Lors de son audition qui a duré quatre heures environ, Bakary Togola pensait avoir convaincu les membres de la Cour que les 9 milliards de F CFA qu’on lui reproche ont été mis dans les formations, sensibilisations, les campagnes et parfois les salaires des employés. Selon lui, sa gestion durant les années 2013 à 2019 était bonne, ajoutant qu’il n’y a eu aucun détournement de sa part et dénonçant une cabale politique.
Mais sa stratégie de dénégation pour se défendre dans cette affaire rocambolesque a essuyé un revers cinglant avec le témoignage de Fadiala Coulibaly, le comptable de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC), non moins dénonciateur principal dans ce dossier.
“La gestion de Bakary Togola était tout sauf la transparence. Cette somme a été détournée. Un jour, je lui ai dit que la façon dont il gère cette somme n’est pas bonne. Il m’a fait savoir que sa gestion ne me concerne pas, mais qu’il est le seul et unique responsable de sa gestion”, a déclaré Fadiala Coulibaly.
“M. le président, je sais qu’il vous a dit que cette somme a été utilisée pour faire des formations, des campagnes de sensibilisations et autres. Je vous avoue que ce n’est pas vrai. Toutes les formations ont été entièrement financées par l’Agence française de développement (AFD) à travers le projet Pase II. En ma qualité de comptable, je n’ai pas eu connaissance que la Confédération a organisé sur fonds propres des formations. J’ai à ma disposition des preuves que cette somme a été utilisée à des fins personnelles”, a martelé M. Coulibaly.
Le témoignage de Fadiala Coulibaly a accablé Bakary Togola et désorienté également ses avocats. D’ailleurs l’avocat principal de Bakary Togola a dû quitter la salle avant même que celui-ci ne finisse de témoigner.
Le comptable de la Fédération de Sikasso, Mamadou Togola a enfoncé le clou en affirmant qu’il ne se souvient pas d’une seule formation organisée par la Confédération moins encore la Fédération de Sikasso.
“Lorsque j’ai pris mes fonctions en tant que comptable de la Fédération, mon prédécesseur m’a remis l’état des finances. Nulle part, on n’y trouve des traces de formation ni de la Fédération encore moins de la Confédération. Je me souviens des deux formations qui ont été organisées et financées par l’Agence française de développement dans le cadre du projet Pase II”, témoignera le comptable.
“Certes la Confédération fait des virements sur le compte bancaire de la Fédération, je ne sais pas ce qu’ils font de l’argent parce qu’en plus du comptable, la Fédération a aussi son trésorier”, a-t-il ajouté.
Après la phase des témoignages, la parole a été donnée aux avocats de la partie civile (Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton, syndicats des exploitants agricoles de Kita et le contentieux de l’Etat). Dans leurs plaidoiries, elles ont affirmé mordicus qu’il y a eu bel et bien atteinte aux biens publics et qu’il ressort des débats et des témoignages pointus de Fadiala Coulibaly que Bakary Togola est le principal responsable de ce détournement.
La nouvelle semaine qui vient de commencer sera décisive. La parole sera donnée au ministère public pour ses réquisitoires puis aux conseils des accusés pour leurs plaidoiries. Après cette ultime étape, la Cour se retira pour établir la culpabilité ou non de Bakary Togola à travers une série de questionnaires résultant de l’arrêt de renvoi et des débats au prétoire.
En tous les cas, s’il est reconnu couple, Bakary Togola encourt la perpétuité.
Ousmane Mahamane