Pour cela, le regard des entreprises doit être recentré sur la personne et non sur sa déficience

Handicap international et ses partenaires d’exécution, notamment l’Association malienne des gestionnaires des ressources humaines (AMAGRH), l’Emploi de l’intégration des handicapés pour le développement (EIHD) et the Social impact firm ont développé un projet financé par le Programme québécois de développement international (PQDI) à hauteur de 45% et l’Organisme de coopération international (OCI : Handicap international) à hauteur de 55%. Le budget total du projet s’élève à 159,2 millions de Fcfa.

Objectif : améliorer les conditions de vie des jeunes diplômés handicapés par l’accès à un travail salarié décent. L’intégration des jeunes diplômés handicapés au sein des entreprises sur la base de l’égalité avec les autres a ainsi fait l’objet d’une conférence organisée ce week-end à l’hôtel Radisson Blu sur le thème : « Responsabilité sociale des entreprises et des personnes handicapées : le cas de notre pays : Etat des lieux vers une charte RSE au Mali ».

La rencontre a regroupé la représentante du ministre de la Solidarité, l’Action humanitaire et la Reconstruction du Nord, Mme Coulibaly Fatoumata Dicko, le président de l’AMAGRH, Nouhoum Diakité, le directeur de Handicap international, Benoît Couturier, le président de la FEMAPH, Moctar Ba, et le représentant de la mairie de la commune CIV, Samuel Diarra.

Le conférencier, Moussa Ben Deka Diabaté, a défini la responsabilité sociétale des entreprises comme un concept large qui implique toutes les parties prenantes de l’entreprise ou de l’organisation, intègre tous les niveaux de la chaine de valeur de l’entreprise. Il a cité aussi certains outils de la RSE : les législations, conventions, labels, codes de conduite, référentiels, normes, chartes. Ces outils, explique-t-il, englobent toutes les initiatives et structurent les différents types d’actions entreprises dans le but de contribuer, plus ou moins, au développement de la société et de la planète.

Moussa Ben Deka Diabaté a souligné les avantages et les inconvénients du recrutement des personnes handicapées. Parmi les avantages, il a cité le faible taux d’accidents de travail des personnes handicapées, leur représentation : une source de compétences et de talents non exploitées. Leur engagement contribue à la diversité générale, a-t-il estimé. Parmi les  inconvénients, il a retenu l’aménagement et l’adaptation des espaces pour leur mouvement, leur mobilité réduite suivant la nature du handicap.

Le président de la FEMAPH, Moctar Ba, s’est dit très satisfait du créneau ainsi ouvert aux personnes handicapées en terme d’emploi. Son homologue de l’AMAGRH assure ses partenaires de l’engagement de son association à œuvrer pour ce projet. Nouhoum Diakité a sollicité le soutien de tous les partenaires pour que l’association puisse atteindre les objectifs assignés.

Le directeur de Handicap international a noté que les initiatives d’accès à l’emploi des personnes handicapées sont le plus souvent focalisées sur l’auto-emploi et le développement des micro-entreprises. Dans les pays pauvres où le taux de chômage est élevé, les sources de revenu proviennent du secteur informel. Selon Benoît Couturier, dans notre pays, on rencontre des personnes handicapées diplômées qui n’ont pas nécessairement l’envie de devenir auto-entrepreneurs. De même que l’on voit des personnes handicapées sans diplômes, peu scolarisées, qui peuvent avoir envie de devenir salariées plutôt que de se lancer dans l’auto-emploi.

Le  ciblage de l’emploi salarié pour les personnes handicapées consiste à recentrer le regard des entreprises sur la personne et non sur sa déficience, a souligné le directeur de Handicap international. Benoît Couturier soutient, à ce propos, que les personnes handicapées ont des capacités et la motivation pour travailler afin d’être des agents économiques. Leur accès à l’emploi salarié nécessite la mobilisation des chefs d’entreprise, des DRH, afin de les inscrire dans un parcours personnalisé. Il préconise de concilier les objectif sociaux et les intérêts économiques nécessaires à la mise en place d’une intermédiation entre les besoins des personnes handicapées et les objectifs des entreprises.

Mme Coulibaly Fatoumata Dicko a remercié les partenaires, particulièrement Handicap international pour son accompagnement dans la prise en charge des personnes handicapées.

A. TOURE

Source : L’ Essor