Le Mali dispose d’une flore abondante et diversifiée qui permet aux abeilles de s’approvisionner en nectar et pollen et de produire un miel de qualité. Aussi, les producteurs de miel du pays disposent, aujourd’hui, de nouvelles techniques pouvant leur permettre d’accroître et d’améliorer leur production. L’apiculture offre des opportunités à saisir pour résoudre le problème d’emplois, améliorer les revenus des ménages et assurer la sécurité alimentaire. Elle est, selon ses acteurs, une activité d’intérêts multiples, notamment économique, écologique, alimentaire et thérapeutique.
C’est pourquoi le gouvernement accorde beaucoup d’importance à cette filière émergente. Déjà, les objectifs de production de miel pour les campagnes agricoles 2019, 2020, 2021 sont estimés, respectivement à 850, 1.520 et 1.670 tonnes de miel (9è session du Conseil supérieur de l’agriculture, mars 2019, ndlr). Selon ces prévisions, on peut affirmer que l’apiculture est une filière qui se professionnalise et qui figure déjà en bonne place parmi les filières émergentes, grâce à l’engagement des autorités et aux soutiens des partenaires techniques et financiers.
Pour accroître la production et améliorer la qualité du miel et de la cire, le gouvernement, à travers le ministère de l’Élevage et de la Pêche, a mis l’accent sur l’amélioration des techniques de production, de récolte, de transformation et de conditionnement du miel et l’équipement des apiculteurs.
L’accès des producteurs à la formation et l’acquisition des kits d’apiculture a permis aux apiculteurs d’augmenter la production de miel et la qualité, répondant ainsi aux normes standard pouvant permettre son exportation. Les apiculteurs ont désormais entre leurs mains toute la technologie qui leur permettra de fournir un produit labélisé, qui pourra être vendu dans les supermarchés des plus grandes villes. Avec ces équipements, ils peuvent produire plus de miel et de cire tout en préservant les colonies d’abeilles qui étaient auparavant exterminées par le feu du fait de l’extraction traditionnelle du miel.
L’acquisition des équipements offerts par l’État a permis à Seydou Dolo de produire plus de miel que d’habitude. Ce producteur écoule sur le marché local plus de 50 litres de miel par jour. L’activité constitue pour lui une véritable source génératrice de revenus pour toute sa famille. Les effets positifs de la consommation du miel ne sont plus à démontrer. Mais, cet aliment nutritif fait souvent l’objet de fraudes qui le dénaturent, notamment par ajout de sucre par les revendeurs, fait remarquer Assétou Diarra, une revendeuse.
Pour Boubacar Ballo, un autre revendeur, les lignes sont entrain de bouger puisque notre pays est très avancé dans l’exportation de miel vers les pays européens. «L’apiculture a un lendemain meilleur, car, il y a la volonté d’aller de l’avant et dans l’intérêt de beaucoup de producteurs», dira-t-il, avant d’ajouter que le secteur peut être mieux valorisé, s’il bénéficie d’investissements adéquats et d’une bonne organisation des acteurs.
Pour améliorer la production, certains producteurs s’organisent en groupement, association ou coopérative. Ces différents groupements créent des réseaux de distributions dans les alimentations et grandes boutiques à travers la ville de Bamako. Avec l’implication de toutes les parties prenantes, l’appui du Bureau interafricain des ressources animales de l’Union africaine (UA-BIRA), à travers le projet «Abeilles», a permis à notre pays de mettre en place une plateforme apicole nationale. Cette plateforme a pour objectif de contribuer au développement de l’apiculture pour faciliter la mobilisation des acteurs, la mise en œuvre des décisions de la Plateforme apicole africaine. Aussi, elle pourra rassembler et coordonner les actions et les intérêts des parties prenantes, en tant que mécanisme national.
Malgré ces atouts de la filière apicole, les professionnels évoquent certaines difficultés. Selon Bouba Diarra, les producteurs de miel sont désorganisés et cette mauvaise organisation joue sur le développement de la filière. À cela s’ajoute le manque de financement des projets apicoles. Bouba Diarra explique que pour faire de l’apiculture, il faut disposer des moyens nécessaires et suivre une formation professionnelle. Or, l’accès à ce financement est très difficile et ce, malgré les efforts du ministère de l’Élevage et de la Pêche. Aussi, souligne-t-il, la filière apicole n’a pas beaucoup de partenaires techniques et financiers. Bouba Diarra demande le soutien des autorités pour inciter les jeunes à aller vers la filière apicole.
Une chose est de produire et une autre est de tirer des bénéfices de la production. Ainsi, les acteurs évoquent également des contraintes liées à la commercialisation, les produits apicoles n’étant pas bien commercialisés. Selon Mamadou Fomba, producteur de miel, le secteur apicole fait face à un problème d’organisation des acteurs impliqués dans la production. «Chacun agit de son côté et vend à son prix.
Certains vendent le litre à 1.500 Fcfa, d’autres à 1.000 Fcfa, toute chose qui ne permet pas aux producteurs de profiter de leur activité. Il ajoute que les autorités et les partenaires techniques et financiers doivent en tenir compte afin d’y apporter des solutions. Mais malgré ces difficultés, renchérit Mamadou Fomba, l’apiculture malienne a des lendemains meilleurs.
Anne-Marie KEÏTA
Source : L’ESSOR