A l’approche de l’hivernage, les autorités ont mis en application leur mesure relative à la fermeture des sites d’orpaillage. Le samedi dernier, le coup d’envoi de cette opération coup de poing a été donné à Kobadani et Foroko (villages équidistants de Sélingué et de Kangaba), à environ 200 km de Bamako.
L’orpaillage est mis en veilleuse pour quelques mois au Mali. Le week-end dernier, le gouvernement a mis en application son injonction de cessation de travail lancée depuis quelques jours aux exploitants des sites.
A Foroko, village situé dans le cercle de Kangaba, le réveil a été brutal pour les dizaines de milliers d’exploitants aurifères. Pourtant tout devait se passer dans le calme si ces ouvriers s’étaient pliés aux ordres des forces de l’ordre déployées sur le terrain.
Alors que le dispositif sécuritaire composé de gendarmes et de policiers était en pourparlers avec les autorités traditionnelles pour inviter les occupants à quitter le site, des ouvriers se sont emportés avant de tenter de s’en prendre aux porteurs d’uniformes.
Ce qui a précipité l’intervention (musclée) de ces derniers qui n’ont plus laissé le temps aux uns et autres de faire leurs bagages. Ce fut un tohu-bohu général dans lequel beaucoup ont perdu leurs affaires dans les fumées des gaz lacrymogènes. Des hangars aussi ont été brûlés.
Au même moment, à Kobadani, village situé dans la même localité le déguerpissement n’a plus été négocié. Et le scénario a été le même qu’ailleurs sauf que les gens avaient été prévenus à l’avance.
Dans leur déguerpissement, les transporteurs se sont frotté les mains avec les frais de transport qui ont augmenté à plus de 400 %. De 4500 F CFA, le transport Sélingué-Bamako est retrouvé à 20 000 F CFA. Ce tarif est demeuré inchangé malgré le type de transport (charrettes tricycles, camion benne, Motobecane, véhicules de transports de marchandises…)
Le prix de l’eau et de la nourriture a pris l’ascenseur. Le carburant est devenu du coup intouchable… N’ayant plus d’argent, les plus courageux et valides ont marché des dizaines de kilomètres juste pour quitter les sites. D’autres ont préféré essayer leurs jambes sur le chemin de Bamako après avoir traverser le fleuve par pirogue.
Depuis deux jours on assiste à l’arrivée d’une marée humaine de ces sites par les moyens divers mais avec l’espoir d’y repartir. Pour beaucoup de ces déplacés, la décision du gouvernement est sage, mais une réouverture des sites permettra de redonner l’espoir à des millions d’orpailleurs.
Pour rappel face aux drames et autres risques encourus par ces gens, l’Etat a jugé bon de procéder purement et simplement à la fermeture de ces sites aurifères où l’hygiène, les maladies et les dépravations de mœurs la disputent avec les accidents mortels.
En prévision de ces risques qui accroissent pendant l’hivernage, l’Etat a finalement pris sa responsabilité pour assurer une bonne campagne agricole à un pays en guerre. On apprend que la mesure sera appliquée dans tous les sites d’orpaillages du pays.
Mais la question qui se pose est de savoir quelle mesure a pris le gouvernement pour juguler le retour de ces populations à leurs origines. A Bamako, on craint déjà une montée de l’insécurité avec le retour de ces milliers de nouveaux et anciens chômeurs dont certains avaient déjà sombré dans les stupéfiants.
Ben Dao
Source: L’Indicateur du Renouveau