Le Mali l’a échappé belle, avec la fin de la période d’exception chaotique, grâce aux efforts conjugués de la communauté internationale et des patriotes bien inspirés d’avoir exigé l’organisation de l’élection présidentielle à la date du 28 juillet, malgré le désir de certains de perpétuer cette transition.
Cette élection a consacré M. Ibrahim B. Keita à la magistrature suprême de notre pays avec une majorité très confortable (près de 80%) à l’issue d’un second tour.
En effet, avant et lors de son investiture, le Président de la République a tenu des discours très prometteurs et très rassurants sur ses ambitions de bâtir un Mali nouveau, toutes choses ayant crée beaucoup d’espoirs, voire d’espérance chez les Malien, les amenant ainsi à durcir leur jugement au vu de la constitution de son premier gouvernement.
Intègre parmi les intègres, Dieu fasse qu’il eût beaucoup de cadres probes et rigoureux … au Mali : S’il est un comportement répréhensible et exécrable que les Maliens reprochent à nos hommes politiques, c’est bien la démagogie, la fourberie, «faire le contraire de ce que l’on dit et dire le contraire de ce que l’on fait». Or, à l’unanimité, l’une des qualités reconnue au nouveau Président est son « dire vrai », « son parler franc » son rejet de la fourberie, son engagement à tenir ses promesses.
C’est donc parce qu’ils étaient si convaincus et si conditionnés par ces qualités de l’homme « kanguélé tigui : homme de parole » que beaucoup de nos compatriotes ont été surpris par le choix de certains membres du gouvernement n’ayant aucune qualité particulière – pour ne pas tomber dans les travers d’un jugement de valeur -, pendant que des cadres de très grande valeur (probes et compétents), de surcroît, supposés avoir des atomes crochus avec IBK, sont restés en marge. Que les laudateurs ne nous sortent surtout pas l’antienne qu’ils tenaient à ATT, en lui chantant qu’il lui était loisible de faire de la confiance du peuple ce qu’il voudrait, – en oubliant la très forte versatilité du même peuple – en choisissant n’importe quel collaborateur.
Du reste, IBK lui-même n’a eu cesse de dénoncer «le partage du gâteau», tout en s’engageant à ne travailler qu’avec les Maliens les plus compétents…Nous osons espérer que la bulle enveloppante des courtisans et autres larbins du palais ne voilent pas déjà la vision du Président sur le vaste chantier de la réalisation des promesses nobles faites au peuple du Mali. Le verre à moitié plein et le bénéfice du doute : «Le maçon est jugé au pied du mur », a-t-on coutume de dire.
Il faut reconnaître à la vérité que dans ce premier gouvernement, il existe du bon, du moins bon et du mauvais. Toutes fois, nous avons l’obligation de donner du temps au temps pour pouvoir apprécier les uns et les autres sous le nouveau style de gouvernance IBK. Alors les Ministres décriés, à tort ou à raison, n’auront d’autres choix que d’ajuster leurs comportements, de se ressaisir et de s’adapter à la rigueur du nouveau Premier Ministre. Les peuples sont éduqués par l’exemple : Comme qui dirait, il n’existe pas de peuple vertueux, tout est question de qualité de leadership ; si le premier responsable d’une quelconque structure adopte un comportement exemplaire, ses subordonnés ne feraient que lui emboîter le pas, au risque de se faire remonter les bretelles sans état d’âme. L’adage de chez nous ne dit-il pas que les pintades suivent celle qui les guident ; le peuple dispose donc de motifs de satisfaction, jusqu’à preuve du contraire, avec le Premier Ministre Oumar Tatam Ly, un cadre réputé compétent, probe et rigoureux comme on en recherche souvent sous nos cieux.
Cependant, il convient de sortir du complexe de l’amoncellement ou l’accumulation de titres académiques – présomptions de connaissance – ; surtout pour ceux d’entre nous qui comprennent déjà toutes les difficultés à maîtriser une seule branche d’une science ; prétendre embrasser et maîtriser plusieurs disciplines à la fois résulterait de l’irréaliste (ce complexe nous vient des reliques du système colonial où amasser plusieurs diplômes en faisait du titulaire un pseudo-savant). C’est dire, contrairement à un cliché, qu’être bardé de diplômes ne saurait être suffisant pour justifier de la compétence ; les exemples courent le Mali, l’Afrique voire le monde ; surtout lorsque l’on n’évolue pas dans le domaine de la recherche. Enfin des repères pour la jeunesse désemparée : Néanmoins, de par son parcours, jusque là sans faute, l’on peut fonder un véritable espoir sur la nouveau Premier Ministre afin qu’il puisse imposer la feuille de route que IBK lui déclinera, aux autres membres du gouvernement, quitte à reformater certains d’entre eux. Nous sommes également réconfortés par la présence dans ce gouvernement de jeunes Ministres méritants ne devant leur nomination à aucune complaisance, contrairement aux pratiques d’une certaine époque où la courtisanerie et le népotisme battaient leur plein.
Ce regain d’exigence de sélection et de compétence constitue déjà un grand pas dans la lutte contre la propension de la médiocrité à laquelle les jeunes générations avaient, malheureusement, commencé à prendre goût. L’espoir renaît donc avec la récompense du mérite, et notre jeunesse n’aura d’autre choix que de se remettre au travail, et de consacrer désormais son énergie à se former, à se perfectionner que de faire le tour des salons dans l’espoir de promotions complaisantes écornant l’image de marque de notre pays. Dans l’attente des premiers actes concrets que ce premier gouvernement ne tardera pas à poser, nous osons espérer que la promesse de refondation de la gouvernance au Mali ne sera pas un vain mot. En tout cas «IBK ne fait pas dans la louange, il n’est pas le griot du mandingue, il dit le tréfonds de son cœur…» ; fasse Dieu qu’il en soit ainsi pour l’honneur du Mali et pour le bonheur des Maliens !
Dieu bénisse le Mali !
Aguibou BOUARE
Conseiller Juridique
Source: Le Prétoire