Le Mali se prépare pour un référendum historique qui pourrait changer le visage de la Nation. Convaincu que l’adoption du projet de Constitution donnera au Mali toute sa souveraineté, le Président de la transition, colonel Assimi Goïta, met en route les autorités et les légitimités traditionnelles pour la vulgarisation du projet auprès des populations « pour que le référendum soit un franc succès ».
Le Mali traverse une période de transition depuis le coup d’État militaire d’Août 2020 qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta. Le référendum prévu pour mars 2023 et reporté à une date ultérieure est considéré comme un élément clé du processus de transition visant à renforcer la démocratie et à mettre en place des réformes constitutionnelles.
Le référendum proposé vise à modifier la Constitution actuelle qui a été adoptée en 1992. Le projet de nouvelle Constitution a été élaboré par un comité d’experts et prévoit plusieurs changements significatifs. Parmi les principales modifications figurent le renforcement des pouvoirs présidentiels et la reconnaissance de l’autonomie régionale. Les partisans de la nouvelle Constitution affirment que ces changements renforceront la démocratie et aideront à prévenir les futurs coups d’État.
Le processus de préparation du référendum a commencé. Si la campagne de sensibilisation pour informer le public des enjeux et des avantages du nouveau projet de Constitution est restée jusqu’ici officieuse via des séances d’information des représentants du gouvernement et des experts constitutionnels expliquant les dispositions du nouveau projet de Constitution, le Président de la Transition a officiellement lancé la vulgarisation du projet. Le lundi 20 mars 2023, Colonel Assimi Goïta a rencontré les autorités et les légitimités traditionnelles dans la salle des banquets de Koulouba où il a présenté le projet de Constitution en expliquant les grandes innovations qu’il contient.
L’occasion a été opportune pour M. Boubacar SOW, membre de la Commission de finalisation du projet de Constitution de revenir sur l’importance cruciale pour le Mali de se doter d’une nouvelle Constitution. Selon lui, les tentatives répétées de révision sont la preuve que cela est nécessaire.
M. SOW a parcouru tout le contenu du projet de Constitution en expliquant les grandes innovations qu’il contient. Les autorités et les légitimités traditionnelles ont été informées en détails de tous les points saillants du projet. Elles seront les porte-paroles du gouvernement auprès de leurs populations respectives, conformément à l’appel lancé par le Président de la Transition.
Pour le Chef de l’État, ce projet de Constitution concrétise la volonté pressante du peuple malien exprimée lors des Assises nationales de la refondation (ANR). Ainsi, a-t-il souligné, le souci d’inclusivité a marqué tout le processus comme en témoigne la composition de la Commission de finalisation qui comprenait une soixantaine de personnes venues de divers horizons du pays.
Le Président Goïta compte sur les autorités et les légitimités traditionnelles qui, selon lui, ne manquent jamais à l’appel de la Patrie, pour mieux sensibiliser leurs populations respectives autour de ce projet qui doit poser les jalons du Mali Kura. « Nous avons accompli notre devoir », a indiqué le Chef de l’Etat avant de mettre en route ses hôtes : « Le reste du travail vous revient. Informez vos populations pour que le référendum soit un franc succès. » Le N°1 de la transition reste convaincu qu’une fois adopté, ce projet donnera au Mali toute sa souveraineté et le fera rayonner dans le concert des nations.
Sueur sous la pluie
Malgré ces efforts, il y a eu des critiques concernant la manière dont le processus de préparation a été mené. Certains groupes de la société civile ne cessent de dénoncer le manque de transparence et d’inclusivité dans le processus affirmant que leurs voix n’ont pas été entendues. Des partis politiques d’opposition ont également accusé le gouvernement d’utiliser le référendum pour renforcer son propre pouvoir plutôt que de renforcer la démocratie.
Le gouvernement a cependant affirmé qu’il est engagé à mener un référendum libre et équitable. Le président de transition, Assimi Goïta, a souligné que le référendum est une étape cruciale dans le processus de transition vers une démocratie plus forte et a appelé tous les Maliens à participer au processus.
Faut-il le rappeler, le Mali a connu une instabilité politique chronique depuis son indépendance en 1960. Le coup d’État militaire de 2020 a conduit à une coupure des relations diplomatiques avec certains pays et à une suspension de l’aide étrangère. Le référendum proposé est donc considéré comme une étape importante pour aider à rétablir la stabilité et la confiance dans le pays.
En conclusion, le référendum au Mali est un événement clé qui pourrait avoir des répercussions durables sur l’avenir de la nation. Bien que la préparation ait été critiquée par certains groupes, le gouvernement s’engage à mener un processus libre et équitable. Le succès du référendum dépendra de la participation de tous les Maliens et de la capacité du gouvernement à répondre aux préoccupations et aux attentes des différentes parties prenantes.
Cyril Adohoun
Source: L’Observatoire