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Présidentielles de 2018 : Qui saute des étapes risque d’accuser un retard énorme !

À quelques mois  de l’élection présidentielle dont le 1er tour est prévu  pour le 29 juillet prochain, l’ambiance n’est qu’aux campagnes. Les préalables sont oubliés. Ce qui risque de compromettre la tenue de cette élection à la date indiquée.

Sur toutes les lèvres : les investitures, les déclarations de candidature, les créations de clubs de soutien, l’entrée ou la sortie de tel parti de telle ou telle coalition. Celles-ci sortent de terre comme des champignons. Chaque semaine,  de nouvelles  coalitions  pour mutualiser les forces au  premier tour ou  au deuxième tour. Les escroqueries politiques se multiplient.  Cela se voit par des engagements non tenus par certains partis politiques qui font le tour de chaque coalition. Du nomadisme politique en recrudescence.

Outre ces aspects purement politiciens, des associations citoyennes fleurissent de jour en jour dans un but hypocrite de soutien à tel ou tel parti. Ces associations sont bourgeoises, elles ne visent qu’à soutirer de l’argent aux hommes politiques.

Ces comédies politiques donnent l’impression que la préoccupation cardinale des hommes politiques, des autorités de l’État constituent juste l’organisation et la tenue de l’élection à la date indiquée. Cette volonté laisse planer des doutes. Il s’agirait d’une démarche hypocrite et corruptrice. Il n’est de secret pour personne  que nous ne devons pas brûler les étapes.  Comment vouloir tenir une pareille élection dans un pays dont la majorité du territoire se trouve sous menace terroriste ou est victime  de guerres intercommunautaires ?

Les autorités de l’État ont juste sauté les étapes essentielles de l’organisation de l’élection présidentielle. Or, qui saute des étapes risque d’accuser un énorme retard. L’apaisement des zones sous haute insécurité devrait constituer la première étape. La réinstauration d’un climat de confiance  entre les  Peuls et les Dogons, les Peuls et les Bambaras à travers l’instauration d’un espace de dialogue entre les différentes communautés.

Le dialogue dans la résolution des crises est une tradition dans notre pays. Sinon, comment expliquer l’existence des arbres à palabre dans nos sociétés traditionnelles ? Ils servaient de lieux de délibération, des formes d’Assemblées nationales où les remous entre les populations sont résolus en punissant les coupables à travers des peines votées à cet effet, où les grandes décisions touchant la vie de la nation sont discutées. Cette valeur doit être réactivée pour un Mali uni et plus fort.

L’apaisement une fois obtenu, le retour des autorités dans lesdites zones doit être ipso facto organisé afin d’endurcir la confiance des citoyens entre eux et entre les citoyens et les gouvernants. Au lieu qu’ils voient les dirigeants en ennemis ou comme étant à la base de toutes les exactions dans leur zone, ils les verront comme des protecteurs. L’acceptation de la multiplicité dans l’unité est  indispensable si le Mali veut tenir des élections transparentes, crédibles et apaisées.

La violation de ces étapes non moins importantes laisse penser le non-lieu de cette élection présidentielle à la date du 29 juillet. Aucun entêtement ne peut permettre au Mali d’organiser une bonne élection dans la situation que traverse le Pays présentement au centre comme au Nord. Des crises qui s’accentuent chaque jour davantage au fur et à mesure que l’élection s’approche.

Loin d’être pessimiste, je pars juste du constat de l’état actuel d’insécurité au sein de la nation malienne. Des exécutions sommaires, des alertes d’arrestations de supposés terroristes, des attaques-surprises, des manifestations aussi bien dans la capitale que dans les régions. Tous ceux-ci raffermissent davantage ma foi en me donnant la conviction que si le Mali ne retourne ne pas combler le saut consommé, la tenue de l’élection présidentielle sera difficile, voire impossible, en juillet prochain.

Hélas ! Le président qui ne voit pas plus que le bout de son nez pense que ce scrutin sera le plus inclusif possible sur le continent. Il a tenu ces propos le lundi 18 juin dernier lorsqu’il répondait à une invitation des enfants à l’occasion de la journée de l’enfant Africain : « rarement processus électoral sur notre continent aura été aussi inclusif, aussi transparent. » Ces propos ne peuvent venir que d’un dirigeant qui minimise la situation insécuritaire de son pays. Le Mali est au bord du gouffre et le chef de l’Etat crie sur tous les toits que tout va bien. C’est ce que nous appelons de l’indifférence. Celle-ci constitue un vice dans cette situation et ne peut permettre une résolution sereine des problèmes dont souffrent les Maliens.

Fousseni TOGOLA

Source: Le Pays
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