Si le jeu politique est bloqué par l’impossibilité d’alternance démocratique, participer à une élection de plus ne fera pas avancer la conscience populaire sur les enjeux véritables du changement !
Face à une situation où les divisions de l’opposition malienne apparaissent récurrentes, où déjà des candidats issus de ses rangs ou s’en réclamant sont prêts à se lancer dans la course au fauteuil présidentiel, il est utile d’essayer de comprendre les motivations qui sous-tendent ces candidatures.
Moussa Mara de Yéléma, Yeah Samaké, du PACP, Soumaïla Cissé de l’URD, Modibo Sidibé de Fare/An ka wuli, Oumar Mariko de Sadi… peuvent-ils dire aux millions de citoyens maliens, en les regardant droit dans les yeux, qu’ils sont convaincus au plus profond de leur être de porter leur espoir de changement réel, en ayant une chance sérieuse de l’emporter face à IBK si jamais ce dernier se déclarait candidat ?
Combien de suffrages sont-ils chacun en mesure d’agréger sur leur nom pour constituer une force politique susceptible de dynamiser un mouvement populaire de masse ? Seul, éventuellement, Soumaïla Cissé, pourrait se glisser dans les habits de challenger crédible au plan national en face d’IBK.
Mais pour avoir joué ce rôle lors de l’élection présidentielle de 2013, et s’être confronté à l’implacable machine électorale du RPM, Soumaïla Cissé, sait que depuis 2013, aucune évolution positive des institutions du Mali, n’a été obtenue, du fait de l’obstination du président Ibrahim Boubacar Kéita à faire bouger les lignes quant aux réformes promises dans l’Accord de paix issu du Processus d’Alger.
Au vu des manœuvres des barons du RPM, parti au pouvoir, pour organiser l’élection de manière non consensuelle, tout semble indiquer qu’en 2013, comme en 2018, ce n’est pas la vérité des urnes qui désignera le prochain président du Mali. Soumaïla Cissé, en politicien courageux et rompu aux arcanes de la politique malienne, le sait.
Il n’aurait aucune chance de remporter l’élection présidentielle, après les tripatouillages de la Commission électorale nationale “dite” indépendante (Céni) et à l’issue des délibérations autour du tapis vert de la Cour constitutionnelle.
Il est alors intéressant de s’interroger pour tenter de comprendre si la loi adoptée en 2013 par l’Assemblée nationale, officialisant le statut de chef de file de l’opposition, assorti d’un certain nombre d’avantages et privilèges, n’est pas la carotte agitée sous le nez d’une certaine opposition pour la contraindre à participer, “malgré elle”, à un scrutin qu’elle sait perdu d’avance ?
L’opposition politique malienne feint d’oublier que “si l’original d’un événement historique est une tragédie, sa copie n’est qu’une farce”. Mais après tout, le sort des compétiteurs n’est qu’un épiphénomène, en regard de l’immense désillusion et frustration qui ne manqueront pas d’affecter le peuple malien.
Assi de Diapé
Le Point