Ce monument, malheureusement beaucoup de Maliens ne le savent pas, est dédié aux tirailleurs sénégalais. Sur l’étymologie de ce mot beaucoup de versions ont été avancées dont la plus retenue est : « tire ailleurs qui ne sait pas tirer, qui tire ailleurs ».
Il s’avère que ce mot est un mélange de français, des langues bamanan, wolof, soninké, langues maternelles de ces soldats noirs, qui n’étaient pas, seulement Sénégalais, mais Soudanais (Maliens), Voltaïques (Burkinabe), Dahoméens (Béninois), etc.
Ce monument situé non loin de l’ancien fort de Bamako, construit par Archinard en 1883 et pas loin de la gare ferroviaire de Bamako, d’où sont partis de nombreux combattants pour la France via le Sénégal, perpétue la mémoire des soldats noirs morts pour libérer la France.
Archinard, conquérant d’une grande partie du Soudan sous les ordres d’abord de Borgnis Désbordes 1880-1883, et seul en tant que commandant supérieur, devenu général après la 1ère Guerre mondiale (1914-1918), pour que ne efface de la mémoire des hommes, le souvenir de ces valeureux guerriers noires, se proposa d’édifier un monument à la mémoire des troupes noires, avec lesquelles, il avait combattu et dont il connaissait la valeur.
Le premier monument fut inauguré à Reims, ville où les tirailleurs se sont illustrés pendant la première Guerre mondiale. Le terrain sur lequel le monument fut érigé avait été offert par le baron de Solignac.
Il est l’œuvre d’un survivant de l’enfer de Verdun : Paul Moreau Vauthier (1871-1936). Ce monument, un vrai chef d’œuvre allie technicité et connaissance de la statuaire africaine. Les personnages paraissent presque réels.
Les Allemands, le 10 septembre 1940, après l’invasion de la France, détruisent le monument dont les restes sont fondus. Un autre monument symbolique fut érigé à sa place en 1963 à Reims. Ce n’est donc qu’en novembre 2018 que les Français pensèrent à ce monument. Est-ce pour resserrer les liens avec les Africains ou tout simplement un devoir de reconnaissance ?
C’est la réplique de ce monument une pyramide tronquée portant les noms des nombreuses campagnes des tirailleurs Sénégalais (Verdun, Chemin des dames, Dardanelles, Reims etc) qui fut inauguré à Bamako le 3 janvier 1924 malgré de nombreux polémiques. C’est le soldat français qui porte le drapeau entouré par ses frères d’arme noirs qui eux n’avaient pas ce droit.
Ce monument le célèbre « Samori ka keleke denw », est situé ex-place André Maginot, Place des anciens combattants, devenu Place de la liberté après l’indépendance du Mali en septembre 1960. Il est peu visité par les Maliens.
Un autre monument très célèbre le « Tata sénégalais » de Chasselay au nord-ouest de Lyon dont on ne parle pas beaucoup, perpétue la mémoire des soldats noirs morts de façon atroce pour la France.
En effet les 19 et 20 juin 1940, le 25e RTS (Régiment de tirailleurs sénégalais) reçut l’ordre de résister aux troupes allemandes de la division SS. Totenkopef (tête mort).
Le maréchal Pétain avait demandé l’armistice et déclaré « Lyon ville ouverte ». Le commandement français le savait, mais il envoya les tirailleurs à la mort, en leur disant de tenir. Plus de 188 tirailleurs furent massacrés, certains broyés par les chars allemands. Les SS organisèrent la « chasse au Noir » dans Lyon et ses environs pour traquer et tuer tous ceux qui avaient réussi à fuir et à se cacher.
C’est dans un cimetière appelé le Tata sénégalais que sont enterrés 188 tirailleurs sénégalais. Le terrain sur lequel est installé le cimetière a été cédé par Jean Marchiani, secrétaire général de l’Office départemental des mutilés anciens combattants et victimes de guerres.
Ce Tata sénégalais est de style soudanien. Il est l’un des plus beaux monuments de ce type en France. Il a été inauguré le 8 novembre 1942 en pleine guerre.
C’est vers Chasselay que toute l’ex-Afrique française devait tourner le regard car le 11 novembre de chaque année de nombreuses associations africaines et sympathisantes participent à Chasselay au nord-ouest de Lyon, à une cérémonie commémorative.
L’Essor