Le chef de l’Etat, Bah N’Daw, n’a jusque-là pas fait publiquement la déclaration de son patrimoine à la Cour suprême. En ne le faisant pas, il cour le risque de perdre la confiance des Maliens. Et, plus grave d’échouer dans sa lutte contre la corruption qu’il annonce sur des chapeaux de roues.
L’article 37 de la Constitution de 1992 en son alinéa 2 dispose qu’ « après la cérémonie d’investiture et dans un délai de 48 heures, le président de la Cour suprême reçoit publiquement la déclaration écrite des biens du président de la République ». Il précise que cette déclaration doit faire l’objet d’une mise à jour annuel.
Cet article de la Loi fondamentale est censé être connu par tous ceux qui dirigent le Mali. Déclarer publiquement ses biens est un devoir de très haute portée patriotique et de grande transparence.
Les présidents Alpha Oumar Konaré et le général Amadou Toumani Touré ont respecté cet article de la Constitution en déclarant publiquement leurs biens au début de leurs mandats.
L’ancien président de la république, Ibrahim Boubacar Keita, l’a fait publiquement une fois, après sa réélection en 2018.
Quant il s’est agit de Ba N’Daw, actuel chef de l’Etat, il foule au pied ce que le peuple malien a décidé de commun accord. Colonel de l’armée malienne à la retraite, connu pour son intégrité, son sens élevé du respect du bien public, Bah N’Daw aurait-il « oublié », ou « refusé » ou alors a-t-il « déclaré en catimini » ses biens ?
Institution censée de le rappeler à l’ordre, la Cour Suprême n’a jusque-là pas fait un communiqué pour édifier les Maliens sur le sujet. Aujourd’hui, beaucoup de nos compatriotes ne comprennent pas ce mutisme des juges suprêmes. Du côté de la Cour constitutionnelle, c’est aussi le silence radio. Le juge constitutionnel n’a-t-il pas le droit de rappeler le respect de la Constitution à tous ceux qui violent l’Acte fondamental ? Ou alors qu’on nous dise ce qui se passe réellement, qu’on nous dise la vérité ? En tout état de cause, les maliens tiennent au respect de l’article 37, surtout que Ba N’Daw, dans son discours d’investiture le 25 septembre 2020, a mis l’accent sur le respect des textes et des biens publics.
Cette obligation constitutionnelle a tout son sens, car elle permet de mesurer le degré avec lequel nos autorités tiennent au vrai changement. Outre la Constitution, la Charte aussi exige des organes de la transition la déclaration de biens.
Aujourd’hui, ce comportement du premier responsable de la Transition est sur toutes les lèvres à Bamako. Dans les lieux de causeries, les services, chacun y va de son commentaire. « Si cette déclaration de biens n’est pas faite, nous avons le droit de douter de la sincérité des autorités quant à leurs vœux de changement. Nous ne pouvons pas comprendre qu’au moment où on parle de changement, le premier citoyen du pays refuse de respecter les textes. C’est dire que nous avons déjà perdu le repère », martèle un enseignant à la retraite.
Le moins que l’on puisse dire, la déclaration publique des biens à la Cour suprême est un devoir pour le président de la Transition.
Dans un pays pauvre qui s’est inscrit dans le registre d’un Etat de droit, on met l’acte sur le chapitre de la transparence.
Djibril Diallo
Source : Arc en Ciel