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Pr. DIONCOUNDA TRAORE, HAUT REPRESENTANT POUR LE CENTRE : “Nous sommes prêts à dialoguer avec Kouffa et les autres…”

Pour le Haut représentant du président de la République, la situation complexe du Centre du pays est une stratégie minutieusement préparée par les terroristes pour créer des conflits intra-communautaires afin de déstabiliser le pays. Selon lui, si la solution vient du dialogue, son cabinet est disposé à discuter avec tous les chefs terroristes afin d’économiser les pertes en vies humaines partout au  Mali.

 

Pour informer l’opinion nationale et internationale sur les missions, les actions menées et les perspectives du Haut représentant du président de la République pour le Centre, Pr. Dioncounda Traoré était hier face à la presse.

Suite à une succession d’évènements tragiques qui constituent une menace évolutive et diffuse sur l’étendue des régions du Centre du Mali, avec comme point culminant les trois massacres de populations de Koulongo, d’Ogossagou le 23 mars 2019; et de Sobane-Da le 9 juin 2019, le président  de la République a mis en place un Haut représentant du président de la République pour les régions du Centre.

Suivant le décret n°2019-0586/P-RM du 31 juillet 2019, le Haut représentant du président de la République pour les régions du Centre a été institué et le Pr. Dioncounda Traoré nommé pour conduire la mission.

Les missions du HRPR

Le Haut représentant du président de la République a pour missions, entre autres, de: instaurer et de maintenir un climat de confiance entre toutes les communautés impliquées et entre ces communautés et l’Etat ; faciliter les échanges intra-communautaires et contribuer au rapprochement des points de vue à la lumière de l’intérêt exclusif du peuple malien ; favoriser et soutenir le redéploiement des Forces de défense et de sécurité dans les régions du Centre et désarmer toutes les milices et forces hostiles.

Il est également chargé de contribuer au rétablissement des services sociaux de base ; d’élaborer et mettre en œuvre une stratégie globale axée sur la protection des civils et la réduction des violences intercommunautaires ; de veiller à ce que les responsables de violations des droits de la personne humaine ainsi que du droit international humanitaire aient à répondre de leurs actes et soient traduits en justice ; d’assurer le suivi du sort réservé aux crimes perpétrés à Koulongo, Ogossagou et Sobane-Da ainsi qu’à tout autre crime semblable commis au centre du pays.

Répondant aux questions des journalistes sur le calme du Haut représentant du président de la République pour les régions du centre depuis sa nomination, Pr. Dioncounda Traoré a déclaré que ce silence était une stratégie pour son cabinet pour faire le diagnostic du fléau et identifier les vrais acteurs  afin de trouver des solutions.

Aux dires de Pr. Dioncounda Traoré, de sa nomination  à ce jour, le Haut représentant a mené de nombreuses activités, des rencontres et audiences au cours desquelles le problème des régions du Centre était le thème principal. C’est ainsi qu’il a enregistré  environ 500 contacts repartis entre les catégories suivantes : personnes ressources (cadres et personnalités politiques et religieuses…) missions diplomatiques, associations culturelles, groupements d’associations, organismes nationaux et internationaux.

“Le problème du Centre n’est pas un problème ethnique, mais de jihadisme” 

Ces différentes rencontres ont permis de situer les causes de la crise au centre. Parmi ces causes, le Haut représentant a mis l’accent sur le prolongement de la crise du Nord, les conflits non réglés, les rackets des forces de l’ordre et de sécurité, la mauvaise gouvernance, les vieilles rancunes.

Mais, selon lui, ces problèmes ont eu des solutions à travers nos valeurs sociales, culturelles et souvent l’arbitrage de l’Etat (juridictions). Contrairement à ce que beaucoup de personnes qui qualifient la crise du Centre de crise ethnique, Dioncounda Traoré pense autrement.

“Les conflits entre les éleveurs et les agriculteurs ont toujours existé  au Mali et ont toujours connu un règlement amiable. Mais voir des ethnies s’affronter au centre est purement et simplement une stratégie des terroristes pour affaiblir l’Etat et imposer leur domination. Nous devons être vigilants et éviter l’amalgame. Le problème du Centre n’est pas un problème ethnique, mais de jihadisme”, a précisé Dioncounda.

“Nous sommes prêts à dialoguer avec Kouffa et les autres…”

Durant sa rencontre avec la presse, le Haut représentant a fait une annonce fracassante. Selon lui, la paix n’est pas possible sans le dialogue. Aux dires de Dioncounda son équipe est prête à engager le dialogue non seulement avec HamadouKouffa, Iyad A Ghali, mais aussi avec tous les autres chefs terroristes pour éviter de nouvelles effusions de sang au centre. “Il ne faut jamais écarter le dialogue. Si on parle on peut se comprendre à condition qu’ils soient prêts à discuter avec nous. Nous sommes prêts à dialoguer avec Kouffa et les autres pour économiser  les pertes en vies humaines”.

Malgré ce difficile dialogue, le Haut représentant a déclaré qu’ils déjà envoyé des émissaires pour une prise de contact avec les chefs terroristes. Mais, selon lui, cette demande demeure toujours sans suite. Pour Dioncounda, il est conforté dans sa position par le Dialogue national inclusif qui a récemment recommandé d’engager des discussions avec les chefs terroristes pour une paix durable.

Concernant une possible collaboration entre Dioncounda et ATT dans la résolution de la crise du Centre, Dioncounda a déclaré que sa première mission a été d’envoyer un émissaire auprès de l’ancien président à Dakar afin d’obtenir son soutien. Selon lui, une collaboration est plus qu’indispensable pour sauver le pays. “Je suis pleinement disposé à travailler avec ATT pour sauver le Mali”, a  réaffirmé le Haut représentant.

“Le départ des forces étrangères profite pleinement aux terroristes”

Sur la bronca contre les forces étrangères, le Haut représentant du président de la République pour les régions du Centre a été on ne peut plus clair : “Le Mali seul ne peut se battre contre une coalition de terroristes. Si les forces étrangères partent aujourd’hui, l’armée malienne seule ne peut pas contenir ses agresseurs. Le départ des forces étrangères profitera pleinement aux terroristes. La présence de nos amis est utile. Sachons raison gardée et regardons la réalité en face”.

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