Pour sa première sortie médiatique, le nouveau président du Niger Mohamed Bazoum a qualifié la force antijihadiste française Barkhane au Sahel d’ »échec relatif ». Selon lui, un retrait partiel de cette force militaire n’aurait pas un « grand effet » sur le terrain, à condition que l’appui aérien demeure opérationnel.
Dans le cadre de la coopération militaire entre les pays du Sahel et la France, il était attendu un changement systématique de la situation sécuritaire sur le terrain. Si de nombreuses voix s’élèvent dans l’espace sahélien, certaines autorités n’hésitent pas à cracher des vérités sur les résultats mitigés de l’intervention de la force militaire française dans le Sahel. Élu, il y a une semaine, le successeur de Mamadou Issifou trouve les résultats limités en termes de sécurité.
« Nous aurions souhaité, dans le cadre de coopération avec l’armée française, avoir de meilleurs résultats que nous n’en avons. Cet échec relatif, c’est notre échec à tous, l’échec de l’ensemble de la coalition », a expliqué Mohamed Bazoum, le nouveau président du Niger dans une interview RFI. Le nouveau président n’écarte pas le retrait des forces françaises, qui selon lui, n’aura pas d’impacte visible.
« Un retrait partiel de la France, dans la mesure où elle maintiendrait le dispositif aérien, n’aura pas de grand effet sur le cours de la situation et sur le rapport de force », a-t-il ajouté. La force Barkhane comprend des troupes déployées au sol, mais aussi un important volet aérien, avec trois drones Reaper, 7 avions de chasse et 20 hélicoptères, selon les derniers chiffres de l’état-major français. Forte de 5.100 hommes, elle intervient au Mali et chez ses voisins sahéliens, dont le Niger, contre les djihadistes. En France, cet effort militaire de longue haleine au Sahel suscite des interrogations croissantes, notamment dans l’opinion, alors que 50 soldats ont été tués au combat depuis 2013. Mi-février, lors d’un sommet à N’Djamena avec les partenaires du G5 Sahel, le président Emmanuel Macron avait annoncé que Paris ne comptait pas réduire « dans l’immédiat » les effectifs de Barkhane. Il avait toutefois esquissé une stratégie de sortie, à la faveur de renforts européens prêts à les rejoindre. Interrogé sur un possible retrait partiel de cette force, Mohamed Bazoum a assuré qu’il ne ressentirait pas cela comme un abandon de la part des Français. « Ce qui nous importe, nous, c’est une certaine présence des forces aériennes françaises qui, de mon point de vue, sera garantie, quels que soient les effectifs français qui seront présents », a-t-il ajouté.
Bourama Kéïta
Source : LE COMBAT