En effet, pour autant que la révision de la charte de la Transition et de la nouvelle loi électorale semblent ouvrir la brèche et baliser le terrain à une plausible candidature de l’une des cinq autorités militaires qui tiennent d’une main de fer l’appareil d’Etat, le portrait-robot du président idéal de la future république post-transition peine à se dessiner pour diverses raisons dans la tête de bon nombre de Maliens avisés. Il tient d’une part de la grande méfiance – peut-être justifiée et probablement subtilement entretenue par la transition – qu’affiche la population à l’égard des potentiels candidats issus de la sphère politique. D’autre part le déficit criant de crédibilité des richissimes candidats apolitiques, qui veulent pour des raisons ténébreuses s’adjuger le privilège d’élire domicile dans la somptueuse résidence de Koulouba en profitant de la vénalité notoire de l’électorat malien et de sa propension à céder au populisme.
Par ailleurs, la perte d’influence des leaders religieux et de l’ex puissance coloniale, jadis faiseurs de roi, pourrait laisser espérer une redistribution des cartes à la prochaine élection présidentielle et un jeu électoral plus équitable sans la candidature de l’un des cinq colonels. On est pour l’heure à des années lumières d’être convaincu qu’un tel scénario l’emportera sur le schéma d’une grande coalition politico-civile contre une probable candidature du colonel Assimi Goita. Lequel se privera difficilement de l’opportunité apparemment taillée sur mesure dans la nouvelle loi électorale.
En attendant, au Mali on ne sait vraiment plus à quels saints se vouer dès que ressurgit le virulent débat sur le choix du futur président de la république. Et là où le bât blesse c’est qu’on est encore à presque deux années environ de cette tumultueuse échéance électorale qui s’annonce.
Ousmane Tiemoko Diakité