Ce vendredi 5 novembre 2021, le ministre de l’Industrie et du Commerce Mahmoud Ould Mohamed a animé une conférence de presse afin de présenter les efforts du gouvernement dans le cadre de la lutte contre la flambée des prix.
Accompagné par le président de la Chambre du commerce et d’industrie du Mali et le Directeur général du commerce et de la concurrence, Mahmoud Ould Mohamed, ministre de l’Industrie et du Commerce, dira que plusieurs facteurs endogènes et exogènes menacent l’approvisionnement de notre pays. Au plan national, la persistance de l’insécurité et des conflits communautaires en plusieurs endroits du centre et du nord du pays perturbe les circuits commerciaux intérieurs.
À l’en croire, cette situation, couplée à la baisse de la pluviométrie ou son arrêt précoce par endroits, laisse planer de fortes incertitudes dans l’atteinte des objectifs de la campagne agricole en cours en termes de disponibilité alimentaire. Les offres de céréales sur les marchés ruraux suivis par l’Observatoire du marché agricole (OMA) suffisent à peine à couvrir les demandes des collecteurs et des marchands en ce début de démarrage des récoltes. Au titre des facteurs exogènes, notre pays, qui importe 70% de ces besoins alimentaires, reste vulnérables aux perturbations du marché international, a-t-il précisé.
Ainsi, la reprise des activités économiques, après une année 2020 marquée par l’adoption par plusieurs pays de mesures de riposte visant à contenir la pandémie à coronavirus, se caractérise par une forte demande mondiale des produits de base, créant une vive tension sur les prix mondiaux des matières premières.
Ainsi, malgré l’adoption par le Gouvernement de transition de mesures d’incitation fiscales au cordon douanier en réponse aux effets de la Covid-19, les opérateurs économiques retenus n’arrivent pas à effectuer à souhait leurs transactions commerciales en raison de la rareté des conteneurs, du renchérissement des prix des denrées sur le marché international et des frais maritimes et logistiques.
Selon le ministre, les importations effectuées durant les trois premiers trimestres de 2021 ne correspondent qu’à quatre (04), dix (10), sept (07) et trois (03) mois de consommation nationale respectivement de riz, sucre, huile alimentaire et lait.
Il dira qu’à la date d’aujourd’hui, les stocks disponibles auprès des principaux importateurs sont évalués à 50 000 tonnes de riz, 33 000 tonnes de sucre, 6 000 tonnes de lait et 8 000 tonnes d’huile alimentaire ne couvrent que respectivement 17, 58, 60 et 20 jours de consommation nationale.
Par ailleurs, il dira que l’inadéquation entre la forte demande mondiale des produits de base et l’offre mondiale qui stagne couplée au renchérissement du coût du fret maritime et de la logistique (indisponibilité des bateaux, raréfaction des conteneurs) engendre l’augmentation de leurs cours mondiaux.
Ainsi, le cours du sucre s’établit à 502,2 dollars la tonne, en hausse de 12% par rapport au mois de juillet 2021. Celui de l’huile alimentaire est à 1 256 dollars la tonne soit une augmentation de 21% comparativement à son niveau du mois de juillet 2021. Le blé et le riz, tout comme l’huile et du sucre, connaissent des hausses de 33,13% et 4% par rapport à l’année passée culminant respectivement à 278,250 euros la tonne et 360 dollars la tonne.
À l’en croire, les différents marchés couverts par les services techniques du ministère de l’Industrie et du Commerce, les prix des produits de première nécessité relevés, au cours de la semaine du 18 au 24 octobre 2021, sont en hausse par rapport à l’année dernière à l’exception du sorgho et du lait en poudre dont les prix sont restés pratiquement stables.
Ces prix sont également en hausse par rapport au mois passé, sauf ceux de l’aliment bétail et du lait en poudre qui sont pratiquement stables. Depuis la suspension des opérations d’abattage subventionnées, la viande avec os est cédée entre 2 800 et 3 000 FCFA sur les marchés de Bamako et de Kati, soit leur niveau d’avant subvention.
Cependant, les matériaux de construction connaissent une tendance générale à la baisse. Le ciment, qui était vendu à 120 000 FCFA durant le premier trimestre 2021, est cédé aujourd’hui à 90 000 FCFA la tonne, soit une baisse de 25%. Les barres de fer à béton de 6,10 et 12 mm de diamètre, qui était vendue à 750 FCFA, 2 150 FCFA et 3 150 FCFA l’unité reviennent respectivement à 600 FCFA, 1 850 FCFA et 2 850 FCFA.
Cette situation peu reluisante affecte tous les pays du monde, qu’il soit développé ou en développement, le Mali ne faisant pas exception. En dépit de l’enclavement du Mali et de son contexte sociopolitique difficile, la plupart des produits de première nécessité coûtent moins cher, comparativement à certains pays de la sous-région.
Parlant des prix de quelques denrées et non d’autres produits, le ministre dira que le sucre qui coûte 500 FCFA le kilogramme au Mali est vendu à 700 FCFA, voire 800 FCFA dans des pays où transitent nos importations. Il en est de même pour le riz brisure, l’huile alimentaire, le carburant, les matériaux de construction, la pomme de terre, les céréales sèches. Il dira que cette situation dénote des efforts financiers considérables de l’Etat malien en termes d’abandon des droits et taxes au cordon douanier.
Le ministre Mahmoud Ould Mohamed dira que le cadre du programme jumelage le gouvernement a mis en place, la fixation des prix indicatifs plafonds du riz brisure non parfumé importé et de l’huile alimentaire en exécution d’un programme de réduction de la base taxable de 50% au cordon douanier ; l’application de prix consensuels du pain, de la farine boulangère et du ciment à travers la signature de protocole d’accord ; l’homologation du prix des hydrocarbures par un mécanisme de prise en charge du différentiel de coût de revient du gaz butane et de modulation du taux de la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP) et de la valeur en douane des hydrocarbures ; la négociation des marges des grossistes ; la surveillance du marché pour faire respecter les prix convenus.
S’agissant des mesures sociales du gouvernement, il souligne la distribution de vivres et d’aliments bétail ; transfert monétaire ; le financement des travaux à haute intensité de main-d’œuvre ; le financement des activités génératrices de revenus ; l’augmentation de salaires ; les réformes des pensions de retraite.
Aux dires du ministre, la filière farine, le prix du pain fait l’objet d’un consensus entre le gouvernement et l’ensemble des acteurs du sous-secteur au sein d’un cadre de concertation mis en place à cet effet.
En application du protocole d’accord signé le 30 mars 2021, le prix consensuel du pain aux consommateurs a été fixé à 250 FCFA pour le pain de 300g et 125 FCFA pour celui de 150g et celui de la farine aux boulangers à 20 000 FCFA le sac de 50kg au maximum. L’application du protocole a été interrompue le 1er novembre 2021 suite à une déclaration unilatérale d’augmentation du prix indicatif sur les réseaux sociaux par un groupe de boulangers mécontents de la fluctuation du prix de la farine aux boulangers.
Il dira qu’en réaction, son département a pris des mesures de représailles pour maintenir l’ordre commercial et faire respecter les prix consensuels fixés. Et qu’à cet effet, le cadre de concertation a été mis en place auprès de son département.
Adama TRAORE
Source: La Preuve