’une des premières causes de migration sur la planète et le facteur aggravant de conflits armés.

Ces brutales augmentations du coût de la vie trouvent souvent leur origine dans de nouvelles formes de spéculation sur les matières premières, qui créent à l’échelle mondiale des mouvements de prix totalement déconnectés des marchés locaux, un «effet papillon» dévastateur. Ce que démontre brillamment «Profits et pertes ; les spéculateurs de la crise et du chaos». Un documentaire réalisé par Rupert Russell en 2020 et diffusé par ARTE en mars dernier. La stabilité de notre planète est à la merci d’une dramatique spéculation se nourrissant des progrès scientifiques et techniques dans différents domaines d’activité.

A l’image de cet entrepreneur qui a monté son entreprise sur l’observation climatique des récoltes agricoles par satellite avant de la vendre aux «Funds» (fonds commun de placement) ses informations sans réellement savoir qu’ils vont s’en servir pour optimiser leurs spéculations  ! Du Venezuela à l’Irak, le réalisateur a enquêté sur les ravages causés par les spéculations sur les matières premières dans un marché mondialisé. Et cela avec les éclairages d’économistes de premier plan comme Jeffrey Sachs ou le Prix Nobel Joseph Stiglitz qui permettent de mieux appréhender les mécanismes et les conséquences de montages financiers dictés par la seule loi du profit.

Son œuvre permet de se rendre à l’évidence que, dans le seul but de s’enrichir, de «nombreux narcissiques autocentrés, avides et individualistes» ont la main mise depuis des décennies sur toutes les ressources de notre planète comme sur des propriétés privées… Ils tirent profit de tout sans vergogne ! A commencer par les catastrophes naturelles et les conflits savamment orchestrés à travers le monde, notamment en Afrique.

Le pétrole étant le centre névralgique de l’économie mondiale, c’est une véritable mafia qui est en train de spéculer sur l’or noir en créant les conditions de la hausse incontrôlée du prix du baril. L’Iran, l’Irak, le Koweït et récemment la Libye et le Venezuela ont payé le prix fort ces dernières décennies de cette spéculation. Celle-ci se nourrit du constat que quand le prix du baril est à la hausse, il entraîne dans son sillage tous les produits de première nécessité.

Et en cas de conflit ou des de catastrophes, entraînant un déplacement massif des populations, les besoins augmentent alors que l’offre stagne puisque privée de la part de production de toutes ces populations déplacées. Et les funds se dépêchent pour acheter les quantités disponibles afin de créer une rupture sur le marché mondial en renforçant ainsi leur capacité de spéculation.

Les ressources de notre terre ne sont pas inépuisables et elles sont malheureusement exploitées abusivement par des personnes qui ne pensent qu’à leurs propres profits. Avec des visions à si court terme, elles se fichent des impacts sur les populations et l’environnement à plus ou moins long terme. Ainsi, les fréquentes flambées du prix du pétrole et du gaz ne sont que les conséquences de la «cartellisation» des acteurs de ces secteurs avec des «effets papillon» dévastateurs sur tous les autres secteurs.

«L’appât du gain est humain, mais, ni l’égalité ni la solidarité n’existent en réalité dans les domaines où règne la spéculation. A moins qu’il y ai un quelconque profit à venir…. Cela va se constater de plus en plus», a alerté un économiste intervenant dans le documentaire. Et d’avertir que Wall Street et les banques centrales ne font rien pour que cela change. Pis, elles alimentent cette problématique et ne font toujours rien pour modifier ces modes de fonctionnement délétères pour tous au final.

Cette spéculation des fonds communs de placement est principalement à l’origine de la déshumanisation de notre société et elle ne génère que l’insécurité et l’angoisse pour la majeure partie des humains.

Moussa Bolly

Source : Le Matin

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