Dix-huit candidats à l’élection présidentielle conditionnent leur participation au reste du processus par la satisfaction des irrégularités constatées lors du scrutin et des recommandations formulées par les observateurs de l’Union Européenne. Dans une déclaration commune rendue publique hier au cours d’une conférence de presse, ils exigent la démission du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf.
Depuis l’annonce des résultats provisoires du premier tour de l’élection présidentielle du 29 juillet par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le collectif des 18 candidats du présidentiel est à pied-œuvre pour dénoncer les irrégularités de ce scrutin. A la faveur d’une conférence de presse organisée hier à la Maison de la Presse, ils ont incriminé le régime pour avoir bafoué la volonté du peuple malien en truquant les résultats de cette élection. « Bourrage d’urnes massifs dans le nord et le centre du pays, cartes d’électeurs indisponibles dans de nombreux bureaux de vote, fichier électoral vicié mis en ligne, trafic de procurations, irrégularités durant l’ensemble du processus de transmission et de compilation des résultats, incohérences flagrantes entre les suffrages exprimés en pourcentage et le nombre de voix attribuées, égarements de procès-verbaux de dépouillement, impossibilité de vérifier le nombre exact de localités dans lesquelles le scrutin ne s’est pas tenu… », dénonce le collectif.
Pour le candidat de l’URD, Soumaila Cissé, les résultats provisoires annoncés ne reflètent pas le vote des Maliens. « Ils ne sont ni sincères ni crédibles. Ce sont des résultats manipulés que nous dénonçons avec force », a-t-il ajouté.
Selon lui, le scrutin a été émaillé de graves et multiples anomalies sur l’ensemble du territoire national : « Il s’agit de l’utilisation abusive des moyens de l’Etat par le président de la République sortant, candidat à sa propre réélection, la propagande de l’ensemble du gouvernement sur le prétendu bilan du président de la République faussant ainsi de façon flagrante l’égalité de traitement des candidats en période électorale notamment par les médias publics, le retrait massif de cartes d’électeur par des personnes non titulaires et non habilitées, la corruption et achat du vote des électeurs à ciel ouvert et autres ».
« Le port de T-Shirts et casquettes par les partisans du candidat Ibrahim Boubacar Kéita lors de son meeting électoral tenu le 23 juillet 2018 à Libreville (Gabon) était une violation de la loi électorale », s’est indigné M. Cissé.
Outre les recours en annulation déposés auprès de la Cour Constitutionnelle par plusieurs candidats, le collectif exige le recomptage contradictoire des voix et la publication des résultats bureau de vote par bureau de vote, la publication de la liste exhaustive des localités et des bureaux de vote où le scrutin n’a pas pu se tenir. « Tant que cette liste n’est pas connue et vérifiée par les missions d’observation, le pouvoir peut en toute impunité produire des résultats dans des bureaux de vote officiellement ouverts mais dans lesquels les électeurs ne s’y sont pas rendus faute de sécurité.
« Un coup d’état électoral »
Pour avoir orchestré un coup d’Etat électoral, le collectif des candidats à l’élection présidentielle exige la démission du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf, pointé du doigt pour être le principal responsable du hold-up électoral.
Soumaïla Cissé invite les Maliennes et les Maliens à la mobilisation: « Solennellement et dans un esprit de responsabilité, les candidats en appellent à la mobilisation et au rassemblement du peuple malien pour faire échec à ce qui se trame : un coup d’état électoral. Le Mali mérite mieux que cette comédie électorale sur fond de fraude à huis clos. Les Maliennes et les Maliens ont droit à la vérité des chiffres. Nous en appelons aussi à la communauté internationale pour qu’elle prenne ses responsabilités et qu’elle n’attende pas la fin du processus électoral pour dénoncer les graves dysfonctionnements qui entachent cette élection présidentielle. Si ces conditions ne sont pas remplies et si chacun ne prend pas toutes ses responsabilités, nous en tirerons toutes les conséquences. Le pouvoir sortant en portera l’entière responsabilité… ».
Me Mohamed Aly Bathily, Me Mountaga Tall, Choguel Kokalla Maïga, Oumar Mariko, honorable Amadou Thiam sont revenus sur la situation de la Cour constitutionnelle. Pour eux, elle est face à ses responsabilités contre une mascarade électorale orchestrée par le gouvernement.
Bréhima Sogoba
Source: L’Indicateur du Renouveau