Selon Mme Virginia GAMBA, représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés au Mali, de 2012 à nos jours, 159 enfants ont été enrôlés par des groupes armés dans le cadre du conflit au nord et au centre du pays. Aussi, 19 autres ont été tués et 9 violés. Elle a fait ces révélations à l’occasion du lancement officiel de la campagne internationale « Agir pour protéger les enfants affectés par les conflits » qui a eu lieu la semaine derrière à Bamako.
Dans le cadre du lancement de cette campagne internationale « Agir pour protéger les enfants affectés par les conflits » qui dure jusqu’à 2022, Mme Virginia Gamba a précisé que 159 cas d’enfants enrôlés ont été enregistrés au Mali, depuis 2012. Parmi eux, elle a estimé qu’il y a 157 garçons et 2 filles.
Selon la représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés au Mali, 114 cas ont été également enregistrés durant les années précédentes, mais documentés en 2017.« Ces affaires ont été imputées à la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) (47) ; à la Plateforme des Groupes Armés (73) ; au Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) (12); à Ansar Eddine (9); à AI-Mourabitoun (3); au Mouvement pour l’Unification et le Jihad en Afrique de l’Ouest MUJAO) (1); au Front de Libération du Macina (FLM) (1) et à des groupes armés non identifiés (13) », a-t-elle ajouté.
Aussi, Mme Virginia Gamba a-t-elle souligné qu’au cours de ce conflit armé, dix-neuf enfants ont été tués et quinze autres grièvement blessés dans des tirs croisés ou dans l’explosion d’engins explosifs improvisés et des restes explosifs de guerre. « Une fille est décédée après avoir été violée », a-t-elle précisé, avant de faire savoir que dans les régions de Gao et de Kidal, il a eu plus de victimes avec respectivement 36 % et 25 %.
Toujours selon Mme Virginia Gamba, neuf cas de viol et d’autres formes de violences sexuelles sur treize filles âgées de douze à dix-sept ans ont été confirmés. « La responsabilité en a été imputée à la Coordination desmouvements et forces patriotiques de résistance II (CMFPR-II) (5), aux Forces armées maliennes (3), au MSA (1) et à des éléments non identifiés (4). Une procédure judiciaire a été engagée dans deux affaires (contre la CMFPR-II et des éléments non identifiés). Toujours dans le même registre, deux cas d’enlèvement concernant trois garçons et une fille ont été également confirmés », a-t-elle souligné.
Six graves violations des droits des enfants !
La représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés au Mali a également souligné que les six graves violations des droits des enfants constituent une réalité dans le conflit qui sévit dans notre pays. Il s’agit du recrutement et de l’utilisation d’enfants ; du meurtre ou de l’atteinte à l’intégrité physique d’enfants ; de violences sexuelles faites aux enfants ; d’attaques contre les écoles et les hôpitaux ; d’enlèvements d’enfants ; de refus d’accès humanitaire, etc.
« Au total, quarante-et-une attaques contre des établissements scolaires et neuf attaques contre des hôpitaux ont été vérifiées dans le centre et le nord du Mali. Les attaques ou menaces visant le personnel enseignant, les élèves et leurs parents sont devenues monnaie courante, en particulier dans la région de Mopti, théâtre de vingt-et-une affaires de ce type. En outre, douze établissements scolaires ont été utilisés à des fins militaires par des groupes armés, dont au moins quatre par la CMA et deux par la Plateforme. Les responsables n’ont toujours pas été identifiés. Au mois de décembre 2018, 367 établissements scolaires avaient fermé leurs portes dans les régions touchées par le conflit », a-t-elle déclaré.
S’agissant des mesures d’accompagnement, Mme Virginia Gamba a précisé : « On ne doit plus attendre que les enfants qui subissent le pire puissent se rétablir tous seuls. Le Mali doit mettre en œuvre des solutions durables qui permettront aux filles et garçons qui ont souffert et souffrent toujours des affres du conflit de retrouver leur enfance et d’en profiter pleinement, mais surtout d’avoir accès à de véritables options pour réintégrer la société et se reconstruire avec l’espoir d’un avenir meilleur.»
Ousmane BALLO
Source: Ziré-Hebdo