Au Mali, le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a été réélu avec 67,17% des voix. Les résultats du second tour de l’élection présidentielle ont été proclamés ce 16 août au matin par le ministre de l’Administration territoriale. IBK est donc réélu pour un second mandat de cinq ans à la tête du pays, malgré un premier bilan en demi-teinte.
S’il a fait des efforts sur le plan de la croissance économique et dans le secteur agricole, son bilan reste plus négatif sur le plan sécuritaire. Depuis son arrivée au pouvoir, en 2013, l’insécurité a gagné du terrain dans le centre du pays. L’accord de paix signé en 2015 entre le gouvernement malien et les groupes armés du Nord n’est toujours pas appliqué.
Comment expliquer alors qu’IBK n’ait pas été sanctionné dans les urnes ? Plusieurs facteurs ont joué en la faveur d’Ibrahim Boubacar Keïta, réélu ce 16 août à la tête du Mali avec 67,17% des voix, à commencer par son statut de président sortant.
« Généralement, le président sortant est favori pour une réélection, en dépit ou quel que soit le bilan, rappelle Gilles Yabi, le fondateur du think tank ouest-africain Wathi, qui y voit un atout de poids. Il y a un certain nombre d’avantages qui vont au président sortant, notamment le fait qu’il incarne déjà, puisqu’il est président, une forme d’autorité de l’Etat. Lorsqu’on ajoute la situation particulière du Mali, les difficultés dans lesquelles le pays est plongé, on peut penser qu’un certain nombre d’électeurs n’étaient pas motivés pour aller voter ou ne l’étaient pas pour soutenir une forme de changement qui pouvait déstabiliser encore davantage une situation déjà compliquée ».
Ce statut de président sortant a également assuré à IBK une visibilité supérieure à celle de ses concurrents. Sa tournée à travers le pays a été très médiatisée, notamment sur les réseaux sociaux. La combinaison de tous ces facteurs a permis à IBK de rassembler et de séduire une partie de l’électorat.
« On a affaire à un électorat qui peut se définir comme étant très contrasté, estime l’universitaire malien Ismaïla Samba Traoré. Il est essentiellement rural. Il n’est pas forcément urbain. Il y a énormément de petites villes secondaires, de villages, de communautés où le discours d’un parti au pouvoir, d’un président en exercice, est très prégnant ».
Opposition dispersée
Au premier tour, Ibrahim Boubacar Keïta avait par ailleurs en face de lui 23 candidats. L’opposition est donc apparue émiettée et dispersée. Au second tour, l’opposant Soumaïla Cissé n’est pas parvenu à incarner, aux yeux des électeurs, une perspective de changement majeur pour le pays. Il gravite en effet depuis longtemps au sein de la sphère politique malienne.
Du fait de son statut de président sortant, IBK n’a pas bénéficié de la même visibilité des mêmes moyens ni des mêmes soutiens qu’en 2013, lors de son arrivée au pouvoir, notamment sur le plan religieux. « La stratégie utilisée par le président de la République IBK par rapport à la conquête du pouvoir en 2013 n’est pas du tout la même, diagnostique Thiambel Guimbayara, directeur de publication à La Voix du Mali . On voit malheureusement moins le poids des religieux dans cette campagne. Il faut d’ailleurs le rappeler, le chérif de Nioro a appelé à voter contre le président de la République et d’autres mastodontes de ce paysage religieux au Mali, tel que le président du Haut conseil islamique malien, Mahmoud Dicko, qui en a fait autant. La place du religieux a changé. On a compris que ce sont les associations, la ligue des imamats, les jeunes de Sabati qui ont fait le boulot sur le terrain ».
La combinaison de tous ces facteurs a donc permis au président IBK d’être réélu pour cinq ans. L’engouement pour cette élection présidentielle est cependant loin d’être massif. Le taux de participation au second tour s’élève à seulement 34,54%. A peine un peu plus d’un tiers des citoyens inscrits sur les listes électorales se sont rendus aux urnes dimanche dernier, le 12 août.
Source: RFI