Depuis belle lurette, la partie sud du Mali est de plus en plus dans une tourmente qui ne dit pas son nom. Il s’agit de la localité de Manankoro, cercle de Bougouni. Seulement à 160 Km de Bougouni, la commune de Sibirila est la limite du Mali-sud. Elle est contiguë à la localité d’Odienné (côté Côte d’Ivoire) et la commune de Fakola et Garalo (Mali).
Cette partie de notre territoire a toujours été l’objet de contestation entre les paysans. Nous avons assisté, au temps de l’Udpm, à l’envoi de Kafougouna Koné, alors capitaine, pour résoudre moult malentendus : litige électoral, problème de champs ou de pâturage des animaux ou tout simplement de cartographie des deux pays.
Toutes ces démarches ou tout simplement d’explications n’ont pas permis de régler définitivement ce contentieux entre les paysans du Mali et ceux de la Côte d’Ivoire. La zone de Dibirila ‘Mali’ et Goulilia (Côte d’Ivoire) est habité essentiellement de Bambara, Peulhs, de Koyâka, et tout dernièrement de Minianka venus de Koutiala. Une zone sérieusement fertile en culture de tout genre : coton, millet, mil, sorgho et surtout maïs et igname. La pêche est riche de part ses ressources, le pâturage est très dense à tel enseigne que tous les peulhs de Macina, Mopti et ailleurs en ont fait leur zone de prédilection pour paitre leurs animaux pendant la saison sèche. A l’ombre de tout cela, des Ivoiriens lambda ont voulu réveiller le vieux démon ivoirien, c’est-à-dire la rébellion. Tout en s’armant de flèches, de fusils de guerre, de sagaies et de gourdins pour prendre en long et en large la bande frontalière qui sépare les villages de Sirakoro, Dougoudan et Bamba, côté malien, et seulement Troudjo côté ivoirien.
Ces deux villages maliens sont séparés de la Côte d’ivoire par une rivière et des mares. Selon les habitants de Troudjo, cette zone est et demeure leur patrimoine coutumier depuis des siècles. Et selon les deux villages du Mali, Troudjo a été installé à leur soin, même s’il fait partie de la Côte d’Ivoire aujourd’hui ou même si les habitants de troudjo ont des moyens humains ou financiers pour les affronter à propos de leur terre. Cela fait plus de quatre mois qu’aucun paysan cultivant dans cette bande n’est libre dans ses activités à cause des groupes de jeunes et vieux de ce village ivoirien qui se sont constitués en groupe d’auto défense pour chasser les Maliens de leur champ. Cette année a été plus rude que toutes les années passées. Si d’autres Maliens ont eu le temps de semer, certains par contre n’ont pas eu le temps de récolter leur champ tellement la braise est palpable dans cette zone. Malgré l’envoi dans la zone du Préfet de Odienné, les jeunes et vieux campent toujours sur leur position. Du côté malien, la gendarmerie a été envoyée seulement comme éclaireur mais n’a pas dit ou montré la limite réelle du territoire même si ce n’est pas de leur ressort. Mais pour les Ivoiriens, la rivière semble être la limite potentielle même si Troudjo a été installé par d’autres Maliens. Le torchon brûle depuis des années mais pour cette année, cela a pris une proportion de plus en plus inquiétante et préoccupante. Les autorités ivoiriennes ont pris le problème au sérieux, tandis que les nôtres sont éternellement pris en otage par le seul Kidal qui ne saurait être la seule partie ébréchée du territoire malien, les cas de la forêt de Ouagadou et la commune de Sibirila (Manakoro) attendent.
Matala MOCK, Correspondance particulière