Des organisations de la société civile et des diasporas de 15 pays africains d’expression française, dans un manifeste, apportent leur soutien à la plainte déposée par le Mali contre la France au Conseil de sécurité des Nations unies. Par cette saisine, le Mali entend exposer à la face du monde les preuves du soutien de la France aux groupes terroristes. Plus de deux semaines, aucune réaction de l’ONU sur cette affaire.
Aussitôt après avoir confirmé le départ de ses derniers soldats sur le territoire malien engagés dans le cadre de l’opération Barkhane, le gouvernement du Mali, dans une note en date du 15 août, a saisi le conseil de sécurité des Nations unies de ses griefs contre la France. En effet, dans un document le gouvernement de la Transition accuse l’ancienne puissance coloniale d’avoir apporté son soutien aux groupes terroristes opérant sur une partie de notre pays où ils commettent des atrocités contre la population civile, à l’image du massacre en décembre 2021 entre Bandiagara et Mopti.
Aussi, le gouvernement brandit des preuves de la violation de son espace aérien par la France. Plus de deux semaines, si le Mali est en train de constituer des alliances afin d’obtenir du Conseil de sécurité le débat sur cette affaire, rien n’est encore joué pour le moment. À ce stade l’ONU n’a pas encore réagi à la demande du Mali.
Face à la situation, des organisations de la société civile et des diasporas sont sorties de leurs gonds en produisant un manifeste dans lequel elles apportent leur soutien à notre pays, tout en interpellant l’ensemble des États membres de l’Organisation des Nations unies pour une contribution effective à la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité en vue d’examiner la plainte du Mali.
Beaucoup de pays comme le Sénégal ont tenté la médiation en vue de parvenir au retrait de la plainte du Mali auprès de l’ONU contre la France. L’objectif de cette démarche est d’éviter tout débat sur ces questions. Une approche rejetée par les signataires dudit manifeste.
« Dénonçons et condamnons l’initiative du président sénégalais, M. Macky Sall qui tenterait une médiation entre le Mali et la France, selon une déclaration de presse de Mme Aïssata Tall Sall, ministre sénégalaise des Affaires étrangères », a dénoncé les signataires.
Aussi, ont-il rappelé que selon la Charte des Nations unies, seuls le Conseil de sécurité et/ou l’Assemblée générale de l’ONU sont habilités à traiter les litiges ou contentieux entre les États membres, ce qui ôte toute légitimité ou base légale à un État tiers de se poser en médiateur, sauf à être expressément mandaté pour cela par le Conseil de sécurité et/ou l’Assemblée générale de l’ONU, ce qui n’est pas le cas du président sénégalais ; la coalition de sociétés civiles invite le président du Conseil de Sécurité de l’ONU à convoquer une réunion d’urgence du Conseil et à inscrire la question à l’ordre du jour de la 77e session de l’Assemblée générale de l’ONU qui débutera le mardi 13 septembre 2022.
« Estimons que la saisine du Mali est une opportunité exceptionnelle pour le Conseil de sécurité de l’ONU d’élucider de manière décisive les raisons de la persistance et de l’expansion du terrorisme et du chaos dans le Sahel, malgré la présence massive des forces armées internationales ayant pour mission de le combattre et de contribuer au maintien de la paix », indique le manifeste des organisations de la société civile.
Par ailleurs, elles invitent enfin la jeunesse africaine et les forces progressistes de tous bords à rester mobilisées et à user de tous les moyens habilités pour que la saisine du Mali soit examinée par le Conseil de sécurité, les faits exposés et les responsabilités établies.
« En cas de refus d’examen de la plainte du Mali, nous nous réservons le droit d’obtenir ces preuves et de les divulguer au monde entier », préviennent-elles dans leur manifeste.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin