Native du populeux quartier de Bamako-coura en Commune III du district de Bamako, Katoucha a été victime de la poliomyélite qui lui a fait perdre l’usage d’une jambe à l’âge de 5 ans. A cause de son handicap, elle part à l’école avec un peu de retard. Issue d’une famille pauvre la jeune fille est cependant contrainte d’abandonner les études après le baccalauréat pour des raisons financières. 19 ans après, Kadidiatou Coulibaly parvient à les reprendre grâce à un précieux à coup de pouce de l’actuelle présidente de la Fédération malienne des associations de personnes handicapées, non moins 2è vice-président du Conseil national de Transition (CNT), Djikiné Hatouma Gakou. Elle a pu relever le challenge en obtenant une licence en gestion des ressources humaines. Un parchemin qui lui a ouvert les portes de la Direction générale des Collectivités territoriales, où elle est administratrice des ressources humaines.
Au lieu de prendre le long des rues à la recherche de l’aumône, elle a opté de transformer plutôt son handicap en une opportunité. Elle a décidé de voler de ses propres ailes en montant son premier projet de production et de vente de l’encens «Woussoulan» sous la dénomination de «Femme Handicapable». Un nom qui dit long sur ses ambitions mais aussi sa détermination. Cette aventure qui lui a réussi a duré de 2008 à 2020.
En 2019, elle a figuré dans le Top 10 des femmes entrepreneures du Projet «autonomisation des femmes vivantes avec un handicap» de l’Union malienne des associations et comités des femmes handicapées sur financement de Voice.
L’année dernière, l’association de Katoucha a bénéficié d’une subvention du Cabinet des œuvres sociales du Président de la Transition, Colonel Assimi Goïta. Une partie de ce fonds a permis à l’association d’acquérir des matériels de sonorisation. Et une autre partie a servi à faire des campagnes de sensibilisation sur le handicap et les violences basées sur le genre, avec un focus sur les femmes vivant avec un handicap.
Considérant toujours son handicap comme un atout et non une faiblesse, elle commence alors à militer au sein des associations de défense des personnes victimes d’handicap.
Présidente de l’Association culturelle et artistique des personnes handicapées, elle préside également le Comité des Femmes de l’association des paralysées du Mali dont le siège se trouve à Baco djicoroni au Centre des artisans. Avec son leadership naturel, elle devient rapidement la sécretaire générale adjointe de l’Union malienne des associations et comités des femmes handicapées. Membre de la troupe artistique «Hineso» de l’association malienne des personnes handicapées physiques, Katoucha est aussi actrice, poète et slameuse.
Pleine d’initiatives, entreprenante et audacieuse, Katoucha a créé plusieurs activités génératrices de revenus qui lui rapportent énormément.
Dynamique, cette mère d’un garçon concilie parfaitement ses activités professionnelles et sa vie conjugale. «C’est une question d’habitude et d’éducation parce que le handicap ne doit pas empêcher quelqu’un de travailler. C’est ce que mon père m’a toujours répété. Le handicap vient après, la personne est là d’abord», souligne Mme Kadidiatou Coulibaly dite Katoucha. Elle déclare n’avoir pas de problèmes avec son entourage à cause de son handicap.
Battante, elle appelle les personnes victimes d’handicap à un changement, de mentalité. Selon elle, les personnes handicapées qui pensent qu’elles sont exclues de la société à cause de leur handicap doivent changer de mentalité. Elle appelle aussi les parents à cette fin, en scolarisant leurs progénitures victimes d’handicap. «C’est d’ailleurs le but de la création des associations des personnes handicapées pour faire changer la mentalité», précise-t-elle.
De Mme Kadidiatou Coulibaly dite Katoucha, les visiteurs retiennent l’image d’une femme battante. Modeste et humble, elle garde toujours un sourire aux lèvres. Son engagement et sa détermination font d’elle une source d’inspiration.
Abdoulaye B Coulibaly
Source : Malikunafoni.ML