La nouvelle de la démission du général de brigade Moussa Sinko Coulibaly des forces armées de défense et de sécurité a surpris de cours beaucoup de Maliens. Mais pas les observateurs avertis de la scène politique. Dans son édition du jeudi 30 novembre 2017, le journal Le Sphinx titrait: «La candidature de Moussa Sinko Coulibaly se précise». Coïncidence ou pas, c’est le même jour que la lettre de démission de l’ancien ministre de l’Administration territoriale tombait sur la table du président de la République, chef suprême des armées.
La démission de l’ancien ministre de la transition, chargé de l’Administration territoriale, Moussa Sinko Coulibaly, des forces armées, suscite les commentaires et supputations. Elle déchaîne les passions. Chacun y va de son côté. Si certains pensent que cette démission serait liée à une certaine déception de la gestion de celui (IBK) que la junte a aidé à prendre le pouvoir, d’autres n’hésitent pas à dire qu’il nourrissait des ambitions politiques depuis qu’il a pris goût au pouvoir, en 2012.
Un passage de sa lettre de démission conforte les tenants de cette thèse lorsqu’il écrit: « … Ce choix est lié à mon ambition de vouloir contribuer autrement à trouver des solutions aux défis politique, économique, éducatif, culturel et social auxquels notre pays est confronté…»
Déçue par la gestion du président IBK et de la clase politique malienne vieillissante, la France verrait dans cet ancien officier malien de Saint Cyr une pièce de rechange crédible. L’histoire nous enseigne que les officiers maliens qui réalisent les coups de force ont fait des passages dans les écoles militaires françaises comme Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré (ATT). Il ne serait donc pas surprenant si Moussa Sinko Coulibaly démissionnant de l’armée venait à obtenir les faveurs de la France.
Sur le plan interne, bien d’indiscrétions énumèrent déjà des partis politiques devant soutenir la candidature à la présidentielle de 2018 de l’officier démissionnaire. Selon ces indiscrétions, les partis politiques tapis dans l’ombre et qui seraient tentés de le soutenir s’appuient sur la nécessité d’un changement véritable dans notre pays, tant il est vrai que la classe politique malienne s’est sérieusement discréditée au cours de vingt-six (26) ans de gestion des affaires par ceux qui se font appeler démocrates.
Mais le revers de la médaille pour Moussa Sinko pourrait être qu’il n’est vraiment pas connu sur la scène politique nationale (hormis son court passage à l’Administration territoriale sous la transition 2012-2013).
D’autre part, il serait peu probable qu’il obtient le soutien du général Amadou Haya Sanogo et de ses hommes quand on sait qu’il n’y aurait pas de lune de miel entre les deux (02) hommes.
Aussi, le démissionnaire pourra-t-il avoir les mains libres pour concourir à la magistrature suprême si IBK devrait prétendre faire un second mandat à la tête du pays. Cela semble prévisible quand on sait qu’une fois goutté aux délices du pouvoir, il n’est pas facile de renoncer chez nous au fauteuil présidentiel. Surtout qu’il y a des intérêts matériels et financiers en jeu.
Fodé KEITA
LETTRE DE DEMISSION DE L’ARMEE DE MOUSSA SINKO COULIBALY
Son excellence monsieur le président de la République, Chef suprême des Armées
Objet: Démission de l’Armée
Excellence monsieur le Chef suprême des Armées
J’ai l’honneur de vous présenter ma démission des forces armées à compter de ce jour 30 novembre 2017.
Ce choix est lié à mon ambition de vouloir contribuer autrement à trouver des solutions aux défis politique, éducatif, économique, culturel et social auxquels notre pays est confronté.
J’ai été honoré de servir au sein des forces de défenses et de sécurité. Je continuerai à servir mon pays en tant que civil partout ou besoin sera.
Je remercie tous ceux qui m’ont fait confiance tout le long de cette carrière. Je reste disposé à œuvrer au renforcement de ces relations de confiance.
Je tiens copies de cette lettre à la disposition de toutes les Organisations qui seraient intéressées.
Je vous saurais gré, excellence, de bien vouloir communiquer cette démission aux institutions et services de l’Etat.
Veuillez agréer, Monsieur le Chef suprême des Armées, l’expression de ma très haute considération.
Moussa Sinko COULIBALY
Source: Inter De Bamako