La contrefaçon des livres et autres manuels scolaires édités au Mali est une réalité. Cette piraterie a atteint son paroxysme avec une perte estimée à plus de 11 milliards de F CFA aux éditeurs maliens et plus de 2 milliards de F CFA de taxes impayées à l’Etat. L’Organisation malienne des éditeurs de livres (Omel) tape du poing sur la table et appelle les acteurs à s’unir contre ce fléau qui mine le développement du secteur.
Pour informer l’opinion nationale et internationale sur la question, le président de l’Omel, Hamidou Konaté, et le secrétaire général, Sékou Fofana, étaient face à la presse, hier au Palais de la culture.
L’adoption de la politique du manuel scolaire au Mali a permis la création de plusieurs maisons d’éditions. Malgré cette volonté politique, il y a une pesanteur qui étouffe le développement du secteur. Il s’agit de la piraterie des livres.
Les éditeurs maliens ne vivent plus de leurs productions. Tous les livres dans toutes les disciplines sont piratés au Mali. Les marchés, les librairies et les boutiques sont inondés de manuels scolaires piratés. Du coup, les pirates demeurent les grands bénéficiaires au détriment des éditeurs.
Selon le secrétaire général de l’Omel, Sékou Fofana. De 2016 à nos jours plusieurs ONG, notamment Save the Children et Adrar-Mali ont été appréhendés et traduits en justice par l’Omel pour avoir acheté des livres avec des pirates.
Malheureusement, à chaque fois, l’affaire est classée sans suite au motif de l’immunité diplomatique. Fofana a également dénoncé la présence de plusieurs imprimeries à Kalabancoura et à l’Hippodrome qui reproduisent illégalement des livres. Les nombreuses plaintes contre ces imprimeries n’ont jamais abouti, a déploré Fofana.
Pour le secrétaire général, c’est un véritable manque à gagner pour les éditeurs. “Si ça continue comme ça, les éditeurs maliens vont finalement mettre la clé sous le paillasson, car il sera impossible pour nous de faire de nouveaux livres…”
Chaque année, la piraterie occasionne un manque à gagner de plus de 11 milliards de FCFA aux éditeurs, 2 milliards à l’Etat, plus 4 milliards aux imprimeries et plus d’un milliard au Bureau malien du droits d’auteur.
Face à la gravité de la situation, les membres de l’Omel prévoient la création d’une centrale d’achat pour mieux régulariser le secteur. L’Omel compte aussi accroître la formation des éditeurs maliens en édition et à la communication.
A travers cette conférence de presse, les éditeurs maliens voulaient lancer un cri de cœur à l’Etat, aux partenaires à se mobiliser autour de la question pour mettre fin à la piraterie afin que les écrivains puissent vivre de leur art.
La représentante de la police et la directrice générale du Bureau malien des droits d’auteur, Mme Diallo Aida Koné, ont rassuré les éditeurs que l’accompagnement de leur structure ne leur fera pas défaut dans cette lutte contre la fraude.
Y. Doumbia
Source: L’Indicateur du renouveau