Le président Ibrahim Boubacar Kéïta ne dormirait plus que d’un œil. Le chef de l’Etat, selon son proche entourage, vit une peur instinctive, craignant permanemment pour sa sécurité. Pour parer à toute éventualité, le locataire de Koulouba aurait substantiellement amélioré les moyens d’action de la Sécurité d’Etat et a renforcé le dispositif sécuritaire autour de sa personne, de son domicile et de tous ses itinéraires. Du jamais vu sous un régime malien, même au plus fort de la dictature.
Cette situation, inédite, n’est pas de nature à rassurer les Bamakois, et, au-delà les Maliens, qui se posent aujourd’hui la question légitime de savoir : De quoi IBK a-t-il peur ? Ou encore : Qu’est-ce qui peut avoir (subitement) déclenché chez le président cette crainte déraisonnable pour sa sécurité ?
Depuis quelques semaines, les Bamakois ont découvert, non sans étonnement, un renforcement drastique du dispositif sécuritaire autour du président Ibrahim Boubacar Keïta, partout où il est ou est censé pouvoir être.
En effet, outre les deux véhicules Pick-up surmontés de mitrailleuses qui font désormais partie du cortège présidentiel, un impressionnant cordon sécuritaire est désormais déployé sur la route de Koulouba, à chaque passage du locataire du palais. Ainsi, des éléments de la garde nationale, armés jusqu’aux dents, assurent le jalonnement. Ce dispositif est aussi visible à partir du jardin zoologique, jusqu’à l’intérieur du palais.
Ce renforcement du dispositif autour d’IBK ne manque pas de provoquer maints commentaires et surtout des interrogations au sein d’une opinion malienne qui, pour la première fois, constate qu’un chef d’Etat malien se préoccupe tant de sa propre sécurité. Aussi, de quoi IBK a-t-il peur? S’interrogent ses concitoyens. Pourquoi un tel déploiement de forces autour de la personne d’un homme qui a été plébiscité à plus de 77% par son peuple ? Le chef de l’Etat est-il sur le point d’adopter certains comportements dictatoriaux propres à l’Afrique d’avant l’ère démocratique ?
Que dire des services de sécurité d’Etat ? Le président de la République aurait décidé (et c’est très logique) de faire de la SE le premier rempart de la sûreté nationale (sa principale attribution), mais aussi et surtout l’élément clé de sa sécurité physique. Pour ce faire, le chef de l’Etat aurait déployé et mis à la disposition de la SE tous les moyens possibles pour l’accomplissement de ces deux missions. « C’est de bonne guerre », pourrait-on naturellement dire ; mais pourquoi en ce moment précis où le chef suprême des armées pensent que sa sécurité est sérieusement menacée ? Aujourd’hui, tout prouve que le Mali a viré vers le statut d’Etat policier.
Ce n’est pas tout. Depuis un certain temps, l’on évoque, à Bamako, la présence au domicile présidentiel d’éléments de sécurité étrangers. Si leur présence relève du secret de polichinelle, aucune information ne filtre, cependant, ni sur leur nombre, ni sur leurs vraies missions à Sébénicoro. Mais, contrairement aux gardes étrangers blancs d’Alpha Condé de la Guinée, ceux de son ami IBK, se font très discrets à Sébénicoro.
Par ailleurs, toujours soucieux de renforcer sa sécurité, le chef de l’Etat, via ses services, a négocié auprès du Maroc, la formation de 500 éléments de la garde présidentielle.
Ainsi, une première vague de 250 éléments suit actuellement une intense formation. Ils sont attendus à Bamako à la fin de ce mois de novembre. Ils seront suivis par la seconde vague. Au finish, tous, seront déployés dans une unité spéciale de la garde nationale.
Ce corps, depuis le coup d’Etat de mars 2012, assure la mission qui était dévolue aux bataillons para : la sécurité présidentielle.
Que dire de la formation des éléments de la garde rapprochée ? Cette formation avait été faite par une société privée de sécurité française, Gallice Security. Il y a quelques mois de cela, celle-ci avait fait l’objet d’enquêtes dans le cadre de l’affaire Michel Tomi, le parrain des parrains corse, soupçonné d’avoir financé la formation des éléments de la garde rapprochée d’IBK. En son temps, Tomi avait effectivement admis simplement avoirrecommandé la société française de sécurité Gallice, chargée de former la garde personnelle d’IBK à Frédéric Gallois, cofondateur de Gallice. Et celui-ci confirme que Michel Tomi est intervenu en leur faveur, mais précise que « le vrai coup de main est venu d’Ali Bongo », que sa société protège également. C’est pourquoi, l’ancien chef du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale française (GIGN), a été mis en examen à Paris fin juin 2014. « Frédéric Gallois est poursuivi pour un contrat de sécurité entre Gallice Security et l’État malien », avait écrit Jeune Afrique (le 26/06/2014), citant une source judiciaire.
C’est dire que le président Keïta semble habité actuellement par une véritable phobie sécuritaire. Pourquoi ? C’est là toute la question.
Klezié