Période suivant l’accouchement, difficile pour les mamans de s’adapter à leur nouvelle vie de parents. Partir à deux à la maternité et revenir à trois c’est un chamboulement à la maison. Beaucoup de femmes souffrent de post-partum, certaines rebondissent, d’autres, non.
« Mon après accouchement est une expérience que je ne peux oublier. Partagée entre la douleur dans mon corps et la joie dans mon cœur en voyant ma chair couchée. Au début j’étais incapable de le tenir, encore moins l’allaiter. J’avais peur de le briser, de le prendre dans mes bras. J’ai toujours eu des difficultés d’attachement car ma plus grande phobie c’est l’abandon, mon bébé n’était épargné. Il pleurait de faim, de maux du fait que je l’ai pas touché je n’avais aucune idée parfois je me m’étais à pleurer à mon tour. Il a fallu que ma tante me demande ce qui ne va pas, si je n’aimais pas mon enfant et que si je préfère qu’il meure de faim. Ses questions m’ont poussées à prendre le petit mais je n’arrivais pas c’est alors qu’elle a posé mon fils dans mes bras. Comme si ce dernier n’attendait que cela il s’est tu. En fait je me posais mille et une questions. Mon conjoint va-t-il m’accepter avec ce nouveau corps, serais-je la même, serais une bonne mère ? Une sorte de tristesse m’animait mais mon conjoint restait insouciant de mon état ». Témoigne Ouleymatou Traoré jeune maman dans la trentaine. Maintenant elle se sent chanceuse d’être mère même si elle n’arrive pas se pardonner ce qu’elle a infligé à son enfant comme elle le dit.
L’arrivée d’un bébé est source de joie, mais un chamboulement de la vie des nouveaux parents. Les mamans sont celles qui souffrent le plus après l’accouchement. Certaines rebondissent plus vite que d’autres qui font une dépression post-natale encore appelé post-partum.
Le psychologue Daouda Guindo nous éclaire : « Le post-partum touche les femmes c’est-à-dire les nouvelles mamans. C’est la difficulté pour la maman de créer un lien d’attachement entre elle et le bébé, son ’incapacité de prendre soin d’elle-même et de l’enfant. Le post-partum est aussi communément appelé par certains spécialistes la dépression post natale ».
Après l’accouchement, le bien-être de l’enfant passe la plupart du temps avant celui de la maman, beaucoup s’oublient en se consacrant entièrement au bébé. Plus le temps pour un bain long et relaxant les mamans imaginent entendre les pleurs du bébé sous la douche. Finies les sorties entre amies, elles n’ont plus le temps pour une sieste pourtant ceci est essentiel pour le bien être de la maman mais aussi du bébé. Ignorer son bien-être est mauvais pour la santé mentale de la maman.
Contrairement à Ouleymatou, Fanta Sylla n’a pas eu du mal à s’adapter et cela avec l’aide de sa famille. « Après mon accouchement, j’ai été moins dépressive car je m’étais un peu préparée à l’idée. J’ai été faire un mois et 10 jours chez mes parents afin de mieux récupérer et que ma mère et tante m’aide à tenir le bébé au moment où j’ai besoin du repos où le corps demande du repos.
Ce temps m’a permis d’apprendre un plus sur la vie de maman et autres. De retour chez mon mari, nous nous sommes organisés que l’entretien du bébé puisse bien se passer et tout et dans la journée ma belle-mère prenait le relais. Du coup je n’ai pas eu assez de difficulté ».
La dépression post-natale ou post-partum se manifeste sous plusieurs symptômes que beaucoup prennent à la légère. Généralement après l’accouchement la fatigue s’accumule et à cela s’ajoutent les nuits blanches avec le bébé qui n’a pas commencé à faire la leur. Quelques symptômes du post-partum que le psychologue énumère : « Le post-partum se caractérise par une fatigue intense, une faible estime de soi c’est-à-dire se mettre en tête qu’elle ne sera pas capable de gérer ou de s’occuper de son nouveau-né. Le trouble de sommeil est lié souvent à cela, le temps que la maman doit prendre pour dormir une fois que le bébé s’endormit malheureusement elle aura du mal à trouver le sommeil. Ce trouble de sommeil peut provoquer l’irritabilité. La durée du post-partum varie d’une femme à une autre, mais la normale est de deux à huit semaines selon les études. Mais certaines femmes vont jusqu’à douze mois ce qui permet aux spécialistes d’observer s’il y’a pas encore une rechute».
Cependant le post-partum est peu connu par la société malienne, pour pouvoir aider une personne, il faudra savoir de quoi elle a besoin. La société juge de faible, de fainéante les femmes qui souffrent sans savoir qu’elles ont juste besoin d’écoute. L’accompagnement des proches est très important dans cette phase. Comme l’a suggéré le psychologue, « il est important de sensibiliser la société sur la dépression post-natale ou post-partum ce qui facilitera leur l’implication. Leur implication est importante pour l’accompagnement du patient. En général on traite la maladie post-partum par la psychoéducation, qui consiste a expliqué les manifestations et les symptômes que le sujet est en train de vivre, de traverser. Cette technique lui facilitera la compréhension. Je rappelle que l’antécédent a un rôle si la personne avait été victime de dépression ou de stress post-traumatique cette situation a des impacts sur la résilience de la personne». Conseille Daouda Guindo, psychologue.
Par ailleurs, le postpartum et le Baby blues ont pratiquement les mêmes symptômes, mais l’intensité permet de les différencier. Le baby blues ne dépasse pas les deux premières semaines de l’accouchement. L’intensité et la fréquence permettent de faire la différence entre les deux. La maternité n’est pas aussi douce qu’il paraît, elle est belle mais très difficile. Ce qui est encore plus beau c’est l’amour qu’une mère a pour son enfant. Et cet amour est capable de tout supporter.
Oumou Fofana
Mali Tribune