Qu’ont en commun les insurgés islamistes du Sahel et les unités burkinabés, maliennes, mauritaniennes, nigériennes et tchadiennes de la Force conjointe du G5 Sahel ? Tous roulent en Toyota. La bête de somme des théâtres de guerre a aussi été adoptée par les forces spéciales françaises qui s’équipent en Toyota améliorées par Technamm.
Les fameux « technicals », ces pick-up civils customisés pour le combat, ne sont pas passés de mode ! Ils hantent toujours les champs de bataille. Ils équipent les unités légères de nombreuses forces nationales et d’aussi nombreux groupes armés terroristes. Leur préféré : le pick-up Toyota Land Cruiser ou Hilux avec des réservoirs supplémentaires pour le carburant et l’eau, un affût pour une arme de gros calibre et des plaques de désensablement.
Toyota et sa bête de somme ont certes des concurrents (Isuzu, Mitsubishi, Hyundai, auxquels s’ajoutent les chinois Huanghai, ZX Auto et Great Wall) mais la marque a des avantages : la robustesse de ses véhicules, leur maintenance aisée, la disponibilité mondiale des pièces et le coût abordable de ses increvables pick-up.
Comme la Kalachnikov
La faiblesse de la Toyota ? Son manque de blindage et sa vulnérabilité face aux engins explosifs improvisés (IED), même les plus artisanaux. De quoi décourager les utilisateurs ? Même pas puisque le nombre de pick-up mobilisés dans le monde entier ne baisse pas et qu’il fait partie, comme la Kalachnikov, de ces équipements indémodables et bien ancrés dans l’imaginaire guerrier contemporain.
Ces qualités et ces défauts ont convaincu l’entreprise française Technamm, créée en 1987 près d’Aix-en-Provence, de transformer des pick-up civils en véhicules destinés à une clientèle militaire. Le choix s’est porté sur des Toyota dont le châssis est conservé mais dont de nombreux éléments sont modifiés et améliorés. Sont ainsi ajoutés des treuils, attelage, affût pour arme, bancs, plaques de désensablement, stockage de munitions, etc.
« Toyota s’est avéré mieux adapté, pas égalé »
« Pourquoi des Toyota ? Parce que c’est un véhicule efficace, rustique, puissant et très économique, explique Dominique Croizat, le PDG de Technamm et l’un des cofondateurs. On a essayé plusieurs marques dont Nissan mais Toyota s’est avéré mieux adapté, pas égalé. Et puis on peut compter sur la continuité : la production est assurée et ça nous sert bien. ».
Du Toyota Land Harris, Technamm a tiré le Masstech Recamp et ses déclinaisons comme le Masstech Long de transport de troupes ou le T4 en version 6×6 (7 tonnes de poids total autorisé en charge)… Une gamme élargie au domaine de la sécurité avec des véhicules pour les services de secours, les pompiers, la gendarmerie, etc.
Actuellement, la société termine une commande de quelque 250 Masstech Recamp destinés à la force conjointe du G5 Sahel. Une centaine d’exemplaires ont été livrés, 90 sont en attente de livraison et 120 autres sont en cours de fabrication. Coût à l’unité : environ 55 000 €.
Les commandos français aussi en Toyota
L’armée française s’est elle aussi équipée chez Technamm. D’abord en Masstech T4. 500 de ces véhicules tirés du Toyota HZJ76 ont été achetés par le ministère des Armées. On peut les apercevoir dans les rues puisque de nombreuses patrouilles de l’opération Sentinelle les utilisent, conjointement avec les VT4 produits par Arquus sur la base d’un Ford Everest. Coût de ce VT4 : 70 000 €, maintenance et pièces sur la durée de vie du véhicule comprises !
Comme ceux de la la force conjointe G5, des Masstech Recamp, mais encore plus customisés ceux-là, équipent les forces spéciales françaises déployées au Sahel pour traquer les djihadistes. Une première série de 30 exemplaires a été livrée. « Ce sont des véhicules profondément modifiés, en particulier au niveau de la suspension, du freinage », explique Dominique Croizat qui anticipe une seconde série. Et qui rêve de fournir aux commandos français, toujours en manque de véhicules tactiques, son T4 à six roues.
Source: Ouest France