Si de nos jours il y a un sujet qui fait polémique sous nos cieux, c’est bien celui se rapportant à la négociation avec les djihadistes. Mais ce qui ne fait l’ombre d’aucun doute est que l’opinion nationale malienne semble plutôt acquise à cette éventualité eu égard au fait que, jusque-là, les différentes options de lutte contre le fléau du terrorisme tardent à prouver leurs capacités.
En tout cas jusque-là, aucune des options envisagées ne semble réussir à pacifier les localités sur lesquelles les groupes djihadistes étendent leurs hégémonies. Et pour preuve, il existe encore des zones entières où les symboles de l’Etat ne peuvent mettre le pied et cela contribue naturellement à accentuer la recrudescence de l’insécurité dans lesdites zones et aussi son extension à d’autres localités. Avec l’option militaire, qui au début avait été privilégiée par rapport aux autres options, la bande sahélo-saharienne est presque devenue le pire des bourbiers pour les différentes forces loyalistes déployées sur le terrain et cela nonobstant la forte militarisation du Sahel. D’autre part, des spécialistes de la lutte contre le terrorisme avaient conseillé, en lieu et place de l’option militaire, plutôt la promotion d’une politique de développement socio-économique au profit des populations des zones où les djihadistes et autres terroristes étendent leurs hégémonies. De l’analyse de ces spécialistes, on se fait à l’idée que l’option du développement socio-économique pourrait motiver les populations locales, notamment leurs composantes juvéniles, à ne pas céder à la tentation de recrutement par les groupes djihadistes qui profitent de la pauvreté et de l’oisiveté des jeunes ruraux pour les enrôler.
Si d’aucuns, parmi les spécialistes de la lutte contre le terrorisme, se convainquent que l’option du développement socio-économique est la meilleure arme contre le terrorisme dans le Sahel, d’autres par contre estiment qu’elle doit aller de pair avec l’option militaire pour produire l’effet escompté. Mais malheureusement, la réalité du terrain prouve qu’il est plutôt illusoire de penser qu’une quelconque de ces deux options (militaire et développement socio-économique) pourrait porter des solutions à court ou à moyen terme. C’est fort de cette réalité du terrain que d’aucuns, et non des moindres, préconisent plutôt des négociations à entreprendre, purement et simplement, avec les djihadistes. En vérité, cette idée est largement soutenue dans l’opinion nationale et aussi nombreuses sont les organisations Internationales de renom qui la recommandent. Aussi, comme pour abonder dans le même sens, le Dialogue National Inclusif (DNI) dont les phases nationales se sont tenues à Bamako du 14 au 22 décembre 2019 avait recommandé, au titre des actions prioritaires à mener par les autorités maliennes, l’ouverture de canaux de négociation avec les chefs djihadistes maliens.
Le moins que l’on puisse dire est que cette situation met les maliens dans une impasse totale et c’est à juste raison que le citoyen ‘’Lambda’’ malien se demande, qu’est-ce qui cloche alors pour que les autorités maliennes rechignent à tenter d’ouvrir des canaux de négociation avec les djihadistes ?
Et pourtant le Mali ne serait ni le premier ni le dernier pays à négocier avec des groupes extrémistes pour ramener la paix et la quiétude dans le pays. On se souvient encore du cas colombien où le gouvernement a croisé le fer contre les ‘’Forces Armées Révolutionnaires de Colombie’’ (FARC) pendant près d’une cinquantaine d’années, pour finalement opter pour des négociations qui ont conduit, en 2014, à la pacification du pays. Plus près de nous en Algérie, le gouvernement a eu maille à partir avec le ‘’Front Islamique du Salut’’ (FIS) d’Abassi Madani, pendant près d’une quinzaine d’années (de 1989 à 2003), pour finalement aller à l’option de la négociation qui a finalement permis de pacifier le pays…
El Hadj Mamadou GABA
Source : Le Soir De Bamako