La population malienne entretient en lui-même un véritable paradoxe qui s’avère être la principale source des problèmes de ce pays. Un peuple qui se caractérise par son indécision quand il s’agit de travailler à rehausser le pays.
S’il y a un mal qui gangrène la société malienne aujourd’hui, c’est bien un problème de citoyenneté. La fermeté doit être le cheval de bataille d’un véritable citoyen qui reconnait sa valeur intrinsèque en tant que force transformatrice au sein de la société. Mais les citoyens maliens ont sacrifié cette valeur à l’autel des intérêts personnels. Le particulier prime ainsi sur l’universel et engendre tout ce que nous constatons comme inconvénient aujourd’hui. Les politiques ne les respectent plus et par ricochet sacrifient les intérêts de la nation tout entière. Exploités, ces hommes et femmes continuent à faire le panégyrique de leurs fossoyeurs.
Le pire, c’est que c’est un peuple qui veut une chose et en même temps ne veut pas cette même chose. Cela constitue le principal paradoxe qu’il nourrit volontairement en son sein. Nul n’est sans savoir que le régime actuellement en place a été applaudi par tous les citoyens maliens lorsqu’il arrivait au pouvoir en 2013. Chacun voyait en lui la solution aux problèmes de la nation malienne. Il a fallu attendre juste moins d’une année pour entendre des cris de détresse de la part de ce peuple ayant voté pour lui. Dans ces circonstances, nul ne pouvait croire, qu’en 2018, ce peuple qui se disait déçu de cinq ans de gouvernance catastrophique allait à nouveau donner sa voix à ce même régime.
Certes, d’aucuns trouvent qu’il y a eu une pratique de bourrage d’urnes, de fraudes légalisées, etc. mais qu’à cela ne tienne, personne parmi ce peuple n’a eu le courage de dénoncer quoi que ce soit. Au contraire, il accepte de devenir une marionnette entre les mains de ces mêmes hommes qui les divisent pour mieux atteindre leurs objectifs. Plusieurs associations en place, des mouvements de soutiens partout, des consignes de vote en vrac. Tous ceux-ci ne sont que des moyens de défense d’intérêts personnels.
Les citoyens maliens sont comme des papillons qui ne peuvent jamais rester stables sur le même lieu. Ils se promènent à la recherche de leurs intérêts. Balayés par le vent de l’indécision, ils s’accrochent au faîte d’une herbe. Ils ne se rassemblent jamais si ce n’est pour comploter sur le dos de la nation. Tous les rassemblements qui se font ou que nous constatons ne viennent que pendant les périodes électorales, comme feraient les abeilles qui ne se retrouvent qu’autour du nectar. Mais le paradoxe qui règne à ce niveau est l’inconscience de ce peuple de toutes ses potentialités.
Il conviendrait alors que les citoyens prennent conscience de toute leur capacité d’abeille. À l’instar de celle-ci, ils doivent savoir se défendre et défendre leurs semblables ainsi que leur nation. Le papillon doit se défaire de ses ailes et accepter de rester au sol, signe d’endurcissement et en même temps d’imprégnation des réalités de son pays. Il faudrait que les Maliens se reconnaissent comme des papillons et des abeilles, mais des « papillons-lutteurs ».
Il n’y a de véritable citoyenneté que par l’engagement pour la défense des causes de la patrie. Cette prise de conscience est nécessaire pour la sauvegarde des intérêts de la nation malienne. Il y va de l’intérêt général en cette période critique où tout vacille et risque de chambouler. Seuls les citoyens peuvent empêcher ce drame qui ne servira qu’à enfoncer davantage ce pays dans un profond précipice. Le peuple malien doit alors se débarrasser de son paradoxe et réunir sa volonté en un tout-puissant pour relever le défi.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays