Faunes et flores, il ne reste plus rien d’important au Mali. Par égocentrisme, si nous pouvons le qualifier ainsi, ces endroits naturels qui nous restent les plus chers, sont cédés à des particuliers contre espèce sonnante et trébuchante. Aucun texte n’est respecté et le mal s’étend à longueur de journée.
Il est impensable, mais voyons c’est la pure vérité au regard des documents qui viennent en témoin. Une grande partie des forêts classées qui fait l’honneur du Mali part en fumée ou est utilisée à des fins soi-disant d’élevage. Rien n’est respecté, ni les textes encore moins l’étude des impacts de ces pratiques illégales sur l’écologie et les habitants qui sont proches de ces sites.
Le fonds d’aménagement et de protection des forêts et le fonds d’aménagement et de protection de la faune sont gérés dans la plus grande opacité sans programme ni rapport:
Les recettes perçues à l’occasion de l’exploitation du domaine forestier de l’Etat sont reparties comme suit :
-80% pour le fonds d’aménagement et de protection des forêts
-20% pour les budgets des collectivités territoriales
Les recettes perçues à l’occasion de l’exploitation du domaine faunique de l’Etat sont reparties comme suit :
-80% pour le fonds d’aménagement et de protection de la faune
-20% pour les budgets des collectivités territoriales
Ces fonds ont été créés en 2004. De cette date à aujourd’hui, aucun document de gestion (programme et rapport) n’a été publié sur leur utilisation, aucune action de réinvestissement dans les secteurs en question n’est visible.
Si ce mal est patent et connu par les agents des structures chargées de la préservation des faunes et flores rattachées au ministère de l’Environnement et de l’Assainissement ,la gestion et l’échange de ces sites de façon égocentrique ont détruit des centaines d’hectares des forêts classées du Mali.
Ces forêts classées (quelques-unes), depuis l’avant indépendance, se présentent comme suit en superficie :
La forêt de la Faya, a été classée en 1943 ; avec une superficie de 79.822 ha, dont 4.727 ha de plantations
La forêt des Monts Mandingues a été classée en 1946 ; avec une superficie de 14.572 ha dont 1965 ha de plantations etc.
Pour la réalisation de ces plantations, l’Etat s’est endetté pour environs 13 milliards de FCFA. Et pourtant, ces forêts étaient destinées à la production de bois d’œuvre pour l’usine d’allumettes.
Aujourd’hui, loin s’en faut, ces plantations sont détruites et leurs bois seraient vendus par des agents par chargements de camions et l’argent, au lieu de tomber dans les caisses de l’Etat, sont partagés. Des dizaines de fours seraient même installés dans la Faya sur leur instruction afin de produire du charbon destiné à la vente. Des tronçonneuses seraient utilisées pour couper des arbres dans la formation naturelle de la Faya afin de ravitailler ces fours. Un désastre en vue !!!
Cette chaine désastreuse qui se poursuit serait gérée jusque dans la capitale. Les postes autour de Bamako qui sont normalement chargés du contrôle des produits qui rentrent dans la ville, seraient les plus trempés dans la chose. Au lieu de payer le permis, les camions remplis de bois qui arrivent, selon des sources bien informées, payent de l’argent et passent. Dans ce cas, mention aux postes qui sont situés à l’entrée des forêts classées. Les exploitants, selon les mêmes sources, viennent avec leurs camions vides, payent des sommes importantes, rentrent dans les plantations et remplissent leurs camions comme ils veulent et repartent. Et l’argent reçu ? Il serait partagé entre les agents et leurs grands patrons. C’est ainsi qu’au-delà de ce que l’on voit en bordure de route, ces plantations sont totalement saccagées en profondeur.
Gestion sans vergogne des forêts classées !
Par la preuve de documents qui prouvent la vente de certaines parties des forêts classée et signés des mains du Directeur National des Eaux et Forêts et les bénéficiaires, des parties de la forêt classée de Tienfala et même des parties de la réserve du Baoulé ont été cédées à des particuliers qui déclarent avoir donné de l’argent en contre-partie. Malgré l’existence de cartes et des arrêtés de classement qui donnent tous les points caractéristiques avec distances et azimuts, des avis contradictoires sont sciemment donnés au Directeur régional des domaines lui permettant ainsi de donner des titres à l’intérieur de ces forêts en violation des textes.
Comme si cela ne suffit dans ce système de voler l’Etat, des projets fictifs bouclés depuis plusieurs années seraient toujours déclarés en exercice:
Pour preuve, au compte de nombreux projets bouclés depuis plusieurs années, la Direction nationale des Eaux et forêts continuerait à percevoir des montants importants du budget spécial d’investissement (BSI) au titre de la contre partie malienne. En exemple : le projet de Consolidation Durable des Trois Forêts Classées de la Faya, des Monts Mandingues et du Susan qui est clos depuis 2012 (durée 2004 à 2012 ) ; le projet sur la Gestion de la Végétation Autochtone pour la Réhabilitation des Terres de parcours Dégradés en Zones Arides et Semi-Arides d’Afrique clos depuis 2012 (durée 2002 à 20012) ;le Projet Multinational de Gestion Intégrée des Plantes Adéquates Proliférations en Afrique de l’Ouest et enfin le projet de Construction et Réhabilitation des Locaux de la Direction Nationale des Eaux et Forêts à Tabacoro. Un endroit enclavé qui n’aurait servi à rien. Vu ce qui a été investi, la construction donne de quoi à soupçonner des détournements de fonds.
Partenariat public/privé:
Tous les textes forestiers pris à partir de 1995, stipulent que le domaine forestier tout comme le domaine faunique national est constitué d’un domaine de l’Etat, d’un domaine des collectivités et d’un domaine des particuliers. Le partenariat Etat/privé a toujours existé à travers le désengagement de l’état de toute activité pouvant être exercée par les privés (production de plantes, reboisement …), mais aussi à travers des études, l’élaboration de plans d’aménagement pour ne citer que cela. Pour les premiers responsables du domaines forestier, le partenariat public/privé aurait un tout autre sens : il s’agit de torpiller les textes pour donner à des particuliers la gestion exclusive de plus 500 000 ha de forêts classées et réserves de faune dont la forêt classée de la Faya avec ses 4 000 ha de plantation (ou ce qu’il en reste).
A qui réellement la faute ?
Dossiers à suivre
Boubacar Yalkoué
SOURCE: Le Pays